Accueil Rapports et Enquêtes 11/March/2024 05:01 PM

Ramadan à Gaza: Pas de nourriture, pas d'eau et pas de mosquées pour prier

Ramadan à Gaza: Pas de nourriture, pas d'eau et pas de mosquées pour prier

Gaza, le 11 mars 2024, WAFA- La tristesse et la misère pèsent sur les tentes des palestiniens déplacés dans la bande de Gaza, en particulier dans la ville de Rafah, où se rassemblent plus de 1,5 million de déplacés en raison des bombardements israéliens incessants et aveugles, pour se retrouver en proie à la faim et à la soif, même pendant le mois sacré du Ramadan.

Maysaa Al-Bilbisi (39 ans), du camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de Gaza, pleurait, se cognant les poings, avec sa petite fille dans les bras, devant une simple tente au contenu usé, dans laquelle elle vit avec son mari et ses deux enfants, au stade de Burqa, au milieu du marché de Shaboura, dans le camp de Rafah.

Al-Bilbisi qui a perdu ses proches et leurs maisons, semblait confuse quant à ce qu'elle devait préparer pour l’Iftar du premier jour du Ramadan. Elle a déclaré à l'Agence France-Presse : « Il n'y avait qu'une seule tomate dans la tente avec un petit paquet de fromage et pas de morceau de pain ».

« Tout est cher. Nous ne pouvons pas acheter de légumes, même les fruits ne sont pas disponibles. Au repas de suhoor, nous avons mangé quelques morceaux de viande en conserve, car nous ne pouvons rien acheter. Même les besoins les plus simples et les plus insignifiants ont augmenté de façon étonnante », a-t-elle ajouté.

Elle a poursuivi : « Ce n'est pas la vie. Il n'y a pas d'eau pour boire, se laver les mains ou cuisiner. Nous ne savons toujours pas avec quoi nous romprons notre jeûne. Nous avions l’habitude d’acheter les produits de première nécessité pour le Ramadan quelques jours à l’avance. Mais aujourd’hui, même le fromage coûte astronomiquement cher.»

Son mari, Zaki Hussein Abu Mansour, 63 ans, raconte comment « Israël a pris d’assaut Khan Younis », près de Rafah et où ils avaient été initialement déplacés, « sans avertissement ».

« Les chars israéliens ont commencé à bombarder les maisons et les bombardements ont continué au-dessus de nos têtes pendant sept heures. Ensuite, nous sommes sortis avec nos vêtements. La vie ici est très catastrophique. J'ai même perdu 20 kilos et je souffre de diabète, d'hypertension et de maladies cardiaques. Nous ne parvenons pas à acheter un kilo de tomates. »

Avec un lourd cœur, il a ajouté: « Nous nous ennuyons de la nourriture et de la vie, et le martyre est mieux. J'espère que les avions me bombarderont et que je mourrai, car c'est mieux que cette vie. »

La bande de Gaza, qui subit d’une offensive meurtrière israélienne continue par voie terrestre, maritime et aérienne, traverse des conditions humanitaires extrêmement difficiles, s’apparentant à la famine, compte tenu d’une grave pénurie de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant.

Les autorités d'occupation continuent d'empêcher et d'entraver l'arrivée de l'aide humanitaire dans l’enclave palestinienne appauvrie et déchirée par la guerre, en particulier dans les régions du nord, tandis que l'aide qui parvient au sud de la bande ne satisfait pas les besoins des citoyens, notamment à Rafah, considérée comme le dernier refuge pour les déplacés, et qui, malgré sa petite superficie estimée à environ 65 kilomètres carrés, accueille plus de 1,4 million de Palestiniens.

Dimanche soir, environ 500 fidèles ont pu accomplir la prière de Tarawih dans la mosquée Al-Awda, la plus grande de Rafah, tandis qu'une centaine d'autres ont prié près de la mosquée Al-Huda détruite à Al-Shaboura, mais l'eau et les dattes ne leur ont pas été distribuées comme d'habitude, et la lanterne du Ramadan n'a pas été allumée en raison de la panne de courant, et les fidèles comptaient sur leur téléphone dans l'obscurité.

À côté des décombres de la mosquée Al-Farouk dans le camp de Rafah, visé par les avions d'occupation il y a deux semaines, des volontaires ont disposé des tapis aujourd'hui lundi, en préparation pour les prières de Tarawih.

Mais des centaines de milliers de fidèles ne pourront pas accomplir cette prière dans les mosquées de la bande de Gaza, après que des centaines d’entre elles sont devenues des décombres et des ruines apres avoir été bombardées par les troupes d’occupation israéliennes.

Dans un bilan préliminaire, le nombre de Palestiniens tués dans la bande de Gaza s'élève à 31 112, dont une majorité d'enfants et de femmes, avec 72 760 blessés depuis le début de l'agression d'occupation israélienne le 7 octobre dernier.

Le spectre de la famine règne la bande de Gaza assiégée, où la plupart de ses habitants souffrent d’un manque d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburant, selon les Nations Unies et les témoignages des habitants.

Des sources médicales ont annoncé la mort de trois enfants des suites de malnutrition et de déshydratation, portant à 27 le nombre de victimes de la famine dans la bande de Gaza.

Le marché de Rafah était dépourvu de décorations du Ramadan, avec la plupart des types d'aliments, de légumes et de friandises manquants, à l'exception de quelques stands qui fournissent certains qatayef farcis aux noix ou au fromage à un prix allant jusqu'à 80 shekels (22 dollars) pour un kilo, ce qui dépasse le pouvoir d’achat de la plupart des gens.

Sur la place Al Awda, dans le centre de Rafah, certains stands affichent de petites lanternes, et des jeunes hommes présentent des conserves de thon, des haricots, des pois chiches, du fromage, du beurre de cacahuète et des dattes égyptiennes qu'ils achètent à des déplacés qui les ont reçus en guise d'aide. D'autres offrent quelques miches de pain saj cuites sur un poêle à bois.

La même souffrance pour tous les déplacés : Jamal Al-Khatib dit : « Il n'y a pas de nourriture du tout, alors comment allons-nous rompre notre jeûne pendant le Ramadan ? Comment allons-nous être heureux quand il n'y a pas d'abri, pas d'électricité et pas d'eau ? »

Ahmed Khamis, 40 ans, déclare : « Il n’y a aucun goût pour le Ramadan dans cette guerre sale et sanglante, une guerre d’extermination, et il n’y a ni nourriture ni boisson. »

Awni Al-Kayyal, 50 ans, décrit le Ramadan de triste, noir, avec un goût de mort, de sang et le bruit des explosions et des bombardements. J'ai entendu la voix des Musahrati. Je me suis réveillé dans ma simple tente et j’ai commencé à pleurer sur notre situation.

« Israël ne veut pas que nous nous réjouissions du Ramadan. Nous n'avons pas de nourriture pour l’Iftar. Ma femme a donné aux enfants du fromage et des haricots au suhoor grâce au peu d'aide qui nous parvient, ainsi que du pain rassis. Nous Je n'ai même pas trouvé de thé pour leur préparer. »

Aya Abu Toha, 16 ans, se souvient « la douceur de la vie au mois du Ramadan et sa belle ambiance... Tout était disponible, la nourriture, la salade, les légumes et les fruits... Aujourd'hui il n'y a que la destruction... Ils (les israéliens) nous ont volés la vie.»

H.A

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