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108 ans après la Déclaration Balfour : point de départ du drame palestinien

108 ans après la Déclaration Balfour : point de départ du drame palestinien

Ramallah, le 2 novembre 2025, WAFA- En ce dimanche 2 novembre, la Palestine commémore le 108ᵉ anniversaire de la Déclaration Balfour, ce document tristement célèbre par lequel la Grande-Bretagne a accordé aux juifs le droit d’établir un « foyer national » en Palestine.

Cette déclaration a marqué la première étape de la mise en œuvre du projet sioniste en Terre de Palestine, ouvrant la voie à la création d’un État juif sur le territoire d’un peuple enraciné depuis des millénaires.

Publiée le 2 novembre 1917, la Déclaration Balfour prit la forme d’une lettre adressée par le ministre britannique des Affaires étrangères, Arthur James Balfour, au baron Lionel Walter Rothschild, l’un des dirigeants du mouvement sioniste mondial. Ce texte fut le fruit de trois années de négociations entre le gouvernement britannique, les juifs britanniques et l’Organisation sioniste mondiale, qui parvinrent à convaincre Londres que la réalisation du projet sioniste servirait ses intérêts stratégiques au Moyen-Orient.

Avant sa publication, le texte avait été soumis au président américain Woodrow Wilson, qui l’approuva. La France et l’Italie lui apportèrent à leur tour leur soutien officiel en 1918, suivies par Wilson lui-même en 1919, puis par le Japon. Le 25 avril 1920, lors de la Conférence de San Remo, le Conseil suprême des forces alliées confia à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine, en y intégrant la Déclaration Balfour comme base juridique, conformément à l’article 2 du mandat. Ce mandat fut approuvé par la Société des Nations le 24 juillet 1922 et entra en vigueur le 29 septembre 1923. Ainsi, la Déclaration Balfour s’imposa non comme une simple promesse britannique, mais comme un engagement occidental collectif.

Les réactions arabes furent marquées par la stupeur, l’indignation et la colère. Pour apaiser ce mécontentement, Londres adressa une lettre au chérif Hussein, promettant que la colonisation juive en Palestine ne serait autorisée que dans la mesure où elle ne nuirait pas aux intérêts des habitants arabes. Mais dans les faits, la Grande-Bretagne facilita l’installation des colons juifs venus d’Europe de l’Est, plaça l’administration militaire sous l’autorité de la commission sioniste dirigée par Chaim Weizmann, successeur de Herzl, et assura protection et assistance aux vagues d’immigration juive.

Face à cette politique, le peuple palestinien refusa de se soumettre. Il mena plusieurs soulèvements successifs contre l’occupation et les projets sionistes, dont la Révolte d’Al-Buraq en 1929, suivie par la grande révolte de 1936.

Le mouvement sioniste, de son côté, fit de la Déclaration Balfour une pierre angulaire de son argumentaire politique et juridique pour la création d’un État juif en Palestine. Il y vit l’aboutissement du programme adopté lors du premier Congrès sioniste de Bâle en 1897, qui proclamait la lutte pour un « foyer national pour le peuple juif en Palestine ».

La Déclaration Balfour est d’ailleurs explicitement évoquée dans la Déclaration d’indépendance israélienne de 1948, comme reconnaissance officielle du « renouveau national sur une terre reconnue par la Déclaration Balfour ».

Ce texte, émanant d’un ministre britannique favorable au sionisme, permit aux juifs d’obtenir ultérieurement le mandat britannique, puis la résolution 181 de l’ONU en 1947 sur le partage de la Palestine, qui ouvrit la voie à la proclamation d’Israël le 15 mai 1948. Par la pression des grandes puissances, ce nouvel État obtint son admission à l’ONU — devenant ainsi la première entité de l’histoire moderne fondée sur la terre d’un autre peuple, avec une légitimation internationale.

Lorsque la Déclaration Balfour fut publiée, la population juive en Palestine ne dépassait pas 50 000 personnes, sur près de 12 millions de juifs dans le monde. En revanche, la population arabe atteignait environ 1,65 million d’habitants, vivant et développant leurs villes, villages et campagnes depuis des millénaires. Pourtant, la déclaration ignora leurs droits politiques, ne reconnaissant que des « droits civils et religieux » aux communautés non juives.

Texte intégral de la Déclaration Balfour (2 novembre 1917) :

Ministère des Affaires étrangères, Londres

Cher Lord Rothschild,

J’ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante, approuvée par le Cabinet :

« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont jouissent les juifs dans tout autre pays. »

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

— Arthur James Balfour

H.A

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