Accueil Rapports et Enquêtes 03/September/2023 12:26 PM

La grève de la faim, la bataille des intestins vides 

La grève de la faim, la bataille des intestins vides 

Ramallah, le 3 septembre 2023, WAFA- La grève ouverte de la faim, une arme ultime et historique des prisonniers palestiniens, perdant leurs années de captivité dans les geôles de l’occupation. 

‘La bataille des intestins vides’ est de s’abstenir de manger tous types et formes de nourriture par les détenus, à l'exception de l'eau avec une peu de sel. Il s’agit d’une démarche rarement utilisée par les prisonniers, du fait qu’elle est considérée comme la plus dangereuse et la plus sévère que les détenus utilisent, qui entraîne de graves risques physiques et psychologiques pour les prisonniers, parfois jusqu'à martyre. 

Généralement, les prisonniers palestiniens n'ont recours à une telle mesure qu'après avoir franchi toutes les autres étapes de la lutte lorsque leurs demandes n'ont pas été traitées par le dialogue ouvert entre les autorités occupantes et le Comité de lutte des prisonniers. 

 Les prisonniers considèrent la grève ouverte de la faim comme un moyen d'atteindre un objectif et non une fin en soi. 

Cette bataille de volonté et de détermination constitue le mécanisme le plus vital, en termes d’efficacité et d’influence sur l’administration pénitentiaire, les autorités israéliennes et l’opinion publique pour réaliser leurs justes revendications humanitaires. 

La première expérience de grève de la faim dans les geôles de l’occupation israélienne était dans la ville de Naplouse, au début de l’année 1968, ou les détenus avaient entamé une grève de la faim pendant trois jours, en protestation contre la politique de torture et d'humiliations des prisonniers par les soldats israéliens. 

La grève de la faim est devenue une partie stratégique dans la vie des captifs palestiniens dans les prisons de l’occupation, ce qui reflète à quel point ces prisonniers sont désespérés. 

Les autorités de l’occupation détiennent des centaines de prisonniers palestiniens, sans aucune accusation portée contre eux, sans savoir les raisons de leur arrestation. Ces détenus sont privés de leurs droits les plus élémentaires, comme les visites de leurs familles, ou même d'engager une action en justice officielle contre leur arrestation. 

La grève de la faim possède une histoire longue et importante, pour les mouvements de résistance pacifique à travers le monde. Le détenu utilise ce moyen pour la protestation politique, pour mettre l’accent sur sa souffrance et pour défier leurs geôliers. 

Par exemple, Mahatma Gandhi avait mené plusieurs grèves de la faim pour protester contre la domination coloniale britannique en Inde, et certains prisonniers de l’armée de l'Irlande ont eu recours à la grève de la faim pour faire pression sur leurs geôliers et exiger leur libération. 

Depuis des dizaines d’années, les demandes des prisonniers sont les mêmes : l’arrêt des incursions des cellules des prisonniers, la torture et l’agression, Libérer les prisonniers isolés (dans des cellules d'isolement), restituer les appareils confisqués dans leurs cellules et permettre aux familles des prisonniers, de leur rendre visite, ainsi que l’arrêt de la politique abusive de la détention administrative. 

Un résumé de grandes grèves de la faim collectives  

À travers l’histoire du mouvement des prisonniers palestiniens, plusieurs grèves de la faim collectives étaient menées, afin de réaliser des objectifs importants. 

En 1969, les captifs palestiniens avaient entamé deux grèves de la faim dans la prison israélienne de ‘Ramla’ (au sein de l’Etat de l’occupation ‘Israël’). La première avait duré 11 jours, tandis que la deuxième avait continué jusqu'à 8 jours, dans la geôle israélienne de ‘ Kfar Yona’. 

Les objectifs des prisonniers étaient : l’amélioration de la quantité de la nourriture offerte par l’administration pénitentiaire, l’augmentation de la durée passée dans la cour de la prison et la permission d’entrer les livres et les stylos dans la prison, pour les détenus. 

En 1970, les prisonnières palestiniennes de la prison d’exil de ‘Tartsa’ avaient entamé une grève de la faim pendant 9 jours. 

En 1970, les prisonnier d’Askalan ont entamé une grève de la faim pendant 7 jours, notant que le prisonnier palestinien Abd Al-Kader Abu Al-Fahm, est tombé en martyr, en raison de la grève. 

En 1973, les détenus ont passé 24 jours en grève de la faim, dans la prison de Beer Sheba. 

En 1976, les prisonniers d’Askalan ont continué une grève de la faim pendant 45 jours consécutifs. 

En 1977, les prisonniers d’Askalan ont également entamé de nouveau une grève de la faim pendant 20 jours. 

En 1980, les détenus de la prison israélienne de ‘Nafha’ ont entamé une grève de la faim qui a duré 33 jours, suite de laquelle, trois prisonniers sont tombés en martyrs qui sont : Rasem Halawa, Anis Doleh et Ali Al-Ja'fary. 

