Accueil international 05/April/2023 09:19 AM

Les enfants Palestiniens sous occupation… dépossédés de leur enfance……

Les enfants Palestiniens sous occupation… dépossédés de leur enfance……

 

Par Fatima Nasser

A l’ occasion de la journée de l’enfant Palestinien.

Ramallah, le 5 avril 2023, WAFA

Dans le monde, chaque enfant jouit de ses droits de vivre en dignité et en sécurité mais, en Palestine, c’est différent, les enfants Palestiniens subissent à chaque instant, l’arrestation, le meurtre, l’agression brutale, le déplacement forcé et la liste continue….

En Palestine, les enfants sont privés de leurs droits les plus élémentaires : Ne peuvent pas jouer en sécurité même devant leurs maisons, privés d’une éducation sécuritaire en raison des démolitions de leurs écoles, de l’arrestation et des menaces sur le chemin de l’école.

Enfants en détentions :

Les forces israéliennes d’occupation ont recours à une force excessive pour arrêter ou placer en détention des enfants palestiniens, dont certains n'avaient pas plus de 11 ans. Les forces d’occupation ont pratiqué sur des enfants des immobilisations par pseudo-étranglement, ont lancé vers eux des grenades assourdissantes, les ont passés à tabac pendant leur garde à vue, les ont menacés et soumis à des interrogatoires sans la présence de leurs parents ou de leurs avocats, et se sont abstenus d'informer leurs parents sur leur sort.

450 enfants palestiniens, dont 353 résidents de la ville de Jérusalem, ont été capturés par les forces d’occupation depuis le début de l’année 2022, selon la commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers.

En ignorant les résolutions internationales qui garantissent les droits de l’enfant, les autorités de l’occupation détiennent toujours 170 enfants palestiniens dans leursgeôles, dont le plus connu l’enfant Ahmed Manasra qui souffre des conditions de détention très déplorables en plus d’autres enfants qui sont vulnérables au mauvais traitement et aux pires conditions de détention. 

L'occupation arrête délibérément les enfants de leurs maisons et de leurs écoles, les détiennent dans des geôles sous des conditions inhumaines, les privant de leurs moindres droits, y compris le droit d’éducation, d’obtenir un traitement et d’avoir un procès équitable. 

La commission a également affirmé que l’occupation isole les enfants et les torture physiquement et psychologiquement en vue de les obliger à donner de faux témoignages. En outre, les autorités de l’occupation imposent des amendes exorbitantes contre les enfants. 

Il convient de mentionner que plus de 50 000 enfants arrêtés par les forces d'occupation israéliennes depuis 1967.

Depuis le deuxième Intifada d’Al-Aqsa, 19 000 enfants ont été arrêtés, tandis que les campagnes d’arrestations ont augmenté en 2015 à plus de 9 000 enfants. 

En 2016, environ 1332 enfants ont été arrêtés et 1467 d'autres ont été détenus en 2017, et en 2018, 889 enfants ont été arrêtés. 

Depuis le début de l’année 2020, 443 enfants ont été capturés par les forces de l’occupation. 

Plus de 1300 enfants, des deux genres, ont été arrêtés l’année 2021 :
Dans chaque cas documenté par « Human Rights Watch », les enfants et leurs parents ont affirmé que les autorités israéliennes n'avaient pas informé les parents de l'arrestation de leur enfant et avaient interrogé celui-ci sans lui permettre de s'entretenir auparavant avec un proche ou avec un avocat.

Les enfants ont affirmé que les interrogateurs n'avaient pas autorisé leurs parents à assister à l'interrogatoire ou ne les y avaient admis qu'au moment où l'interrogatoire prenait fin. Deux garçons de 15 ans et la fille de 14 ans ont déclaré avoir signé des aveux rédigés en hébreu, langue qu'ils ne comprennent pas, après avoir été menacés par les interrogateurs. Un garçon a affirmé que les soldats lui avaient « donné des coups de poing et des coups de pied », puis lui avaient présenté à signer des aveux rédigés en hébreu.

