Accueil Occupation 06/June/2025 02:22 PM

Changement de géographie par la force : Israël redessine Tulkarem à coups de bulldozers

Changement de géographie par la force : Israël redessine Tulkarem à coups de bulldozers

Tulkarem, le 6 juin 2025, WAFA– Alors que les Palestiniens marquent aujourd’hui le premier jour de l’Aïd al-Adha, l’armée d’occupation israélienne poursuit pour le 131e jour consécutif son offensive contre la ville de Tulkarem et son camp de réfugiés, ainsi que pour le 118e jour contre le camp de Nour Shams. Cette journée a été marquée par une nouvelle escalade, notamment la démolition massive de dizaines de bâtiments résidentiels.

Selon notre correspondante, les bulldozers de l’armée israélienne ont entamé à l’aube une vaste opération de démolition dans le camp de Tulkarem, visant des dizaines de bâtiments dans le cadre d’un plan de destruction de 106 édifices dans les deux camps, dont 58 dans le seul camp de Tulkarem. Ces bâtiments abritaient plus de 250 unités d’habitation et de nombreuses installations commerciales, principalement dans les quartiers de Balawneh et Okkasha, alors que des unités d’infanterie israéliennes se déployaient massivement dans et autour du camp.

Il y a dix jours, les autorités israéliennes avaient notifié les habitants d’une décision de démolition immédiate, leur accordant seulement trois heures pour entrer dans leurs maisons et récupérer leurs effets personnels, sous une série de mesures répressives incluant poursuites, brutalités, détentions et tirs à balles réelles – y compris contre ceux qui avaient pourtant obtenu un permis préalable d’accès.

Parallèlement, de fortes explosions ont été entendues dans le camp de Nour Shams, à l’est de la ville, accompagnées de colonnes de fumée s’élevant au-dessus du site. L’ampleur et les détails de l’opération en cours restent inconnus, en raison du blocus total imposé par les forces israéliennes, qui y tirent également des rafales de balles en continu.

Ces opérations s’inscrivent dans la continuité des démolitions intensives ayant visé le camp de Nour Shams ces derniers jours, avec plus de 20 bâtiments détruits, sur un total annoncé de 48 à raser, officiellement dans le cadre de l’« ouverture de routes » et d’un changement des caractéristiques géographiques des camps.

En parallèle, les forces israéliennes maintiennent un blocus strict autour des deux camps, empêchant les habitants d’y retourner pour vérifier l’état de leurs logements ou récupérer leurs biens, tout en ouvrant le feu sur toute personne tentant de s’approcher.

Dans la ville même de Tulkarem, plusieurs bâtiments résidentiels situés sur la rue Naplouse et dans le quartier nord — face au camp de réfugiés — ont été réquisitionnés de force, leurs occupants expulsés, et convertis en bases militaires. Certains sont occupés par l’armée depuis plus de trois mois, et sont entourés de véhicules blindés et de bulldozers.

La ville et ses environs subissent également une présence militaire constante : des convois de l’armée et des unités d’infanterie sillonnent les rues principales, établissent des barrages, harcèlent les automobilistes et les piétons, procèdent à des fouilles, des interrogatoires, et bloquent la circulation en roulant à contre-sens ou en utilisant les sirènes de façon provocatrice.

La rue Naplouse, axe reliant les deux camps, a subi d'importants dégâts en raison des buttes de terre érigées par l’armée il y a plusieurs mois, rendant la circulation difficile et aggravant la souffrance des habitants.

Selon les dernières données, cette offensive prolongée a causé jusqu’ici la mort de 13 Palestiniens, dont un enfant et deux femmes, l’une d’entre elles étant enceinte de huit mois, ainsi que des dizaines de blessés et de nombreuses arrestations. Les infrastructures ont été lourdement touchées : habitations, commerces, routes et véhicules ont été détruits.

Enfin, plus de 5 000 familles, soit plus de 25 000 personnes, ont été déplacées de force des deux camps. Au moins 400 maisons ont été entièrement détruites, et 2 573 autres ont été partiellement endommagées, alors que les entrées des camps restent fermées par des barricades, transformant ces zones en secteurs quasiment vidés de vie humaine.

H.A 

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