Pendant 13 jours, les prisonniers de la prison de ‘Juneid’, à Naplouse, étaient en grève de la faim, en 1984, pour faire entrer des radios et des télévisions dans la prison. 

En 1987, les prisonniers de la prison de ‘Juneid’ ont entamé une grève de la faim pendant 20 jours. 

En 1988, les prisonniers de toutes les prisons ont entamé une grève d'une journée, coïncidant avec une grève annoncée par la direction unifiée de l’Intifada (L’Intifada de pierres qui a commencé en décembre 1987). 

En 1991, les prisonniers de ‘Nafha’ ont entamé une grève de la faim de 17 jours. 

En 1992, une grève de la faim était menée, par 7000 prisonniers, dans toutes les geôles de l’occupation, sous le nom de la grève de ‘septembre’, pendant 22 jours. 

En 1995, les prisonniers de toutes les geôles de l’occupation ont mené une grève de la faim pendant 18 jours, appelant à la libération de tous les prisonniers, hommes et femmes. 

En 1996, les prisonniers de toutes les prisons israéliennes ont entamé une grève de la faim, de 18 jours consécutifs. 

En 1998, les captifs palestiniens dans toutes les geôles de l’occupation avaient mené une grève de la faim, en protestation contre la libération de seulement 150 prisonniers palestiniens, lors de l'accord de libération qui concernait 750 prisonniers, conformément à l'accord de Wye River entre l'Autorité palestinienne et Israël. 

En 2000, les détenus palestiniens ont organisé une grève de la faim, pendant un mois, dans toutes les geôles de l’occupation, contre la politique d’isolement et des conditions arbitraires humiliantes imposées aux visites des familles des prisonniers. 

En 2001, les prisonnières palestiniennes ont continué une grève de la faim dans la prison d’exil de ‘Tresta’, qui a duré 8 jours. 

En 2004, les prisonniers de toutes les prisons israéliennes, se sont privés de nourriture pendant 19 jours, pour réaliser leurs fins. 

En 2004, les prisonniers de ‘Hadarim’ ont également entame une autre grève pendant deux mois. 

En 2006, les prisonniers palestiniens de la prison de ‘Shata’ ont continué une grève de la faim, pendant 7 jours consécutifs. 

En 2011, les détenus palestiniens ont organisé une grève de la faim, pendant 22 jours, appelant à mettre fin à la politique de l’isolement. 

En 2012, environ 1500 prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim pendant 28 jours, pour achever plusieurs demandes, notamment l’isolement. 

En 2014, les détenus administratifs ont poursuivi une grève de la faim pendant 62 jours, en protestation contre la politique de détention administrative. 

En 2017, environ 1500 prisonniers palestiniens du mouvement de Fatah, incarcérés dans différentes geôles, ont entamé une grève de la faim, de 42 jours consécutifs. 

En outre, les prisonniers palestiniens avaient toujours entamé des grèves de la faim individuelles dans les geôles de l’occupation, protestant contre leur détention administrative (sans procès, ni inculpation). 

La détention administrative  

La détention administrative est l’arrestation et la détention d’une personne par l’autorité militaire, sans inculpation ni jugement, pour une durée inconnue et renouvelable indéfiniment. C’est aujourd’hui un véritable élément de pression contre les citoyens palestiniens qui contestent y compris pacifiquement l’occupation sioniste. 

Le système de justice ne permet pas au prisonnier l’accès à une procédure équitable, et la possibilité de recours n’existe pas. Le jugement et son résultat dépendent donc entièrement de la décision de l’appareil militaire. La détention administrative bafoue le droit des détenus à un procès équitable. 

Lors des dernières décennies, les prisonniers administratifs avaient lutté contre cette politique, à travers plusieurs mesures, notamment le boycott des audiences des tribunaux de l’occupation et la grève de la faim illimitée. Plus de 400 grèves de la faim ont été enregistrées depuis 2011. 

La détention administrative bafoue le droit des détenus à un procès équitable, que garantit l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). L’absence de procès et le renouvellement de la détention à la discrétion du juge sont les deux éléments qui affectent le plus les détenus et leurs proches. 

Les prisonniers menants de longues et multiples grèves de la faim dans les geôles israéliennes  

Khader Adnan, qui avait entamé plusieurs grèves de la faim et sont : en 2012, pendant 66 jours, en 2015 pendant 52 jours, en 2018 pendant 59 jours et en 2021 pendant 25 jours, et en 2023, il a mené une grève depuis son arrestation le 5 février et jusqu'à son martyre dans les prisons de l'occupation le 2 mai 2023. 

Tha’er Halahla, a entamé une grève de la faim en 2012, durant 76 jours consécutifs. 

Samer Al-Issawi, a entamé une grève de la faim en 2012, pendant 265 jours. 

