Ramallah, le 20 juillet 2023, WAFA-
Par Haneen Assi
Insécurisée et insupportable, est notre vie en Palestine occupée et comme vous le savez, ce sont les mesures draconiennes imposées par le régime d’occupation israélien contre les civils à travers la Palestine historique, incluant les arrestations, les meurtres, les agressions, les démolitions sans oublier les barrages militaires (points de contrôle).
Sur le chemin vers leur travail, du village de Beit Liquia au sud-ouest de la Cisjordanie vers la ville de Ramallah, les habitants doivent traverser le barrage militaire israélien installé sur l’entrée du village voisin de Beit Ur où il y a au moins deux soldats israéliens pointant d'une manière inquiétante leurs armes vers les véhicules palestiniens.
Des moments terribles, a dit un employé palestinien, "je dois rester silencieux et sans aucun mouvement pour ne pas être la cible des tireurs israéliens qui attendent tout mouvement afin de tuer le citoyen Palestinien. Des secondes de peur, j’ai mis ma main sur mon cœur alors que je m’approche du barrage militaire susmentionné".
Sensation de phobie, d’oppression et d’humiliation, les sentiments que ressentent les Palestiniens sur plus de 176 barrages militaires israéliens installés à travers la Palestine occupée qui est devenu une prison à ciel ouvert en raison de ces barrages et ses retombées étouffantes.
Toutes ces exactions ont été exercées sous le silence honteux de la communauté internationale, qui ne peut que prendre des décisions sans pouvoir les mettre en œuvre dans le cas de la Palestine, et se contente d'émettre des condamnations officielles inutiles.
En réponse à nos questions sur les barrages militaires, des Palestiniens ont dit : « Pour Israël et la communauté internationale, notre sang est profané et pas cher, c’est pourquoi, on attend à chaque instant la mort, l’arrestation, la fouille l'humiliation et l’agression brutale sur ces barrages ».
Parmi les témoignages, une fille de 27 ans, a dit : “En route vers Israël pour le traitement de ma fille de 8 ans, on doit passer un barrage miliaire sur le village cisjordanien de Beit Sira, on voit tous les types d’oppression et d’humiliation et une fois, que les soldats d’occupation ont jeté mes biens personnels sur le sol devant des dizaines de travailleurs palestiniens qui attendent de passer aussi pour leur travail, je suis étouffée quand je ne suis pas autorisée à entrer dans la ville de Jérusalem pour visiter et prier dans la mosquée d’Al-Aqsa.
Dans un autre récit, l'un des étudiants de l'université a déclaré : "Nous étions parfois surpris par la fermeture du poste de contrôle de Beit Ur, qui nous obligeait à prendre d'autres routes qui étaient très longues et prenaient plus de temps, ce qui nous retardait pour nos cours, et de même la scène se répète lorsque nous rentrons chez nous".
Les barrages militaires érigés par l'armée d'occupation israélienne soumettent les citoyens palestiniens à des opérations d'inspection et d'arrestation, pour procéder à des exécutions de sang-froid sur le terrain, entraver la circulation, insulter et diverses pratiques humiliantes, et en plus, les colons protégés par les soldats de l'occupation, attaquent les Palestiniens et leurs biens.
Les postes de contrôle militaires israéliens sont répartis dans les environs et au cœur de tous les gouvernorats palestiniens, en plus de ceux érigés en divers endroits le long du mur d'apartheid.
Depuis le déclenchement de la deuxième Intifada palestinienne en septembre 2000, les autorités d'occupation israéliennes ont établi des centaines de barrières fixes et mobiles qui isolent les communautés palestiniennes les unes des autres, empêchent leurs communications et entravent la circulation des citoyens entre elles.
Les barrages militaires israéliens étaient, et sont toujours, un obstacle et une cause majeure de la détérioration des conditions économiques, sociales, sanitaires et humanitaires des Palestiniens, et l'un des moyens pour lesquels les autorités d'occupation israéliennes pratiquent leur racisme contre les Palestiniens et leur rébellion contre toutes les conventions et normes internationales, ce qui les encourage jusqu'à présent en toute impunité.
En ce qui concerne la ville occupée de Jérusalem, depuis son occupation en juin 1967, Israël s'est empressé d'isoler la ville de son environnement palestinien, dans le but d'étendre son contrôle et de la judaïser, et une violation de leur liberté de circulation et d'accès à leurs lieux de travail et de culte.
