Tulkarem, le 15 juin 2025, WAFA- Pour le 140e jour consécutif, les forces d’occupation israéliennes poursuivent leur offensive militaire contre la ville de Tulkarem et ses deux camps de réfugiés, notamment le camp de Nour Shams, ciblé depuis 127 jours. Cette opération s’inscrit dans une escalade continue marquée par un siège rigoureux, des incursions quotidiennes, des arrestations arbitraires et une destruction systématique des infrastructures palestiniennes.

Depuis les premières heures de la journée, des véhicules militaires ont envahi les principales artères de la ville, notamment le marché central, les abords de l’hôpital public Thabet Thabet et la rue de Naplouse, perturbant fortement la circulation. Les soldats israéliens ont délibérément roulé à contresens, sirènes hurlantes, mettant en danger la vie des habitants.

Le point de passage militaire d’Anab, à l’entrée est de la ville, reste fermé, tandis que l’accès sud, autour du pont de Jabara, est lourdement militarisé, provoquant de longs embouteillages et isolant les quartiers environnants.

Des incursions nocturnes ont visé plusieurs habitations de la ville et de ses faubourgs. Les forces israéliennes ont notamment pris pour cible l’immeuble de la famille d’Issam Odeh, secrétaire du Rassemblement national des familles de martyrs, saccageant plusieurs appartements et confisquant les téléphones et ordinateurs familiaux. Deux Palestiniens, Mofleh Baluane (du quartier Al-Aqsa) et Amer Shahada (du secteur d’Azbat Al-Jarad), ont été arrêtés.

Le siège se poursuit également autour des camps de Tulkarem et de Nour Shams, où les troupes israéliennes empêchent les habitants d’accéder à leurs domiciles et tirent sur toute personne tentant de s’en approcher.

Dans le camp de Tulkarem, les démolitions se poursuivent pour le dixième jour consécutif dans les quartiers de Baluane, Okasha et Al-Nadi. Des bulldozers ont rasé de nombreux immeubles dans le cadre d’un plan visant à démolir 106 bâtiments dans les deux camps, dont 58 dans le seul camp de Tulkarem – représentant plus de 250 logements et des dizaines de commerces.

À Nour Shams, plus de 20 bâtiments ont déjà été démolis au cours des dernières semaines sur un total de 48 visés, sous prétexte de dégager des voies de circulation et de « modifier la configuration du camp ».

La rue de Naplouse, reliant les deux camps, a été transformée en zone militaire fermée. L’armée israélienne y a pris position dans plusieurs bâtiments résidentiels, notamment dans le quartier nord de la ville. Certains, comme la maison de la famille Fraatawi récemment incendiée, sont occupés depuis plus de quatre mois, les résidents en étant tenus à l’écart sous la menace des armes.

Les barrages et remblais de terre installés le long de cette route causent d’importants dégâts matériels et perturbent gravement les déplacements quotidiens des habitants.

Depuis le début de cette offensive, 13 Palestiniens ont été tués, dont un enfant et deux femmes – l’une d’elles enceinte de huit mois – en plus de dizaines de blessés et de nombreux détenus. Les destructions ont été massives : environ 400 maisons ont été complètement rasées, 2 573 endommagées, et les infrastructures civiles gravement atteintes.

Plus de 5 000 familles – soit plus de 25 000 personnes – ont été contraintes de fuir les deux camps. Ceux-ci, dont les entrées sont toujours bloquées par des monticules de terre, se sont transformés en zones quasi désertes, privées de toute vie normale.

H.A