Accueil international 08/December/2023 06:48 PM

Le Conseil de sécurité ouvre une session d'urgence sur la situation dans la bande de Gaza

Le Conseil de sécurité ouvre une session d'urgence sur la situation dans la bande de Gaza

New York, le 8 décembre 2023, WAFA- Le Conseil de sécurité de l'ONU a ouvert, ce vendredi soir, une session d'urgence sur la situation dans la bande de Gaza, au siège des Nations Unies à New York, sous le point intitulé « La situation au Moyen-Orient y compris la question palestinienne ».

L'Équateur, qui assure la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, a annoncé la tenue de cette session après la lettre envoyée mercredi dernier au Conseil par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, sur la base de l'article 99 de la Charte des Nations Unies, ce qui lui permet d'attirer l'attention du Conseil sur ce dossier, qui pourrait mettre en péril le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Les Émirats arabes unis ont préparé un projet de résolution qui sera soumis au vote du Conseil de sécurité, appelant dans sa dernière version à un « cessez-le-feu immédiat pour des raisons humanitaires » à Gaza, mettant en garde contre la « situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza ».

Le projet de résolution appelle également à « protéger les civils » et à « garantir l'accès humanitaire ».

C’est la première fois que Guterres active l’article 99 de la Charte, depuis qu’il est secrétaire général des Nations Unies en 2017.

António Guterres exhorte le Conseil de sécurité à ne ménager aucun effort pour obtenir un cessez-le-feu immédiat

Dans son discours au début de la session, Guterres a souligné la nécessité pour la communauté internationale de faire tout son possible pour mettre fin au sort des citoyens palestiniens dans la bande de Gaza, et a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à ne ménager aucun effort pour faire pression en faveur d'une  solution immédiate par un cessez-le-feu pour des raisons humanitaires, la protection des civils et l'acheminement urgent de secours vitaux.

Guterres a affirmé que le risque élevé d’un effondrement complet du système de soutien humanitaire dans la bande de Gaza, ce qui l’a poussé à alerter le Conseil de sécurité de l’ONU dans une lettre officielle dans laquelle il s’appuie sur l’article 99 de la Charte de l’organisation.

Guterres a déclaré : « J'ai écrit l'article 99 parce que nous avons atteint un point de rupture. Il existe un risque élevé que le système de soutien humanitaire s'effondre, provoquant des résultats catastrophiques, qui pourraient conduire à un effondrement complet de l'ordre public et à une pression accrue en faveur d'un exode de masse vers l’Égypte. Je crains que les résultats ne soient dévastateurs pour la sécurité « de la région tout entière ».

Il a ajouté que le risque d'effondrement du système humanitaire est étroitement lié à l'absence de sécurité et de sûreté des employés des Nations Unies dans la bande de Gaza, ainsi qu'à l'intensité des opérations militaires israéliennes, qui limitent considérablement l'accès à ces personnes qui ont cruellement besoin d'aide.

Il a souligné que la menace contre la sécurité et la sûreté des employés des Nations Unies à Gaza est sans précédent, puisque plus de 130 employés ont été tués, dont beaucoup avec leurs familles, ce qui représente le plus grand pourcentage de pertes en vies humaines dans l'histoire de la communauté internationale. Il a ajouté que certains employés emmènent leurs enfants avec eux au travail afin de savoir qu'ils vivront ou mourront ensemble.

Guterres a évoqué que le secrétaire général adjoint du Département de sécurité et de sûreté des Nations Unies a indiqué qu'il n'existe aucun moyen de réduire les risques pour les employés à Gaza en raison de la manière dont le conflit se développe, soulignant que l'organisation est pleinement engagée à rester et à aider les citoyens de la bande de Gaza.

Le Secrétaire général des Nations Unies a salué le personnel humanitaire qui s'est engagé dans son travail malgré tous les risques énormes pour sa santé et sa vie, notant dans le même contexte que la situation était tout simplement intenable.

Antonio Guterres a ajouté que le Conseil de sécurité a appelé dans la résolution 2712 à une augmentation de la fourniture d'aide pour répondre aux besoins humanitaires de la population civile, en particulier des enfants, mais les conditions actuelles sur le terrain rendent impossible l'exécution de ce mandat, car les conditions pour fournir efficacement une aide humanitaire n'existent plus.

Il a dit que le terminal de Rafah n'était pas conçu pour permettre l'entrée de centaines de camions et que la situation actuelle a provoqué des embouteillages étouffants, mais même si des approvisionnements suffisants étaient autorisés à entrer dans la bande de Gaza, les bombardements intenses, les restrictions de mouvement imposées par Israël, les pénuries de carburant et les coupures de communication, empêchent les agences des Nations Unies et leurs partenaires d'atteindre la plupart des zones.

Il a ajouté : "Entre le 3 et le 5 décembre, les Nations Unies n'ont pu distribuer de l'aide que dans le gouvernorat de Rafah, alors que l'accès aux autres zones était impossible. Les gens ressentent le désespoir, la peur et la colère, et dans certains cas, ils expriment leur colère contre les employés des Nations Unies, chaque jour." Cela se produit au milieu d'un cauchemar humanitaire qui s'aggrave, commençant par une absence de véritable protection pour les civils. Plus de 17 000 Palestiniens ont été tués depuis le début des opérations militaires israéliennes, dont plus de 4 000 femmes et 7 000 enfants, et des dizaines de milliers de personnes ont été blessées et beaucoup sont portées disparues qui sont très probablement sous les décombres, et les chiffres augmentent de jour en jour.