Rashid S., âgé de 11 ans, a affirmé que des membres de la police des frontières israélienne avaient lancé dans sa direction une grenade assourdissante (engin explosif non mortel qui produit une lumière aveuglante et un son d'une très grande intensité, causant une perte d'équilibre) et l'avaient immobilisé par pseudo-étranglement lorsqu'ils l'avaient arrêté pour avoir lancé des pierres. Il a ajouté que les policiers lui avaient placé la tête dans un sac noir, avaient menacé de le passer à tabac et lui avaient donné des coups de pied dans les tibias alors qu'ils l'emmenaient pour l'interroger.

Les membres de la police des frontières lui ont ôté son manteau et sa chemise lors de son arrestation, mais ils l'ont maintenu dehors pendant environ une heure malgré le froid, a-t-il dit. Human Rights Watch a pu voir des photos montrant son arrestation par la police, ainsi que des traces sur ses jambes qui sont cohérentes avec son récit.

Deux des garçons interrogés par Human Rights Watch ont affirmé qu'ils s'étaient uriné dessus sous l'emprise de la peur au moment de leur arrestation, et trois d'entre eux ont déclaré avoir par la suite fait des cauchemars et eu des difficultés à dormir. 

L'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qu'Israël a ratifié en 1991, exige que dans les procédures judiciaires, il soit tenu compte de l'âge des accusés mineurs et de « l'intérêt que présente leur rééducation. »

La Convention relative aux droits de l'enfant, qu'Israël a également ratifiée en 1991, précise cette exigence et demande aux États de s'assurer que des enfants ne « soient pas contraints de s’avouer coupable. »

Le Comité chargé d'interpréter cette convention a affirmé que ceci inclut le droit de requérir la présence d'un parent pendant l'interrogatoire et que les juges doivent prendre en compte l'absence d'un parent ou d'un avocat lors de l'interrogatoire, ainsi que d'autres facteurs, lorsqu'ils étudient la crédibilité d'aveux.

Les agents israéliens chargés des interrogatoires parlent arabe lorsqu'ils interrogent des enfants palestiniens, mais ils recourent fréquemment à l'hébreu pour documenter ces interrogatoires. Ceci signifie que dans de nombreux cas, de prétendus aveux ou d'autres déclarations compromettantes faits par des enfants pendant leur garde à vue sont documentés dans une langue qu'ils ne comprennent pas, et il n'existe aucun moyen de savoir avec certitude si les documents ont été traduits avec exactitude aux enfants avant qu'ils les signent.

« Cela fait des années que les forces de sécurité israéliennes sont accusées de violations des droits des enfants palestiniens dans les territoires occupés, mais le problème continue … ».

L’un des cas le plus frappant, est celui d’Ahmad Manasra :

Le prisonnier palestinien arrêté lorsqu’il était enfant, Ahmad Manasra, est toujours incarcéré malgré l’aggravation de son état de santé mentale.

Les autorités israéliennes doivent immédiatement relâcher Ahmad Manasra, un jeune homme de 20 ans qui souffre de graves troubles mentaux apparus après son arrestation, il y a sept ans, alors qu’il était enfant, a déclaré Amnesty International le 17 juin.

En 2015, les autorités israéliennes ont arrêté Manasra, qui était alors âgé de 13 ans, et l’ont soumis à un interrogatoire musclé au cours duquel il a été malmené et menacé, et privé de l’assistance d’unavocat. Il est depuis incarcéré, et maintenu à l’isolement depuis le début du mois de novembre 2021. Ahmad a été diagnostiqué comme souffrant de schizophrénie, de délires psychotiques, il souffre également d’une grave dépression avec des pensées suicidaires. Il a été transféré dans l’hôpital pénitentiaire de Ramleh, en raison de la détérioration de son état de santé mentale.

Israël, qui est partie à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, est tenue de respecter les dispositions de ce traité qui précise que la détention ou l’emprisonnement d’un enfant doit « n’être qu’une mesure de dernier ressort, et être d’une durée aussi brève que possible ».

