Tel-Aviv, le 27 juin 2025, WAFA - Des soldats et officiers de l’armée israélienne ont affirmé, dans des témoignages rapportés par le quotidien Haaretz, que l’armée d’occupation a donné l’ordre de tirer délibérément sur des civils palestiniens rassemblés près des centres de distribution d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Ces instructions auraient été appliquées au cours du mois écoulé, alors même que les civils visés ne représentaient, selon eux, aucun danger.
L’un des soldats interrogés dénonce la perte totale de "la pureté des armes" à Gaza, un terme militaire israélien désignant un usage éthique de la force. Ces témoignages relancent les accusations de crimes de guerre, d’autant que le parquet militaire israélien a, selon Haaretz, demandé l’ouverture d’une enquête interne sur les événements.
Les centres de distribution, au nombre de quatre, sont gérés par une entité baptisée "Fondation humanitaire de Gaza", dans le cadre d’un mécanisme américano-israélien rejeté par les Nations unies. Ces centres, encadrés par l’armée israélienne, ne fonctionnent qu’une heure par jour et dans des conditions très précaires.
Selon les témoignages, les soldats tireraient sur les Gazaouis arrivant aux centres avant leur ouverture ou après leur fermeture. Nombreux sont ceux qui, dans l’obscurité des premières heures du jour, ne distinguent pas clairement les périmètres définis.
« Là où je me trouvais, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour », raconte un soldat. « On les traite comme des ennemis, avec des tirs de mitrailleuses lourdes, de mortiers et de grenades, sans utiliser aucun moyen non létal comme les gaz lacrymogènes. »
Un autre témoigne : « Ce n’est pas qu’ils sont dangereux ; nous n’avons jamais été attaqués. Ils ne sont ni armés ni hostiles. On appelle cette opération "le poisson salé" », en référence à un plat traditionnel, devenu surnom cynique de l’opération.
Certains soldats décrivent la zone des centres comme un véritable "terrain d’exécution". D’autres soulignent l’absence de communication claire avec les civils, qui ignorent les horaires d’ouverture des centres. Dans certains cas, leur arrivée matinale a même conduit à l’annulation de la distribution prévue.
Des officiers admettent également que l’armée n’enregistre ni ne diffuse de séquences vidéo de ces événements, évitant ainsi toute documentation compromettante. Selon eux, l’activité de la Fondation humanitaire a permis d’éviter un effondrement total de la légitimité internationale de la guerre.
Un soldat de la réserve témoigne : « Gaza est devenue une zone de non-droit, avec ses propres règles. La mort des civils n’émeut plus personne. »
Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une offensive d’ampleur sur Gaza, en violation des décisions de la Cour internationale de Justice. Selon des sources médicales palestiniennes, plus de 550 civils ont été tués et 4 000 blessés depuis fin mai alors qu’ils attendaient de l’aide humanitaire. En vingt mois, la guerre a fait plus de 188 000 morts et blessés, en majorité des femmes et des enfants, ainsi que plus de 11 000 disparus, plongeant la population dans une crise humanitaire sans précédent.
H.A