Guterres a souligné que les intenses attaques aériennes, terrestres et maritimes israéliennes se poursuivent et se généralisent, et que jusqu'à présent, il a été signalé que ces attaques ont touché 339 établissements d'enseignement, 26 hôpitaux, 56 établissements de soins de santé, 88 mosquées et 3 églises, et plus de 60 % des installations ont été détruites ou endommagées, dont 300 000 maisons et appartements, et environ 85 % de la population a été contrainte de quitter son domicile.

Il a déclaré : « On demande aux habitants de Gaza de se déplacer vers le sud sans le minimum nécessaire à la vie, et aucun endroit à Gaza n'est sûr, car au moins 88 abris de l'UNRWA ont été touchés, tandis que plus de 270 personnes ont été tuées et plus encore et plus de 900 personnes ont été blessées. Les abris sont surpeuplés et insalubres, les gens pansent les plaies qui saignent et des centaines de personnes font la queue pour utiliser une seule toilette. »

Et de poursuivre : « Les familles ont tout perdu, dorment par terre et portent les vêtements qu'elles n'ont pas changés pendant deux mois. Des dizaines de milliers de Palestiniens sont arrivés à Rafah ces derniers jours, ce qui a entraîné une surpopulation dans les abris. De nombreuses familles déplacées, notamment des enfants, des personnes âgées, des femmes enceintes et des personnes handicapées, dorment dans les rues et sur les places publiques. .»

Guterres a évoqué les avertissements émis par le Programme Alimentaire Mondial, indiquant qu'il existe un réel danger de famine dans la bande de Gaza, car 97% des familles du nord de Gaza ne mangent pas suffisamment, et dans le sud, le pourcentage parmi les rangs des déplacés, a atteint 83%.

Et d’ajouté : « La moitié de la population du nord et un tiers des déplacés du sud souffrent d'une véritable famine, et les stocks alimentaires du Programme alimentaire mondial commencent à s'épuiser dans le nord. 9 personnes sur 10 ont passé au moins une journée sans nourriture, et le dernier moulin à farine de la bande de Gaza a été détruit le 15 novembre dernier. »

Émirats arabes unis : un cessez-le-feu immédiat est le seul moyen de mettre fin aux souffrances

Le représentant permanent adjoint des Émirats arabes unis auprès des Nations Unies, Mohammed Issa Abu Shehab, a déclaré que pour de nombreux Gazaouis qui n'ont jamais quitté la bande de Gaza, « leur monde entier est systématiquement détruit sous leurs yeux ».

Abu Shehab a déclaré que le Conseil de sécurité doit agir face à la crise lorsque peu d'aide arrive et que les travailleurs humanitaires sont incapables de la livrer de peur d'être tués.

Il a ajouté : « Malgré la récente trêve temporaire, la violence et le danger pour les civils n'ont pas diminué. Au contraire, ce conflit est désormais entré dans une nouvelle phase plus dangereuse.

« Il n’existe pratiquement aucun refuge pour les millions de personnes qui sont piégées et attaquées », a déclaré Abu Shehab.

Il a souligné que le recours à l'article 99 de la Charte des Nations Unies devait constituer un tournant dans ce domaine et qu'il fallait réfléchir au terrible sort de Gaza.

Abu Shehab a appelé à un cessez-le-feu immédiat, car c'est le seul moyen de mettre fin à ces souffrances, soulignant la nécessité de respecter le droit international humanitaire.

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a mis en garde dans une lettre sans précédent adressée au Conseil de  l'effondrement complet et imminent de l'ordre public dans la bande de Gaza, soumise à l'agression israélienne depuis le 7 octobre dernier, soulignant  la nécessité de déclarer un cessez-le-feu humanitaire.

Le Secrétaire général a déclaré : « Avec la poursuite des bombardements israéliens, et sans abris ni taux de survie minimum, je m'attends à un effondrement complet et imminent de l'ordre public en raison de circonstances désespérées, qui rendent impossible la fourniture d'une aide humanitaire, même si elle est limité."

Il a ajouté : "La situation pourrait s'aggraver avec la propagation des épidémies et la pression accrue en faveur de mouvements massifs vers les pays voisins".

Il a noté que même si l’aide humanitaire transitant par le terminal de Rafah « est insuffisante, nous sommes tout simplement incapables d’atteindre ceux qui ont besoin d’aide à l’intérieur de Gaza ».

« Les capacités des Nations Unies et de leurs partenaires humanitaires ont été minées par les pénuries d’approvisionnement, les pénuries de carburant, les coupures de communication et l’insécurité croissante », a déclaré António Guterres.

Guterres a prévenu : "Nous sommes confrontés à un grand danger d'effondrement du système humanitaire. La situation se détériore rapidement vers une catastrophe qui pourrait avoir des conséquences irréversibles pour les Palestiniens et pour la paix et la sécurité dans la région".

F.N

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