Son avocat, Khaled Zabarqa, a déclaré à Amnesty International :« Nous avons demandé au Service pénitentiaire israélien de relâcher Ahmad pour qu’il reçoive des soins chez lui et en milieu communautaire de toute urgence parce que sa vie est réellement en danger. Les médecins de la prison eux-mêmes ont reconnu cela dans leur rapport du 13 juin qui a conduit à son transfert de sa cellule vers l’hôpital de la prison. »

Les enfants de la ville de Jérusalem les plus ciblés par l’occupation :

Le gouvernorat de Jérusalem a documenté que l'occupation israélienne cible les enfants de Jérusalem et continue de les maltraiter, ciblant leurs écoles, leurs programmes, les institutions qui protègent leurs droits et leurs cadres sociaux.

Dans son rapport sur les violations de l'occupation israélienne contre les enfants dans le gouvernorat de Jérusalem au cours du mois d'avril, le gouvernorat a indiqué que le pourcentage d'enfants de Jérusalem de moins de 14 ans est d'environ 39% de la population totale du gouvernorat.

L'occupation cible les enfants de moins de 18 ans avec des arrestations répétées, et la délivrance de décisions d'expulsion, de résidence surveillée à domicile et des peines d'emprisonnement effectives sans tenir compte de leurs tranches d'âge, en plus de l'usage excessif de la force contre eux, ce qui conduit à l'enregistrement de nombreuses blessures par mois.

Discrimination exercée par Israël à l’égard des enfants palestiniens :

Israël continue de se livrer à des violations généralisées et systématiques des droits humains de la population palestinienne, y compris des enfants palestiniens, sur fond de décennies de discrimination, de ségrégation et de persécution cautionnées par l’État.

Selon Amnesty International, quelque 170 Palestiniens actuellement emprisonnés ont été arrêtés alors qu’ils étaient mineurs. Dans un grand nombre de cas, les enfants qu’ils étaient alors ont été privés d’un procès équitable conforme aux normes internationales et de la protection que devait leur accorder le système de justice pour mineurs. Dans d’autres cas, des enfants ont été soumis à la torture ou à d’autres mauvais traitements.

« L’utilisation généralisée et systématique par Israël de l’arrestation arbitraire, de la détention administrative et de la torture à grande échelle contre la population palestinienne constitue une violation flagrante du droit international et l’un des éléments essentiels du système d’apartheid ». 

Enfants nés en prisons d’occupation :

D'ailleurs, de nombreuses femmes palestiniennes ont donné naissance à leur premier-né dans les prisons de l’occupation israéliennes, dans des conditions déplorables. 

Tel est le cas de la jeune fille Gadah, la fille de l’ex-prisonnière, Khoula Al-Zaytwie, qui avait passé deux ans dans des prisons israéliennes, souffrait de graves troubles psychologiques, et la situation de l'enfant Yousef, fils de Fatima Al-Zaq, qui avait passé deux ans dans des prisons israéliennes est devenu nerveuxaprès sa sortie.

L’éducation :

Des dizaines d'enfants palestiniens luttent toujours pour réaliser leur droit à l'éducation à la lumière des agressions des forces d’occupation et des colons : Le harcèlement quotidien, la violence verbale, les démolitions d'écoles, la confiscation des équipements.

Dans la zone C de Cisjordanie, plusieurs écoles et un jardin d'enfants ont été démolis ou leurs équipements confisqués, affectant des centaines d’enfants. Au moins 56 écoles de la zone C de Cisjordanie font actuellement face à des ordres de démolition ou de suspension en attente, créant une incertitude pour les enfants les plus vulnérables des écoles.

Les défis dans le secteur de l'éducation en Palestine reflètent les risques croissants de protection : Les enfants, les parents et les enseignants partagent tous l'anxiété et la peur d'essayer simplement d'aller à l'école en toute sécurité.