Selon un rapport publié par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires en 2020, les autorités d'occupation ont érigé 593 points de contrôle, dont 23 sont destinés au passage vers "Israël", et seulement neuf pour les villes et villages palestiniens dans les territoires 48, et d’autres sont érigés sur les terres de Cisjordanie, les coupant et séparant leurs villages des villes et le nord du sud.
À travers un petit tour d'horizon des médias locaux, pas un jour ne se passe pendant des décennies sans que l'on apprenne la fermeture des postes de contrôle érigés sur les terres palestiniennes, accompagnée d'une vérification de l'identité de ceux qui sont contraints de les traverser et de les retarder ou de les obliger de retourner d'où ils viennent, si l'affaire n'atteint pas le point d'abus et d'agression contre eux.
En cherchant les raisons des propos de leurs responsables dans les médias hébreux, on les retrouve parfois en train d'affirmer que la fermeture des barrages militaires était une mesure qu'ils considèrent comme « routinière » pour préserver la « sécurité » des Juifs pendant leur jours fériés, et à d'autres moments ils prétendent que cela relève des restrictions militaires suite à des opérations de résistance", alors que c'est négligé dans la majorité, mentionnant la justification ou mentionnant l'événement même comme s'il ne s'était pas produit.
Walid Habbas, chercheur au Centre palestinien d'études israéliennes, souligne que depuis le début de l'occupation militaire israélienne de la Cisjordanie en 1967, les points de contrôle se sont répandus dans de nombreuses zones palestiniennes, mais il s'agissait de barrières mobiles, ou en langage populaire : "points de contrôle volants".
Quant au concept de barrière fixe, qui se transforme en « point de passage » entre deux mondes, il est apparu pour la première fois en 1993. Après 1991, Israël a classé les Palestiniens comme une « communauté dangereuse » ou « indésirable à se mêler », et a mis fin à la politique de passage "flexible", qu'elle a suivie avec ceux qui se déplaçaient entre la Cisjordanie et les terres de 1948, qui a duré entre 1967 et 1991, et a imposé un bouclage complet de la Cisjordanie (à partir de 1991), mais elle a commencé à le mettre en œuvre concrètement en 1993.
Selon Habbas, l'infrastructure et la bureaucratie de l'occupation israélienne se sont développées après le déclenchement de l'Intifada d'Al-Aqsa, pour se baser principalement sur deux systèmes complexes visant à renforcer le contrôle sur les Palestiniens : les permis de passage et les points de contrôle.
Le chercheur classe les barrières d'occupation selon la nature des zones qui les séparent, pour devenir comme suit : barrières frontalières séparant la Cisjordanie et la Jordanie, barrières d'entrée vers Israël, autres points d'entrée vers Jérusalem, barrières internes entre villes et villages palestiniens, et Barrières d'Hébron.
Les barrages militaires, selon Habbas, ont évolué d'outils improvisés pour la mise en œuvre du système de fermeture, à une infrastructure intégrée dans laquelle les outils de surveillance et de contrôle (caméras et diagnostics biométriques) se croisent avec la bureaucratie de la domination coloniale moderne (un permis système, applications téléphoniques telles que l'application du coordinateur, les ordres militaires et un système juridique colonial, des règlements d'urgence mis à jour).
Il ajoute : « Israël a développé l'infrastructure du régime de séparation qu'il impose aux résidents de Cisjordanie, au point de devenir le premier pays au monde à maîtriser le contrôle de la population à travers un réseau de barrières immense et varié.
Il indique que le rôle des barrages militaires est vu à plusieurs niveaux, dont le plus important est la gestion des Palestiniens car ils sont soumis à la domination du système colonial israélien, qui les gouverne en tant que ressortissants non-citoyens ou en tant que citoyens non affiliés au gouvernement israélien, et les gérer nécessite de nombreux outils de contrôle et d'assujettissement.
Quant à la mentalité du colonisateur israélien, le barrage militaire n'apparaît pas comme un point de séparation, mais plutôt comme un système de contrôle colonial, qui joue un rôle fondamental non seulement pour isoler le Palestinien ou arrêter son mouvement, mais plutôt pour l'assujettir et contrôler son niveau de vie économique.
En 2021, l'Institut de recherche appliquée, ARIJ a montré que les Palestiniens perdent environ 60 millions d'heures de travail par an à cause des points de contrôle de l'occupation, avec des pertes estimées à environ 270 millions de dollars par an, en plus d'une consommation de carburant supplémentaire d'environ 80 millions de litres par an, pour un coût estimé à 135 millions de dollars, ce qui entraîne une augmentation des émissions de dioxyde de carbone d'environ 196 000 tonnes par an.
