Khan Younis, le 4 mai 2025, WAFA-
Par Hatem Abu Daqqa
Oum Mohammed Al-Nems, déplacée palestinienne, n’a pu retenir ses larmes alors qu’elle arpentait les tentes de fortune dans la région d’Al-Mawasi, à Khan Younis, à la recherche d’un morceau de pain ou de quelques conserves pour nourrir ses enfants, qui n’ont pas goûté au pain depuis deux semaines.
Comme elle, des milliers de déplacés vivent dans des conditions insoutenables, privés des produits alimentaires les plus élémentaires, en raison de la fermeture continue des points de passage par l’occupation israélienne, qui empêche toute entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza depuis deux mois. Cette situation fait fi de tous les appels internationaux alertant sur une famine imminente qui pourrait entraîner la mort de milliers de personnes dans l’enclave assiégée. À Gaza, l’expression est sur toutes les lèvres : « Celui qui n’a pas été tué par les bombes mourra de faim. »
Âgée de 45 ans, Oum Mohammed apparaît exténuée. Elle doit s’occuper seule de cinq enfants, dont le plus âgé n’a que dix ans, et d’un mari alité, blessé par un éclat d’obus dans le dos. Cloué au lit, il lutte pour survivre dans un contexte où ni médicaments ni nourriture ne sont disponibles — et souvent, ni l’un ni l’autre.
Elle jure ne pas avoir mangé pendant une journée entière, parfois deux, afin de réserver le peu qu’elle trouve à son mari blessé et à ses enfants affamés.
Chaque matin, raconte-t-elle, elle répartit les tâches avec ses enfants pour tenter d’assurer le strict minimum : un peu d’eau, et un maigre repas — souvent des lentilles ou des pâtes — qu’elle va chercher à une soupe populaire située à plus d’un kilomètre de là. Un défi quotidien, rendu encore plus difficile par les longues files d’attente.
Depuis le début de la guerre, il y a plus d’un an et demi, les déplacés subissent l’épreuve de multiples déplacements forcés et une flambée des prix. L’épuisement des ressources et la politique de punition collective imposée par l’occupation israélienne ont vidé les poches des familles les plus modestes.
Abu Ayman, 57 ans, cherche désespérément une alternative à la farine, dont le prix a atteint des sommets : plus de 60 shekels le kilo (environ 17 dollars). Le riz coûte désormais 40 shekels le kilo (11 dollars), tout comme les pâtes — dont le prix habituel n’excédait pas 2 shekels. Faute de mieux, il broie des lentilles et des haricots pour en faire du pain à ses enfants, qu’il convainc de ne manger qu’un seul repas par jour.
Les commerces et étals sont aujourd’hui presque vides. Seules subsistent quelques rares conserves de pois ou de haricots.
Les déplacés redoutent que la situation n’empire encore, comme l’année précédente dans la ville de Gaza et dans le Nord, où les habitants, poussés par la faim, ont fini par consommer de la nourriture pour animaux.
Ils lancent un appel de détresse à la communauté internationale, aux ONG et à la Croix-Rouge pour faire pression sur Israël afin d’ouvrir les points de passage avant qu’une catastrophe humanitaire ne survienne et n’emporte la vie de milliers d’innocents.
Selon les statistiques du ministère de la Santé à Gaza, 57 enfants sont déjà morts de faim ou de malnutrition, la dernière victime étant la petite Jinan Al-Sakafi, décédée hier.
Des sources médicales ont confirmé qu’Israël continue d’interdire l’entrée de lait infantile, de compléments nutritionnels et de toute forme d’aide humanitaire, ce qui a conduit plus de 70 000 enfants à être hospitalisés pour malnutrition aiguë.
Toujours selon ces sources, plus de 3 500 enfants de moins de 5 ans sont en danger imminent de mort par famine, tandis que 290 000 enfants sont sur le fil du rasoir, dans un contexte où 1,1 million d’enfants manquent chaque jour du minimum vital pour survivre.
H.A