Genève, le 23 mai 2025, WAFA- Les opérations militaires intensifiées d’Israël continuent de menacer un système de santé déjà affaibli, dans un contexte de déplacements massifs de population qui s’aggravent et de pénuries aiguës de nourriture, d’eau, de fournitures médicales, de carburant et d’abris.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), quatre grands hôpitaux de Gaza (l'hôpital Kamal Adwan, l'hôpital indonésien, l'hôpital Hamad de réadaptation et de prothèses et l'hôpital européen de Gaza) ont dû suspendre leurs services médicaux la semaine dernière en raison de leur proximité avec des zones d'hostilités ou d'évacuation, et des attaques. L'OMS a recensé 28 attaques contre les soins de santé à Gaza pendant cette période, et 697 depuis octobre 2023.

Seuls 19 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont encore opérationnels, dont un qui dispense des soins de base aux patients encore hospitalisés. L’OMS souligne que ces établissements font face à des pénuries critiques de fournitures, à un manque de personnel médical, à une insécurité constante et à un afflux croissant de blessés, tandis que le personnel travaille dans des conditions extrêmes. Sur ces 19 hôpitaux, 12 fournissent divers services de santé, tandis que les autres ne peuvent offrir que des soins d'urgence de base. Au moins 94 % des hôpitaux de la bande de Gaza sont endommagés ou détruits, selon l'OMS.

L’intensification des hostilités et les nouveaux ordres d’évacuation émis dans les dernières 48 heures dans le nord et le sud de Gaza menacent de mettre encore plus d'établissements de santé hors service. Parmi ceux-ci figurent un hôpital, 11 centres de soins primaires et 13 postes médicaux situés dans les zones d’évacuation, ainsi que cinq hôpitaux, un hôpital de campagne, neuf centres de soins primaires et 23 postes médicaux supplémentaires dans un rayon de 1 000 mètres de ces zones.

L’OMS alerte sur la disparition quasi totale des services de santé dans le nord de Gaza. L'hôpital Al-Awda, qui ne fonctionne plus que de manière minimale comme centre de stabilisation des traumatismes, est confronté à un risque imminent de fermeture. Il a été la cible de plusieurs attaques, ayant blessé des membres du personnel soignant et détruit des équipements, y compris une tente de triage fournie par l’OMS. Une mission de l’OMS tentant d’atteindre l’hôpital a été empêchée.

L’hôpital indonésien est hors service depuis le 18 mai en raison d’une présence militaire continue, le rendant inaccessible. L’OMS a tenté à deux reprises d’y accéder pour distribuer nourriture et eau, évaluer l’état des patients et organiser des transferts médicaux, mais ces tentatives ont été entravées.

L’hôpital Kamal Adwan, le seul centre traitant la malnutrition aiguë sévère dans le nord de Gaza, a cessé de fonctionner le 20 mai après de violents combats à proximité, forçant l’évacuation ou la sortie prématurée des patients.

Dans le sud, les hôpitaux Nasser Medical Complex, Al-Amal et Al-Aqsa sont submergés par un afflux massif de blessés. L’hôpital européen de Gaza reste hors service depuis une attaque le 13 mai, ce qui prive la population d’accès à des soins vitaux tels que la neurochirurgie, les soins cardiaques et le traitement du cancer, introuvables ailleurs à Gaza, selon l’OMS.

Actuellement, la bande de Gaza ne dispose que de 2 000 lits hospitaliers pour plus de 2 millions d’habitants, un chiffre dramatiquement insuffisant. L’OMS estime qu’au moins 890 lits supplémentaires pourraient être perdus si les conditions se détériorent davantage.

L’OMS souligne que la poursuite des hostilités et la présence militaire empêchent non seulement l’accès aux soins pour les patients, mais aussi le réapprovisionnement des hôpitaux par ses équipes et partenaires.

Chaque mise hors service d’un hôpital anéantit les efforts de l’OMS et de ses partenaires pour soutenir un système de santé déjà au bord de l’effondrement. « La destruction est systématique. Les hôpitaux sont remis en état, réapprovisionnés, puis de nouveau pris pour cibles », déplore l’organisation. « Ce cycle destructeur doit cesser. »

Dans ce climat d’insécurité permanente, l’OMS salue le courage et le dévouement des professionnels de santé, y compris des équipes médicales d’urgence locales et internationales, qui continuent de fournir des soins vitaux à la population.

L’OMS appelle une nouvelle fois à la protection immédiate et active des structures de santé. Les hôpitaux ne doivent jamais être militarisés ni attaqués. L’organisation insiste également sur la nécessité d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza sans entrave, par tous les moyens possibles, et de garantir qu’elle atteigne les populations dans le besoin, où qu’elles se trouvent.

Faisant écho au chef des secours de l’ONU, l’OMS rappelle que les Nations Unies et leurs partenaires disposent d’un plan éprouvé, transparent et fondé sur des principes, pour assurer l’acheminement sécurisé de l’aide.

Enfin, l’Organisation mondiale de la Santé appelle à un cessez-le-feu immédiat et durable.

H.A