L'étude d'ARIJ comprenait la surveillance et la documentation du mouvement et du passage des citoyens palestiniens à 15 principaux points de contrôle militaires israéliens entre les villes de Cisjordanie, en plus de 11 points de contrôle (points de passage) qui contrôlent le passage et le mouvement des Palestiniens vers Jérusalem-Est et les terres de 1948.
Concernant la bande de Gaza assiégée, il y a deux barrages militaires célèbres: le premier est celui-ci de Beit Hanoun qui est situé à l'extrême nord de la bande de Gaza, dans la ville de Beit Hanoun, et il est considéré comme le seul corridor terrestre qui permet la circulation des piétons, et il relie la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem et les territoires occupés de 1948.
Ce barrage est entièrement sous le contrôle de l'occupation et l'Autorité générale des affaires civiles est chargée de coordonner la délivrance des permis nécessaires pour la franchir.
L'occupation israélienne contrôle l'entrée et la sortie des personnes qui y transitent. Certains groupes sont autorisés à le traverser, dont des patients, des commerçants, des travailleurs, certains employés d'organisations internationales et des cas humanitaires exceptionnels. La majorité des gazouis ne sont pas éligibles pour obtenir des permis de sortie; Comme les individus sont soumis à un contrôle de sécurité par l'appareil de sécurité interne de l'occupation, et en cas de refus de l'occupation, le demandeur n'obtient pas d'informations sur la raison du refus. Le barrage de Beit Hanoun est conçu pour accueillir 20 000 cas de passage ; Mais en réalité, le nombre de passants est bien moindre.
Difficultés à obtenir des permis, ou leur refus de les accorder dans la plupart des cas, interdictions de voyager, longues attentes au poste de contrôle de passage, perquisitions, retours sans motifs justifiés et mauvais traitements, extorsion et rencontrer les services de renseignement, arrestation. Quelques souffrances des gazouis sur ce barrage, ce qui affecte la sécurité, la sûreté et l'avenir de ceux qui traversent le point de contrôle, car cela met leur vie en danger. Dans le cas où le voyageur est malade, il peut être contraint de voyager sans accompagnateur en raison de la difficulté à délivrer des permis ou de la peur d'être arrêté lors du passage au poste de contrôle.
L'autre barrage est Karm Abu Salem, qui est désignée pour la circulation des marchandises uniquement, pas des individus, et sa superficie totale est d'environ 9 dunums. Ce point de passage est la bouée de sauvetage pour les habitants de la bande de Gaza. Selon le Bureau central palestinien des statistiques, plus de 80 % de toutes les marchandises importées d'agents ou d'entreprises israéliens entrent par le point de contrôle de Karm Salem. Certains agriculteurs, propriétaires d'usines et commerçants en dépendent également pour commercialiser leurs produits.
Après le renforcement du bouclage israélien sur la bande de Gaza depuis 2007, la puissance occupante a interdit l'entrée de nombreux biens civils, y compris des matériaux de construction, jusqu'à ce qu'elle publie un plan pour « faciliter l'entrée de biens civils dans la bande de Gaza », et l'expansion des travaux ont été mis en œuvre à la barrière pour accueillir 1 000 camions par jour. Bien que l'État occupant autorise l'entrée de la plupart des marchandises, il existe une restriction équivalant à une interdiction d'entrée de matériaux pouvant être utilisés à des fins militaires, selon la vision de l'État occupant.
Via les barrages militaires, les autorités d'occupation israéliennes continuent de violer la liberté de mouvement des citoyens palestiniens dans les territoires occupés, sur lesquels, les militaires israéliens oppriment et contrôlent le déplacement des Palestiniens en les empêchant d'atteindre de nombreuses parties de la Palestine, selon ses humeurs, considérations et ses intérêts.
Les contrôles et inspections continus effectués par les soldats d'occupation sur les barrages militaires conduisent à la provocation des citoyens palestiniens en raison du traitement humiliant et la longue queue, des pratiques qui ne s'appliquent pas aux colons en Cisjordanie occupée.
Le but de ces barrages, pour Israël, n'est pas seulement de harceler et de rendre la vie du citoyen palestinien impossible, mais aussi de démembrer les territoires palestiniens et d'en faire des cantons et de renforcer le concept d'apartheid.
H.A