Ecrit par Rasha Harzallah
Traduit par Fatima Nasser
Ramallah, le 4 mars 2020, WAFA-
La voiture s’est arrêtée devant un portail en fer jaune, entouré de murs en béton et de barbelés, au-dessus duquel plus de 10 caméras de surveillance sont installées.
À première vue, nous avons pensé que nous avions perdu notre chemin vers la maison de Saadat Ghreib et avons emprunté le chemin de l‘une des colonies sur les terres du village de Beit Ijza, à l‘ouest de Jérusalem occupée.
Quelques minutes se sont écoulées, avant que Ghreib ne sorte de la porte, nous demandant d’entrer dans la maison située dans la colonie de ‘Givon Hadashah‘, qui avait été construite sur son terrain depuis 1994.
Nous avons franchi le portail, et nous savons étrangement par Ghreib, que chaque pas que nous faisons ou un mot que nous disons sont directement enregistrés par les caméras qui surveillent ce qui se passe dans la maison et ses environs par un soldat israélien assis au poste de police "Atarot", qui se trouve à 20 kilomètres du village.
Dans cette maison il n‘y a pas d‘intimité.
À deux mètres du portail, une porte orange fermée, donnant sur un chemin de terre menant à la colonie mentionnée. Nous avons interrogé Ghreib à ce sujet, il a répondu que les soldats de l’occupation l’utilisent pour les prises d’assaut du village, de mener des campagnes d’arrestations, d’installer des barrages militaires devant la maison et d’interdire à la famille d’y entrer ou de sortir.
Il y a aussi une autre porte dont la clé est entre les mains des colons, qui prennent d‘assaut le village et exercent leur vandalisme contre les citoyens, en particulier contre la famille Ghreib.
Partout où vous regardez, vous trouverez des murs et des fils avec des capteurs électriques installés dessus, qui indiquent que vous entrez dans une cage, pas dans une maison.
Nous «vivons parmi des monstres», dit Ghreib, se souvenant de ce qui s‘est passé il y a des années, lorsque les colons ont coupé la clôture entourant la maison, et se sont faufilés la nuit, profitant du sommeil de la famille, ils étaient plus de 200 colons.
Ils ont attaqué la famille avec des pierres et des cocktails Molotov après la fermeture du portail en fer, les villageois qui sont venus à leur secoure n‘ont pas pu les atteindre, alors la famille a résisté tant qu’elle a pu et a échappé de justesse de la mort
En 1978, Sabri Ghreib le père de Saadat, a pu obtenir un permis pour construire sa maison dans la colonie de Beit El sur les terres d‘Al-Bireh. Après l‘avoir préparé, les autorités d‘occupation ont tenté de la démolir, mais l‘existence du permis les a empêchés de le faire.
Malgré la force que l‘occupation a utilisée et les offres matérielles, n‘ont pas pu forcer la famille d’abandonner sa maison de 120 mètres carrés. Tout ce qui reste du terrain de Ghreib est de 101dunums.
Entre 1979 et 1994, les autorités d‘occupation n‘ont pas été en mesure de poser une seule pierre dans la colonie, en raison de la résistance de la famille, car ses membres sortaient de nuit pour couper la clôture et les poteaux métalliques et saboter les câbles que l‘occupation installait.
La famille a déposé une plainte auprès du tribunal d‘occupation contre la saisie de terres et comme d‘habitude, le tribunal a continué de retarder, malgré la possession par la famille de papiers qu‘elle a apportés de Turquie, prouvant qu‘elle était propriétaire de la totalité du terrain.
Mais en 1994, les bulldozers israéliens ont commencé à raser la terre par la force, après avoir fait venir des centaines de travailleurs et d‘entrepreneurs, pour établir la colonie.
La famille ne s‘est pas découragée et a continué d‘empêcher la construction sur ses terres jusqu‘au dernier souffle, face aux abus des autorités d‘occupation et des colons, jusqu‘à ce que les soldats battent sévèrement Saadat, tandis qu‘un colon jetait un pot sur sa tête, le blessait gravement.
"Les colons ont planté la colonie avec des oliviers qui ont été à l‘origine déracinés de ma terre, pour prouver leur fausse propriété de la terre, et qu‘ils sont ici depuis longtemps, mais j‘ai des photos de la maison depuis les années 80, avant la création de cette colonie", explique Saadat.
Nous avons marché vers la place extérieure de la maison, jusqu‘à ce que nous sommes arrivés à côté du premier logement de la colonie, qui est seulement à trois mètres de la maison Saadat, où vivent deux colons extrémistes, qui sortent de temps en temps pour insulter la famille.
Ghreib parle des «jours noirs» que la famille a vécus après avoir placé le portail en fer à l‘entrée de la maison en 2008, lorsque l‘occupation le fermait par un dispositif de contrôle du poste de police «Atarot» et empêchait la famille d‘entrer ou de sortir de la maison, il a dit qu‘il attendait des fois l‘ouverture du portail à partir de huit heures du matin. Jusqu‘à quatre heures du soir pour aller travailler sans succès.
Pendant que nous nous promenions autour de la maison de Saadat l‘une des colons femme nous observait derrière la fenêtre, Saadat a souri et a dit qu‘il était très possible qu‘une force de l‘armée d‘occupation vienne nous interroger ou même nous arrêter, les colons n’aiment pas notre présence, ni le bruit de mes enfants quand ils jouent sur la place, les colons appellent le poste de police d‘Atarot.
À ce jour, Saadat ne peut effectuer aucune réparation dans la maison, ni y construire d‘étages supplémentaires, ou bien renouveler la peinture de la maison, ce qui pourrait le conduire en prison.
Lors d‘une des visites, ils m‘ont demandé d‘obtenir des permis pour tous ceux qui voulaient me rendre visite, ou bien de porter le chapeau des colons "kibba" quand je voulais quitter la maison, ou de montrer ma carte d‘identité à chaque entrée et sortie, mais j‘ai refusé, car si je cédais aux moindres demandes, je devrais me soumettre à tous ce qu‘ils désirent.
Aujourd‘hui encore, la famille sort de la maison en alternance, de sorte qu‘un de ses membres reste pour la garder, craignant que l‘occupation en profite et ferme le portait et les empêche ainsi d‘y retourner.
Il y a quelques années à peine, les offres faites par les officiers d‘occupation à Saadat en échange de son départ de la maison se sont arrêtées, à commencer par un sac plein d‘argent et des chèques ouverts.
jusqu‘à des offres de voyager avec sa famille et de la stabilité dans n‘importe quel pays du monde, et de couvrir toutes ses dépenses à vie avec un salaire mensuel avec le montant qu‘il voulait, devant son refus et son insistance à rester.
Les attaques des colons, qui se poursuivent depuis des décennies, contre la famille n‘ont pas changées surtout après que le président Trump a annoncé "l‘accord du siècle".
On peut dire que la seule différence est que l‘accord leur a donné une protection supplémentaire avec une signature américaine sur ces attaques, et elles sont devenues plus agressives.
F.N