Accueil Les Prisonniers 03/February/2025 02:06 PM

Un flot ininterrompu de témoignages sur la torture infligé aux captifs de Gaza en Israël

Un flot ininterrompu de témoignages sur la torture infligé aux captifs de Gaza en Israël

Ramallah, le 3 février 2025, WAFA- La Commission des Affaires des prisonniers et ex-prisonniers, ainsi que le Club des prisonniers palestiniens, ont publié ce lundi un rapport révélant des témoignages poignants et incessants sur le niveau alarmant des crimes de torture perpétrés contre les détenus de Gaza dans les camps et prisons de l’occupation israélienne.

Ce rapport s’appuie sur une série de visites récentes effectuées auprès de 11 prisonniers de Gaza détenus dans les camps de Sde Teiman, Naftali et Anatot, ainsi que dans la prison du Naqab.

Les détenus ont une nouvelle fois relaté les sévices qu’ils ont subis, allant de la torture systématique aux humiliations et aux mauvais traitements, depuis leur arrestation à Gaza jusqu’aux interrogatoires brutaux qu’ils endurent.

Par ailleurs, les équipes juridiques ont transmis des détails alarmants sur les conditions de ces visites, révélant l’ampleur de l’humiliation infligée aux prisonniers, notamment le maintien de leurs membres entravés en permanence et la transformation de leurs besoins fondamentaux en instruments de torture et de maltraitance. De plus, ils sont soumis à une méthode d’interrogatoire particulièrement cruelle connue sous le nom d’« interrogatoire disco ».

L'interrogatoire « disco »: une forme de torture systématique contre les prisonniers de Gaza :

Selon le témoignage de l’avocate qui a visité l’un des détenus, (Y.F.) a été amené à la visite de manière dégradante, avec un soldat le tirant par la veste qui semblait bien trop grande pour lui. L’avocat n’a pu voir son visage qu’après que le bandeau sur ses yeux ait été retiré, moment où le prisonnier a semblé choqué par la lumière.

Le détenu a raconté qu’il avait été soumis à un interrogatoire de type « disco » dans le camp de Sde Teiman, où la musique forte était jouée en continu pendant deux jours. Après trente jours de torture, une session de jugement de cinq minutes a eu lieu, durant laquelle il n’a pas été en mesure de comprendre les détails de la procédure ni les raisons de son arrestation.

Le détenu (Y.F.) a également confirmé que les conditions dans le camp de Anatot étaient particulièrement cruelles. Les prisonniers y sont maintenus les yeux bandés et les mains liées en permanence, et toute communication entre eux est interdite.

L'utilisation des besoins physiologiques comme outil de maltraitance :

Le détenu (M.Y.) n’a appris l’endroit où il était détenu que lorsque l’avocate lui en a informé, en raison de son maintien constant les yeux bandés et les mains liées.

Il a rapporté que le camp de Anatot est d’une froideur extrême, que la communication entre les prisonniers est interdite, et que ceux-ci sont contraints de rester dans deux positions uniquement : soit sur les genoux, soit assis sur leurs fesses, pendant des heures.

Un des outils les plus cruels utilisés pour l’humiliation est l’interdiction de répondre aux besoins naturels. Lorsqu’un détenu demande à aller aux toilettes, il est puni en étant forcé de rester sur ses genoux pendant une longue période sans matelas, ses pantalons étant remontés jusqu'aux genoux, de manière à ce que ses jambes touchent le sol, tandis que ses bras sont attachés derrière sa tête.

En ce qui concerne la nourriture, elle est extrêmement insuffisante, limitée à quelques bouchées. Les prisonniers n’ont le droit de se doucher qu'une fois par semaine, et leurs vêtements ne sont changés qu’une fois par mois. De plus, ils sont privés du droit de prier ou de faire leurs ablutions. Ceux qui sont trouvés en train de prier, même en position assise, sont punis.

Chaque 55 prisonniers partagent trois morceaux de serviettes seulement :

Lors d’une visite à l’un des détenus dans le camp de Sde Teiman, le détenu (M.M.) a rapporté qu’il avait été violemment battu lors de son arrestation, ce qui lui a causé des fractures aux côtes.

Trois mois après son arrestation, il souffre toujours de douleurs thoraciques, sans avoir été présenté à aucun tribunal jusqu’à présent.

Il a expliqué que chaque groupe de 55 prisonniers ne partage que trois morceaux de serviettes, précisant que certains détenus récemment arrivés dans le camp ont été également battus.

Prison du Naqab : Faim, humiliation et propagation de maladies :

Dans la prison du Naqab, les témoignages des prisonniers ont mis en lumière des crimes de faim et des actes d’humiliation incessants, en plus de la propagation de la maladie de Scabies (gale).

Un des détenus a indiqué qu’ils étaient constamment affamés en raison de la manipulation des horaires des repas par l'administration de la prison, qui sont déjà très insuffisants. Certains prisonniers ont également précisé qu’ils n’avaient pas eu de coupe-ongles depuis deux mois, ni d’accessoires pour se raser.

Faits choquants concernant la question des détenus de Gaza :

Les deux groupes des prisonniers ont rappelé les faits les plus marquants concernant la situation des détenus de Gaza :

À ce jour, il n'existe aucune estimation précise du nombre de détenus de Gaza dans les prisons et camps de l’occupation, mais l’unique donnée disponible est celle fournie par l’administration des prisons israéliennes en janvier dernier, qui a classé 1886 prisonniers comme « combattants illégaux », dont trois femmes détenues à la prison de Damon, ainsi que des dizaines d’enfants dans les prisons de Megiddo et dans le camp d’Ofer.

Les organisations de défense des droits humains ne sont toujours pas en mesure de déterminer le nombre exact de cas d'arrestations de Gaza, en raison de la politique de disparition forcée imposée par l’occupation depuis le début de la guerre, estimant leur nombre à plusieurs milliers.

Israël a mis en place des camps spéciaux pour détenir les prisonniers de Gaza, en plus des prisons centrales, tels que le camp de Sde Teiman, le camp de Anatot, un camp à l'intérieur de la prison d’Ofer, ainsi que le camp de Naftali, avec probablement d'autres camps non divulgués.

Les témoignages des prisonniers ont constitué un tournant majeur en dévoilant la brutalité de l’occupation, documentant des crimes de torture, d’humiliation, de privation de nourriture, des agressions médicales systématiques, des violations sexuelles, et l’utilisation des prisonniers comme boucliers humains.

Le camp de Sde Teiman s’est particulièrement distingué par ses pratiques de torture systématique, y compris des agressions sexuelles, selon les témoignages des prisonniers libérés.

Ces crimes ont conduit à la mort de dizaines de détenus, en plus des exécutions sommaires sur le terrain. Les organisations compétentes ont rapporté le martyre de 37 prisonniers de Gaza parmi les 58 martyrs depuis le début de la guerre, tandis que l’occupation continue de dissimuler les noms des autres martyrs.

Les autorités d’occupation interdisent toujours la Croix-Rouge internationale de rendre visite les détenus, tout en empêchant toute autre forme de visite pour tous les prisonniers.

L’occupation a mené des campagnes d’arrestation massives dans le nord de Gaza, visant des dizaines de membres du personnel médical, dont le sort reste inconnu, avec des soupçons qu’ils soient victimes de disparition forcée.

Appel à la fin de l’impunité accordée à l’État occupant :

Les deux groupes des prisonniers ont souligné l’importance de mettre fin à l’immunité exceptionnelle accordée à l’État d’occupation israélien par les anciennes puissances coloniales, qui l’ont placé au-dessus de toute responsabilité et de toute imputation.

H.A

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