Jérusalem, le 30 juin 2025, WAFA– Le quotidien israélien Haaretz a consacré son éditorial principal de ce lundi à la montée inquiétante de la violence des colons israéliens en Cisjordanie occupée. Le journal y évoque deux incidents graves survenus la semaine dernière, dont l’un a conduit à la mort de trois civils palestiniens, tandis que l’autre a visé des soldats israéliens envoyés pour démanteler un avant-poste colonial illégal.
Le journal rappelle que mercredi dernier, des colons ont envahi le village de Kafr Malik, au nord-est de Ramallah, attaqué des habitations palestiniennes et incendié des biens, provoquant la mort de trois Palestiniens. Le quotidien qualifie cette attaque de « crime perpétré dans le calme et avec le silence officiel ».
Deux jours plus tard, des colons issus de la même implantation sauvage ont agressé des soldats israéliens venus les expulser, endommageant des véhicules militaires. Six d’entre eux ont été arrêtés après dispersion de l’attaque.
Haaretz pointe du doigt l’absence de condamnation officielle de l’État israélien à la suite de l’attaque meurtrière contre les Palestiniens, alors que les dirigeants politiques ont rapidement dénoncé l’agression contre les soldats. Ce double standard, selon le journal, reflète une politique de deux poids, deux mesures.
L’éditorial décrit les colons violents comme des « barons de l’apartheid » imposant un ordre parallèle en Cisjordanie, et accuse directement l’armée israélienne d’avoir favorisé leur ascension par des années d’inaction face aux colonies illégales et aux violences répétées contre les Palestiniens.
Cette impunité, poursuit le journal, a renforcé le sentiment d’invulnérabilité des colons, au point qu’ils s’en prennent aujourd’hui à l’armée elle-même, sans craindre de sanctions.
Le journal critique les « réactions sélectives » des hauts responsables israéliens, en soulignant que ni le Premier ministre Benjamin Netanyahou ni le ministre de la Défense Yisrael Katz n’ont pris la parole après le massacre de Kafr Malik, mais qu’ils se sont exprimés rapidement lorsque des soldats ont été ciblés.
Selon l’éditorial, les violences des « Jeunes des collines » – un groupe radical de colons installé dans des avant-postes sauvages – bénéficient d’une forme de protection tacite de la part du pouvoir politique israélien. Certains membres du cabinet sécuritaire israélien estiment même que l’armée ne devrait pas intervenir contre eux.
Cette attitude, selon Haaretz, vide de leur sens les ordres d’évacuation donnés par l’armée et transforme les injonctions militaires en « simples bouts de papier ». Elle envoie également un message implicite aux colons : « Commettez vos massacres en silence ».
Le journal conclut : « Il faut se demander comment l’armée israélienne a acquis cette réputation d’armée qui autorise les massacres au lieu de les empêcher, et comment une attaque contre un village palestinien s’est terminée par la mort de trois civils, tués par ses propres soldats. »
H.A