Ayman Al-Sharawna, a mené une grève de la faim en 2012, pendant 261 jours. 

Ayman Hamdan, était en grève de la faim en 2012, pendant 130 jours. 

Adel Hreibat, a mené une grève de la faim, pendant 129 jours, en 2013.\ 

Ayman Itbiesh, a entamé deux grèves de la faim, l’une en 2013, pendant 104 jours et l’autre en 2014, pendant 123 jours. 

Bilal Kayed, a entamé une grève de la faim en 2016, pour 71 jours consécutifs. 

Akram Al-Fseifsy, a entamé une grève de la faim, en 2014, pendant 70 jours. 

Mohammed Al-Keik, était en grève de la faim en 2015, pendant 94 jours. 

Mohammed Allan, a mené une grève de la faim, pendant 65 jours, en 2015 et en 2017 a également entame une grève pendant 43 jours. 

Ahmad Ghannam, a entamé une grève de la faim, pendant 102 jours, en 2019. 

Maher Al-Akhras, a poursuit une grève de la faim, en 2020, pendant 103 jours. 

Kayed Al-Fasfous, a poursuit une grève de la faim, en 2020, pendant 131 jours. 

Al-Kadanfar Abu Atwan, a mené une grève de la faim en 2021, pendant 65 jours. 

La grève de la faim était la dernière étape de la vie de plusieurs prisonniers  

Alors que le militant Khader Adnan, de 44 ans, de la ville d'Arraba, au sud de Jénine, est le premier cas de décès (le 2 mai de cette année) d'un prisonnier au cours d'une grève individuelle qui a duré 86 jours, et c'est le Sixième grève qu'il mène en refus de son arrestation arbitraire, il a été précédé par plusieurs martyrs, à la suite de la bataille collective des estomacs vides, sept des martyrs ont été tués, et sont les suivant :  

- Abd Al-Kader Abu Al-Fahm, ayant 41 ans, est tombe en martyr, de tentative de ses geôliers d’arreter sa grève de la faim dans la prison d'Askalan en 1970, il a été gavé de force avec un tube dans la bouche et le nez. Il a été le premier martyr à entamer une grève de la faim dans les prisons d'occupation. Il était originaire de Jabalia, camp dans la bande de Gaza et a été arrêté en 1969. 

- Rasem Halawa, de 27 ans, est tombe en martyr dans une grève de la faim dans la prison de Nafha, qui avait duré 32 jours. Il a également été nourri de force, il est originaire de la ville de Jabalya, dans la bande de Gaza, et il a été martyrisé le 24 juillet 1980, près de 10 ans après son arrestation. 

- Ali Al-Ja'fary, de 34 ans, est tombé en martyr le 24 juillet 1980. Il a été forcé de manger pendant la grève de la prison de Nafah, il est originaire du camp de Dehishah, dans la ville de Bethléem, en Cisjordanie, et il a été arrêté en 1968. 

- Anis Doleh, de 36 ans, avait participé à la grève de la faim de juillet 1980, malgré sa maladie et ses douleurs croissantes, et les tentatives de ses camarades pour le dissuader d'y participer, mais il a insisté pour participer à la grève dans la prison d'Askalann, refusant d'être exclu. Son état de santé s'est détérioré et ses douleurs se sont multipliées. Le responsable de la clinique de la prison a tenté de négocier avec lui pour mettre fin à la grève, mais il a refusé de négocier et a insisté pour continuer la bataille et rester fidèle à ses frères avec fierté et dignité, malgré sa conscience et le sentiment qu'il comptait ses derniers jours, mais il préférait mourir debout comme des arbres.  

L'administration pénitentiaire l'avait délibérément ignoré et a retarde de lui donner des soins médicaux nécessaires et n'a fait aucun effort significatif pour lui sauver la vie, jusqu'à ce qu'il meure après avoir ressenti un coup dans la poitrine et qu'il tombe contre le mur de la cour de la prison d’Askalan, le 31 août 1980, et son corps a été transporté vers une tombe inconnue, jusqu'à présent. 

- Issaq Musa Maragha, de 40 ans, est tombe en martyr dans la prison de Beer Sheba, le 16 novembre 1983, après avoir passé huit ans, en raison de la torture subie et du fait qu’il a été gavé de force, lors de la grève de la prison de Nafha en 1981. Il est originaire de Jérusalem et a été arrêté en 1975. 

- Mahmoud Freithikh, tombé en martyr dans la prison de Juneid, en 1984, en raison de la torture intensive. 

- Hussain Obeidat, de 22 ans, tombé en martyr le 14 octobre 1992, lors la de grève de la faim, durant 19 jours, après avoir passé 4 ans de captivité. 

Les prisonniers palestiniens ne font pas une grève de la faim pour l'amour, mais pour préserver leurs droits et mettre fin à la politique agressive de l'administration pénitentiaire, soutenue par les gouvernements d'occupation de droite successifs. 

N.S 

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