Salfit, le 16 juillet 2025, WAFA – La Direction palestinienne de la qualité de l’environnement a tiré la sonnette d’alarme face à la montée des agressions israéliennes dans la région de Wadi al-Matwi et ses alentours, à l’ouest de la ville de Salfit, soulignant que ces violations mettent en péril direct les ressources naturelles et hydriques ainsi que l’équilibre écologique de la zone.
Dans un rapport publié ce mercredi, l’institution a révélé que l’armée israélienne et les colons poursuivent depuis plusieurs mois des travaux de nivellement, de construction de routes coloniales et d’implantation de nouveaux avant-postes, couplés à l’accaparement de milliers de dounoums de terres agricoles palestiniennes. Ces pratiques s’inscrivent dans un plan de colonisation intensive au service de la colonie d’Ariel.
Un site stratégique en danger:
Wadi al-Matwi s’étend sur 12 kilomètres et repose sur le plus grand bassin aquifère de la région (le bassin occidental), essentiel à la Cisjordanie. Il est réputé pour sa richesse en biodiversité et ses formations géologiques rares. Le rapport met en lumière le déversement illégal d’eaux usées non traitées provenant de la colonie d’Ariel, mélangées aux eaux partiellement traitées de la station de Salfit. Cette pollution touche directement des sources vitales, comme ‘Ayn al-Matwi et ‘Ayn al-Yanbū‘, utilisées pour l’eau potable et l’irrigation dans les zones de Farkha et Salfit. Des analyses ont révélé des taux anormalement élevés de BOD (demande biochimique en oxygène), dépassant les normes palestiniennes autorisées.
Colonisation, incendies et déplacements forcés:
Le rapport mentionne également la construction en cours d’une route coloniale traversant Wadi al-Matwi et les hauteurs de Farkha, entamée en octobre 2024. Ce projet a déjà entraîné la confiscation de 1400 dounoums de terres à Farkha, la destruction de vergers d’oliviers anciens, et l’isolement croissant de Salfit, Farkha et Bruqin.
Dans les zones de Ras et Jabal Farkha, un nouveau projet colonial est en cours, impliquant l’annexion de 1300 dounoums supplémentaires et la construction d’une route de 2,2 km. Des colons ont incendié cinq tentes de la communauté bédouine des al-‘Azazmeh, dans une tentative d’expulsion. Une chambre agricole a aussi été brûlée à proximité d’un avant-poste, dans un contexte d’intimidation systématique des agriculteurs palestiniens.
Attaques ciblées contre les terres privées et le patrimoine:
Le rapport documente plusieurs attaques contre des terres agricoles privées, notamment celles des familles Mousleh, Rizqallah, Ayyoub et Zahd, avec déracinement de cultures, destruction de systèmes d’irrigation, et arrachage de 37 oliviers centenaires. Il évoque aussi la menace croissante sur le site archéologique de Khirbet Jalal al-Din, s’étendant sur plus de 100 dounoums, visé par des tentatives de prise de contrôle et d’effacement des traces culturelles palestiniennes.
Une catastrophe écologique et sociale en cours:
Le rapport conclut que ces actions s’inscrivent dans une stratégie de contrôle total sur l’eau et les terres, notamment par le creusement de nouveaux puits pour alimenter les colonies, menaçant d’assoiffer plus de 20 000 habitants à Salfit, Farkha, Kafr ad-Dik et Bruqin.
La Direction de l’environnement met en garde contre la transformation de Salfit en enclave géographique isolée, propice à des déplacements forcés silencieux, en raison de la perte d’accès à l’eau, à la terre et aux ressources naturelles. Elle appelle les médias et la communauté internationale à mettre en lumière cette destruction planifiée, qui menace la trame agricole, l’équilibre écologique et conduit à la disparition progressive de plantes médicinales et aromatiques endémiques à la région.
H.A
