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Accueil Rapports et Enquêtes 14/December/2025 12:42 PM

Vies suspendues : l’impact humain des fermetures répétées dans le sud de Bethléem

Par Waad AlKar

Bethléem, le 14 décembre 2025, WAFA- Dès les premières heures du matin, les habitants des villages situés au sud de Bethléem ont été confrontés à un scénario devenu quasi quotidien : les forces d’occupation israéliennes ont fermé les accès aux villages d’Al-Manshiyya et de Marah Rabah, imposant un quasi-blocus dans une zone déjà soumise à des restrictions permanentes. L’entrée principale de la ville de Beit Fajjar reste fermée depuis le 7 octobre 2023, obligeant les habitants à emprunter des routes secondaires étroites, incapables de supporter le trafic quotidien de milliers de véhicules.

Selon un rapport publié par l’Autorité de résistance au mur et à la colonisation en octobre dernier, le nombre total de points de contrôle, barrières et postes militaires sur le territoire palestinien atteint 916, dont 243 barrières métalliques installées depuis octobre 2023.

Ce matin, employés, étudiants et conducteurs se sont retrouvés bloqués derrière des routes fermées et des barrières, sous le contrôle arbitraire des soldats, qui ouvrent et ferment les passages par intermittence. Ce fonctionnement crée un état de paralysie quasi-total, transformant le trajet quotidien en une épreuve d’angoisse et de retard.

Les villages concernés – Beit Fajjar, Al-Manshiyya et Marah Rabah – forment un ensemble géographique et économique interconnecté. Les habitants dépendent des mêmes routes pour accéder au travail, aux écoles, aux universités, aux hôpitaux et aux marchés. La fermeture prolongée de l’entrée principale de Beit Fajjar force les habitants à utiliser des voies alternatives, initialement conçues pour un usage local, ce qui entraîne congestion, détérioration rapide des routes et accidents fréquents.

Les témoignages reflètent le poids humain de cette situation. Mahmoud Taqatqa, employé, raconte : « Je suis parti de chez moi il y a deux heures pour arriver à l’heure au travail, mais je suis toujours bloqué. Ce n’est plus exceptionnel, c’est devenu hebdomadaire. » Pour les familles, l’angoisse quotidienne est palpable : une mère explique devoir parfois renoncer à sortir, car la fermeture prolongée empêche ses enfants d’aller à l’école, tandis que les étudiants universitaires peinent à suivre leurs cours et voient leur rendement scolaire affecté.

Les chauffeurs, notamment ceux des transports publics, subissent également les conséquences économiques de ces restrictions. « Nous perdons du temps, du carburant et des revenus », affirme Samer Thawabteh, conducteur de véhicule public. L’ouverture temporaire des barrières provoque une congestion immédiate sur les routes secondaires, non adaptées à un trafic aussi dense, aggravant les retards et les risques d’accidents.

Khader Abu Dayya, président du conseil villageois d’Al-Manshiyya, qualifie ces fermetures de politique délibérée, visant à exercer une pression sur les habitants : « Depuis la fermeture de Beit Fajjar, les routes alternatives sont devenues le seul accès. Elles ne sont pas conçues pour gérer un tel flux quotidien. L’occupation ne propose aucune alternative, laissant les habitants dans une situation de chaos et de danger permanent. »

Cette situation affecte l’ensemble du tissu social et économique de la région. L’accès au travail, à l’éducation et aux services de santé est limité, plongeant les habitants dans une incertitude permanente. Le quotidien est rythmé par l’ouverture et la fermeture arbitraires des points de contrôle, transformant des trajets simples en épreuves de patience et de stress.

Les impacts humains sont multiples : malades incapables d’atteindre les hôpitaux, étudiants privés d’enseignement, employés pénalisés pour des retards indépendants de leur volonté. Une habitante déclare : « Nous ne demandons pas l’impossible. Nous voulons simplement pouvoir vivre normalement, aller au travail et envoyer nos enfants à l’école sans craindre d’être bloqués. Ce blocus nous étouffe lentement. »

Le conseil villageois souligne que les solutions locales restent limitées face au contrôle total de l’occupation sur les entrées principales. La répétition hebdomadaire de ces fermetures menace non seulement la vie quotidienne mais aussi le tissu social et économique de la région. « Quand les habitants sont isolés de leur travail, de l’éducation et des services essentiels, la vie communautaire entière se détériore », ajoute Khader Abu Dayya.

Ce scénario n’est pas seulement une crise de circulation : il s’agit d’une crise humanitaire quotidienne, où les droits fondamentaux des habitants à la liberté de mouvement, à l’éducation, au travail et aux soins médicaux sont constamment entravés. Entre un passage ouvert quelques minutes et une fermeture de plusieurs heures, la vie des habitants reste suspendue à la volonté des forces d’occupation.

H.A

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