Par Rasha Hirzallah
Ramallah, le 15 mai 2020, WAFA-Au milieu des massacres perpétrés par l‘invasion des gangs sionistes dans la Palestine historique d‘avant 1948 qui a conduit à la création d‘Israël d‘aujourd‘hui, et au milieu des bombardements et du nettoyage ethnique, qu‘est-ce que cela signifie-t-il qu‘un être humain meurt seul de soif?
Quelqu‘un peut-il décrire ou imaginer au moins un événement comme celui-ci, ou peut-il même imaginer un événement de cette nature lorsque la mort et le déplacement se produisent partout? Mais c‘est ce qui est arrivé à Mme Nabiha Al-Huneidi.
Nabiha, bien qu‘elle soit analphabète, était connue pour son extraordinaire popularité et son respect parmi les femmes de Lod, et se voyait généralement offrir le siège de présidente dans n‘importe quel conseil, où elle racontait aux femmes des versets qu‘elle mémorisait et d‘autres qu‘elle improvisait, bien qu‘elle n‘ait pas reçu toute éducation scolaire.
Fille préférée de son père et la fille de l‘homme le plus riche de Lod avant la Nakba de Palestine de 1948. Nabiha s‘est mariée avec M. Daoud Tarteer, un membre de la famille Tarteer alors riche, décédé à un âge précoce. La dame a dû élever quatre orphelins. Elle considérait leur éducation comme une priorité absolue et vivre pour ses enfants et leur avenir était la mission principale de sa vie.
Les événements de la Nakba en 1948 ont commencé à changer sa vie, car les milices sionistes ont détruit le pays et les membres de sa famille ont été déplacés. Malheureusement, Nabiha est morte seule de soif à l‘intérieur d‘une mosquée de Lod et a été enterrée dans un endroit inconnu jusqu‘à aujourd‘hui.
Il y a quelques années, une photo d‘une fontaine publique commémorative est devenue virale sur les réseaux sociaux et disait: «De l‘eau gratuite disponible en l‘honneur de ma grand-mère Nabiha Al-Huneidi, décédée seule de soif, après notre expulsion de Lod le 13 juillet 1948». Cette photo est devenue emblématique et les gens ont commencé à l‘utiliser pour commémorer la Nakba le 15 mai de chaque année. Cependant, les détails de l‘histoire derrière ce mémorial sont restés inconnus de beaucoup.
Il y a plusieurs semaines, nous avons commencé à chercher l‘emplacement de ce monument et de son propriétaire, nous avons contacté de nombreux membres de la famille dispersés au Koweït, en Arabie saoudite et aux États-Unis, mais ils ont dit qu‘ils ne savaient rien de l‘histoire, certains d‘entre eux ont déclaré que la photo avait très probablement été prise en Jordanie. D‘autres ont dit que la photo avait peut-être été prise à Lod, tandis que certains nous ont dit qu‘ils n‘en savaient rien de plus de ce qui était écrit sur le mémorial. Jusqu‘à ce moment, Nabiha était inconnue, tout comme sa mystérieuse histoire de mort.
Notre recherche s‘est poursuivie jusqu‘à ce que nous tombions sur un commentaire publié sur Facebook il y a trois ans. Le commentaire portait sur une photo publiée par un militant déclarant que le mémorial avait été construit dans le "Palais Tarteer" dans la ville de Surda, au nord de Ramallah. On nous a dit que le propriétaire du palais était décédé en 2015, que ses enfants avaient immigré aux États-Unis et que la maison était verrouillée depuis.
Mais, nous continuions notre recherche jusqu’a ce que nous tombions sur un commentaire de Mahasen Tarteer, la petite-fille de Nabiha, sur Facebook dans lequel elle a félicité sa grand-mère et sa cousine, qui a construit le mémorial. Nous avons parlé à Mahasen, 74 ans, qui réside dans la capitale jordanienne d‘Amman après qu‘elle, avec sa famille, a été expulsée de sa ville natale de Ramleh par des gangs sionistes en 1948.
Mahasen a parlé de sa grand-mère avec une grande tristesse en racontant ce qui a été raconté par son père, Ayoub, qui et sa famille ont été expulsés de Lod en transportant sa fille, Mahasen, ses frères et ses cousins vers la ville de Ni’lin, à l‘ouest de Ramallah, de peur des massacres des gangs sionistes.
À ce moment-là, Nabiha, qui avait 60 ans, est restée à la maison parce que ses enfants ont été forcés de marcher des dizaines de kilomètres, elle était handicapée et avait besoin de quelqu‘un pour la porter jusqu‘au bout.
Mahasen Explique : « En raison de la gravité de la tragédie, ma cousine portait sa fille et à cause de l‘épuisement et de la soif, elle l‘a laissée sous un arbre, mais mon père est retourné là-bas et l‘a portée. »
Après un long voyage plein de fatigue et d‘épuisement, le père et ses frères sont arrivés à Ni‘lin, et après avoir sécurisé leurs familles avec l‘une de leurs connaissances, ils sont retournés à Lod pour amener leur mère. Mais ils ne pouvaient pas l‘atteindre, car les gangs sionistes tiraient au hasard sur des gens, bombardaient des maisons et détruisaient tout ce qu‘ils voyaient sur leur chemin. La famille a poursuivi ses tentatives pour atteindre Nabiha, mais en vain.
Nabiha n‘a trouvé personne pour prendre soin d‘elle, car elle n‘a pu faire aucun effort sans aide, jusqu‘à ce qu‘elle soit trouvée par l‘oncle de la mère de Mahasen, Hajj Ibrahim, qui s‘est porté volontaire pour aider les nécessiteux et qui l‘a déplacée avec un certain nombre des personnes âgées dans une mosquée de la ville. Hajj Ibrahim s‘est occupé d‘elles, les a supervisés, les a nourries et les a abreuvées mais, comme le père de Mahasen lui a raconté, les gangs sionistes ont imposé un couvre-feu à la ville, arrêté les jeunes et les hommes, empêchant Hajj Ibrahim de l‘atteindre, et Nabiha a dû affronter son destin seul.
Le 13 juillet 1948, Nabiha est morte seule dans la mosquée de faim et de soif. Elle est morte seule, sans personne avec elle, sauf quelques bénévoles inconnus qui l‘ont enterrée dans un endroit inconnu à ce jour.
Nabiha est l‘un des cas dont les petits-enfants ont pu documenter, mais est un symbole et une preuve de centaines de milliers d‘histoires similaires qui sont restées inédites, qui confirment que sous cette terre, des millions d‘histoires témoignent des crimes les plus odieux commis contre le peuple palestinien.
H.A/F.N