Accueil Politique 17/September/2017 02:36 PM

Photo familiale avec le sang

Beyrouth/ Ramallah, le 17 septembre 2017, WAFA- Rasha Hirzallah, Traduit par: Rudayna Nahhas

Il y a un an et demi, j’ai rencontré Miliana Butrus au camp de réfugiés ‘Shatila’ au sud de la capitale libanaise Beyrouth pendant que j’étais en visite avec une délégation de presse aux camps de réfugiés palestiniens au Liban.  

Ce temps-là, Miliana a montré, devant les caméras, la seule photo commémorative avec son mari Ali et ses trois enfants martyrs près d’un mémorial des martyrs du massacre Sabra et Shatila devant l’entrée du camp Shatila, la photo a été prise en 1982.

Dans la photo, Miliana porte une robe noire avec des rayures blanches et on voit du sang et du sable sur ses pieds, son mari et ses enfants, cadavres, entassés les uns sur les autres, en voyant un journaliste qui passait elle a enlevé son châle, l’a secoué et a crié inconsciemment : « prend une photo de moi, mon mari et mes enfants, ces sont mes enfants, prend une photo, prend » ensuite elle a commencé à frapper son visage de ses mains.      

Devant la délégation de presse, Miliana a montré la photo indiquant : « Ce sont mes fils, Qassim 19 ans, tué d’une balle à la tête, Mohamad 17 ans, a reçu une balle à la poitrine et Khader 16 ans, et celui-là c’est Ali, mon mari ».

« Depuis quelques jours, en regardant les photos mes yeux sont tombés sur celle de Miliana, j’ai demandé à des amis de Beyrouth de me mettre en contct avec elle, mais ils m’ont informé qu’elle est morte depuis des mois et si je veux avoir plus de renseignements, je dois parler à sa fille Fatima.Par téléphone, j’ai contacté Fatima qui m’a passé sa mère, donc Miliana n’est pas morte ! »  

Miliana raconte que le vendredi, 16 septembre 1982, à 18h45, les bombes lumineuses lancées par les forces israéliennes de l’occupation et les phalanges, ont illuminé les camps de Sabra et Shatila.     

Ce jour là, le mari de Miliana n’a pas pu la convaincre de sortir de la maison et de s’enfuir dans des abris construits par la résistance palestinienne dans le camp pendant la guerre d’Israël contre le Liban la même année, croyant que ces balles sont tirées par des groupes armés, elle a changé d’avis après l’intensification des coups de feu et des nouvelles se sont propagées, que l’armée israélienne a envahi le camp et a fermé ses entrées ; pour cette raison, Miliana et sa famille sont sorties de la maison aux abris.

Après trois heures d’attente et de peur, 40 personnes du camp dont des femmes, des enfants et des vieillards ont été trouvés par les milices des phalanges libanaises soutenues par l’armée israélienne sous le commandement,d‘ Ariel Sharon (Ministre de la guerre à l’époque).

Les femmes et les enfants ont été séparés des hommes, puis une pluie de coup de feu est tombé sur le camp, Miliana a crié : « Ils les ont tués », quand elle a essayé de retrouver son mari et ses fils, les forces militaires l’ont empêchée.  

Après trois jours, Miliana a pu entrer dans le camp à la recherche de son mari et ses fils parmi des milliers de cadavres qui jonchaient dans les ruelles des camps Sabra et Shatila, dont des cadavres les mains liées et des femmes enceintes.

J’ai salué et remercié Miliana qui a 79 ans maintenant et avant de raccrocher au téléphone, elle a dit qu’elle garde la photo pour la commémoration du massacre en attendant les journalistes.   

A savoir qu’après 35 ans du massacre, 3500 martyrs ont trouvé la mort inhumaine.  

R.N/F.N

 

Nouvelles connexes

Lire la suite