Ecrit par Annan Shahadeh
Traduit par Fatima Nasser
Bethléem, le 16 novembre 2019-WAFA
Au moment où le journaliste Moath Amarneh ajustait son objectif pour capturer des scènes d‘attaques perpétrées par les forces d‘occupation israéliennes contre notre peuple dans la ville de Surif, au nord-ouest d‘Hébron, ’un soldat le surprend avec des balles d’éclats d‘obus "Toto" qui s‘installent dans son œil gauche.
Le personnel médical et le personnel de presse l’ont conduits à l‘hôpital, où le choc après que des tests aient montré qu‘il avait perdu son œil alors qu‘il portait un uniforme de presse et se tenait dans un endroit approprié, loin des affrontements.
Moath, 32 ans, du camp de réfugiés de Dheisheh, au sud de Bethléem, travaille comme caméraman pour les médias locaux, il a été le premier à documenter avec sa caméra les scènes de l‘assassinat du jeune Omar al-Badawi dans le camp d‘Arroub, au nord de Hébron, il y a quelques jours
Moath dit: les attaques de l‘occupation se poursuivent depuis le martyre de badawi, nous sommes directement visés par les soldats de l‘occupation qui pointent souvent des balles sur nous.
Il a ajouté: "Avant que les affrontements ne commencent et que nous nous dirigions vers Surif, les soldats israéliens m‘ont harcelé et ont saisi mon véhicule pendant un moment avant de me le rendre, alors même que je leurs avait montré ma carte de presse, mais ils s‘en moquaient»
Moath semblait inébranlable et restait souriant tout le temps. Il a dit qu‘il n‘abandonnerait pas et qu‘il retournerait sur le terrain à mesure qu‘il se remettrait pour dénoncer l‘occupation et ses crimes : "Mes yeux ne seront pas plus précieux que la Palestine ».
Selon le témoignage de journalistes présents sur le terrain au moment où Moaz a été pris pour cible, son collègue Raed al-Sharif a déclaré à WAFA : "J‘étais près d‘Amarneh pour couvrir les affrontements dans la région de Quraynat sur le territoire de Surif, j‘ai vu un tireur d‘élite au sol, nous étions loin des affrontements, j‘ai soudain entendu la voix de Moath crier qu‘il avait été blessé et son visage plein de sang ».
Al-Sharif a souligné qu‘il y avait un ciblage clair et délibéré des journalistes, dont la fréquence augmente après chaque documentation sur les meurtres délibérés de citoyens, le dernier en date concerne l‘assassinat du martyr Omar al-Badawi dans le camp d‘al-Arroub.
À son tour, le photographe de l‘Agence européenne (Apa), Abdel Hashlamoun, a souligné que les soldats israéliens avaient empêché l‘arrivée de Moath à l‘hôpital et ses collègues et un soldat a tenté de prendre leurs caméras par la force.
Le médecin de l‘Hôpital à Beit Jala, Haitham Issa, qui a supervisé l‘état de santé de Moath a confirmé qu‘il avait perdu la totalité de son œil des suites de cette blessure directe
Le Syndicat des journalistes palestiniens a condamné l‘attaque contre le photographe Moath Amarneh, soulignant qu‘il avait contacté les syndicats arabes et internationaux pour les exhorter à prendre une position ferme contre les crimes des journalistes palestiniens par l’occupation.
606 agressions ont été documentées à l‘encontre de journalistes jusqu‘en octobre dernier, par balles réelles et en caoutchouc, par des bombes à gaz et assourdissantes, agressions corporelles, convocation, interrogatoire, saisie du matériel, retrait des cartes de presse, assignation à résidence, empêcher la couverture, supprimer et fermer des comptes de médias sociaux, arrêter et empêcher les voyages, détenir et tuer.
F.N