Ramallah, le 1er décembre 2025, WAFA– La Salle des opérations gouvernementales chargée des interventions d’urgence dans la bande de Gaza a examiné, ce lundi, le plan de relèvement rapide et de secours présenté par le ministère du Tourisme et des Antiquités pour l’enclave.
La réunion, tenue en présence de représentants d’organisations internationales, d’institutions partenaires et d’agences donatrices, a porté sur la définition des priorités d’intervention dans un secteur parmi les plus durement touchés par l’agression en cours.
Cet examen s’inscrit dans le suivi continu des plans de redressement sectoriels visant à garantir une réponse nationale coordonnée face à la situation humanitaire exceptionnelle que traverse Gaza. La Salle des opérations a rappelé que la protection du patrimoine culturel et la consolidation du récit historique palestinien constituent des éléments centraux pour contrer les tentatives systématiques d’effacement de l’identité palestinienne.
Samah Hamad, responsable de la Salle des opérations, a indiqué que le plan du ministère s’intègre dans un cadre plus large de stratégies sectorielles actuellement mises à jour en coordination avec des experts locaux et internationaux. Elle a souligné que la préservation du patrimoine culturel de Gaza ne relève pas seulement de considérations techniques, mais représente une responsabilité nationale indispensable à la sauvegarde de la mémoire et de l’identité palestiniennes.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, Hani Al-Hayek, a pour sa part affirmé que l’occupation avait délibérément pris pour cible les sites patrimoniaux de Gaza « afin d’effacer l’identité palestinienne et la mémoire collective ». Il a précisé que 226 des 316 sites répertoriés avaient été endommagés, soit 71,5 %, et que le secteur touristique avait subi des pertes estimées à 3,9 milliards de dollars. Au total, 4 992 établissements touristiques — dont des hôtels, restaurants et agences de voyages — ont été détruits ou endommagés, provoquant la perte permanente ou temporaire de 15 265 emplois. Le ministre a insisté sur le fait que la protection du patrimoine constitue une priorité nationale, témoignant de l’histoire millénaire de Gaza, de l’époque cananéenne aux périodes byzantine et islamique.
L’équipe technique du ministère a présenté un rapport détaillé sur les dégâts, incluant les interventions d’urgence menées pour stabiliser 33 sites menacés d’effondrement imminent, une situation particulièrement critique à l’approche de l’hiver. Elle a également fait état des progrès réalisés dans la documentation numérique et géospatiale de 138 sites détruits.
Al-Hayek a ajouté que le ministère avait lancé un plan global de six mois intitulé « Du sauvetage à la résilience », doté d’un budget de 31,2 millions d’euros, destiné à renforcer la stabilité structurelle des sites patrimoniaux les plus exposés et à préparer un plan de rétablissement transitoire pour la prochaine phase.
Il a également rappelé que le Comité national d’évaluation des dommages et de sauvegarde du patrimoine — créé par l’arrêté ministériel n° 1 de 2024 — poursuivait sa collaboration technique étroite avec le Centre pour la préservation du patrimoine culturel (CPPC). Le comité élabore actuellement une liste d’évaluation d’urgence couvrant 20 sites archéologiques et musées, dont Tell al-Ajoul et le cimetière romain.
La présentation a en outre souligné les avancées dans la restauration de plusieurs monuments emblématiques, notamment la Grande Mosquée Omari, la Mosquée Marocaine, le château de Khan Younis, le marché de Qaysariyya et le palais du Pacha. Ces efforts demeurent toutefois entravés par les restrictions sévères pesant sur l’entrée des matériaux de construction et par la dégradation de l’environnement autour des sites.
La réunion a également mis en avant une avancée majeure : l’inscription du monastère Saint-Hilarion (Tell Umm Amer) sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, ainsi que l’obtention d’une « protection renforcée » au titre de la Convention de La Haye. Ce statut ouvre la voie à un soutien international accru. Les travaux de réhabilitation sont en cours et visent à faire du site un pôle touristique et économique majeur, dans le cadre d’un projet de 12 millions d’euros financé par l’Agence française de développement.
Par ailleurs, le ministère a présenté ses efforts continus pour sécuriser et documenter les artefacts archéologiques, notamment à travers une initiative conjointe avec l’Institut du monde arabe à Paris pour le lancement de l’exposition « Trésors sauvés de Gaza ». Celle-ci rassemble 130 pièces retraçant plus de 5 000 ans d’histoire de Gaza et constitue une forme de résistance culturelle, adressant un message international sur l’importance de protéger l’identité et le patrimoine palestiniens. Une tournée mondiale de l’exposition est prévue.
H.A


