Ramallah, le 4 avril 2024, WAFA- Les principaux groupes humanitaires internationaux ont averti qu'il était désormais presque impossible de travailler à Gaza, l'un d'entre eux accusant les pays fournissant des armes à Israël d'être complices de ce « qui équivaut à un génocide ».

Isabelle Defourny, présidente de l'ONG Médecins sans frontières, a évoqué le risque de génocide alors que 13 grands groupes humanitaires ont fustigé Israël pour avoir restreint l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza.

La mort de sept travailleurs humanitaires de l'organisation américaine World Central Kitchen (WCK) par des frappes aériennes israéliennes lundi a déclenché un tollé.

Mais Defourny, président de MSF France, a déclaré que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays étaient « moralement et politiquement complices de ce qui équivaut à nos yeux à un génocide » en fournissant un soutien militaire à Israël.

Les groupes humanitaires ont également exigé qu'Israël abandonne son projet de lancer une offensive terrestre sur Rafah, dans le sud de Gaza, où se réfugient plus d'un million de civils.

Bien que WCK ait suspendu ses opérations à Gaza, aucun des 13 groupes, dont Oxfam et Save the Children, qui ont lancé cet appel conjoint, n'ont annoncé leur retrait.

Defourny, qui a déclaré que MSF avait perdu cinq de ses 300 employés à Gaza, a déclaré que le meurtre des sept employés de WCK n'était pas une surprise.

Elle a déclaré que « les conditions actuelles pour fournir une aide humanitaire ne sont pas réunies (à Gaza).

« Parce que nous avons été témoins, ces six derniers mois, des choix qu'Israël fait en faisant la guerre à toute une population, une population piégée, privée de nourriture et massivement bombardée ».

« Gaza devient progressivement impropre à la vie humaine », a-t-elle ajouté, « elle a dépassé le seuil de l'horreur absolue ».

Defourny a déclaré que la Cour internationale de Justice avait ordonné « des mesures visant à prévenir un génocide » en janvier et à nouveau la semaine dernière.

Mais « Israël a jusqu'à présent fait exactement le contraire, en continuant à bloquer l'aide humanitaire et à détruire des infrastructures civiles vitales, comme l'illustrent l'attaque contre WCK et la destruction de l'hôpital Al-Shifa’a », a-t-elle ajouté.

Dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, où de vastes zones ont été réduites en ruines, 2,4 millions de Palestiniens sont sous les bombardements depuis six mois et souffrent de graves pénuries de nourriture, d'eau, de carburant et d'autres produits de première nécessité.

L'association caritative Oxfam a déclaré que les habitants affamés du nord de Gaza ont été contraints de survivre avec une moyenne de 245 calories par jour, soit moins qu'une boîte de haricots, et une fraction de l'apport quotidien moyen recommandé de 2 100 calories par personne.

Scott Paul d'Oxfam a déclaré que près de la moitié des habitants du Nord « vivent avec moins ».

« Faut-il s'étonner qu'il y ait soit une famine imminente, soit une famine qui a réellement lieu », a-t-il ajouté.

Les organisations caritatives ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, affirmant qu'Israël et les pays qui lui fournissent des armes « ont l'obligation (en droit international) de protéger les populations contre les atrocités criminelles ».

H.A