Les violations israéliennes liées à l'éducation ont été documentées en Cisjordanie, affectant près de 30 000 étudiants ; De nombreux enfants ont dû étudier dans des écoles qui n'offrent pas une protection adéquate contre la chaleur ou le froid. Certains ont également dû parcourir de longues distances à pied et subir des retards aux points de contrôle militaires, du harcèlement et de la violence, ou subir des activités militaires pouvant se produire à l'intérieur ou autour de l'école, ou ils peuvent avoir à traverser des zones militaires et des zones de tir.

Enfants assassinés:

Le mouvement de Défense des Enfants International - Palestine (DCIP) a déclaré que l'impunité systémique a favorisé un environnement où les enfants palestiniens sont ciblés par les forces israéliennes qui ne connaissent pas de limites et tirent pour tuer dans des situations non justifiées par le droit international.

13 enfants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes en 2023, selon la documentation recueillie par DCIP. Les forces israéliennes ont abattu 12 enfants palestiniens en Cisjordanie occupée, et un enfant palestinien de 10 ans à Gaza a succombé à des blessures à la tête qu'il a subies lors de l'offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza en août 2022.

53 enfants palestiniens ont été tués en 2022, selon la documentation recueillie par DCIP, dont 36 enfants palestiniens abattus par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie occupée. Le DCIP a documenté le meurtre de 17 enfants palestiniens entre le 5 et le 7 août après que les forces israéliennes ont lancé une offensive militaire dans la bande de Gaza.

En vertu du droit international, la force létale intentionnelle n'est justifiée que dans des circonstances où il existe une menace directe pour la vie ou des blessures graves. Cependant, les enquêtes et les preuves recueillies par le DCIP suggèrent régulièrement que les forces israéliennes utilisent une force létale contre des enfants palestiniens dans des circonstances pouvant s'apparenter à des exécutions extrajudiciaires ou délibérées.

Selon le mouvement de défense des Enfants, 2021 a été l'année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens depuis 2014. Les forces israéliennes armées ont tué 78 enfants palestiniens.

Les enfants dans la Bande de Gaza:

Les autorités israéliennes ont imposé une politique de bouclage contre la bande de Gaza depuis 2007 en contrôlant et en limitant strictement l'entrée et la sortie des individus ; maintenir des restrictions sévères sur les importations, y compris la nourriture, les matériaux de construction, le carburant et d'autres articles essentiels ; ainsi que l'interdiction des exportations. Israël continue de maintenir un contrôle total sur les frontières, l'espace aérien et les eaux territoriales de la bande de Gaza.

Dans le rapport annuel du Secrétaire général des Nations Unies, qui couvre les crimes commis par les forces d'occupation israéliennes au cours de l'année dernière, y compris l'agression contre la bande de Gaza,António Guterres a critiqué Israël pour ses attaques répétées contre les enfants palestiniens.

Le secrétaire général de l'ONU a déclaré qu'il est "choqué par le meurtre et les blessures d'enfants palestiniens par les forces israéliennes lors des frappes aériennes sur des zones densément peuplées, par l'utilisation de balles réelles, et par l'absence continue de responsabilité pour ces violations".

Il a réitéré son appel aux forces israéliennes pour qu'elles fassent preuve d'un maximum de retenue afin de protéger des vies et de mettre en place des mesures préventives, et qu'elles revoient et renforcent leurs procédures pour mettre fin à tout recours excessif à la force contre des enfants.

« Il n’y a pas d’espace sûr pour les enfants palestiniens vivant sous l’occupation israélienne. Ils peuvent être tués à tout moment, en toute impunité, personne ne demande de comptes aux assassins. » Ayed Abu Eqtaish, directeur de DCIP

Le pic le plus récent de meurtres d’enfants s’est produit en 2018, lorsque les forces israéliennes ont tué des enfants palestiniens à un rythme moyen dépassant un enfant par semaine. Cette année-là, 57 enfants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes. La majorité de ces meurtres ont eu lieu pendant les manifestations de la Marche du retour dans la bande de Gaza.

Depuis 2000, 2 198 enfants palestiniens ont été tués en raison de la présence de l’armée et des colons israéliens dans le territoire palestinien occupé, selon la documentation du DCIP.

F.N

 

 

 

 

 

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