Accueil Rapports et Enquêtes 22/March/2023 10:46 AM

« Annulation du désengagement » … Feu vert à davantage de colonies dans toute la terre palestinienne

« Annulation du désengagement » … Feu vert à davantage de colonies dans toute la terre palestinienne

Par Rami Samara

Ramallah, le 22 mars 2023, WAFA-

Tard dans la nuit du lundi dernier, le Parlement israélien (Knesset) a approuvé, en deuxième et troisième lectures, l'annulation des dispositions de la loi sur le « désengagement » approuvée et appliquée en 2005.

A trois heures du matin, le chef de la commission des affaires étrangères et de la sécurité de la Knesset israélienne, Yuli Edelstein, du parti de Likoud, a publié une vidéo sur Twitter avec un groupe de colons pour faire une déclaration célébrant la décision de l’annulation du désengagement.

Il a dit : « Nous avons ratifié l'abolition de la loi de désengagement, ces gens merveilleux retourneront dans leur terre et celle de leurs familles, et ne seront plus des contrevenants à la loi ».

Il a ajouté que son gouvernement envisage de reconstruire les colonies et cela n’aidera non seulement la colonisation, mais aussi la lutte dans ce qu’il a appelé « le terrorisme » et le développement de la terre d’Israël.

La loi, dont certaines dispositions ont été supprimées, est entrée en vigueur il y a 18 ans, et a stipulé à l'époque le retrait des forces d'occupation israéliennes de la bande de Gaza et leur repositionnement sur ses frontières, et l'évacuation de 4 colonies établies sur les terres du gouvernorat de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.

Les articles qui ont été annulés après les trois lectures au Parlement, selon lesquelles il était interdit d'entrer dans les quatre colonies qui ont été évacuées, toutes dans le gouvernorat de Jénine, à savoir : « Janim, Kedim, Homesh et Sanor ».

La nouvelle loi permet aux colons de retourner dans ces colonies démantelées, en annulant les sanctions pénales imposées en vertu de la loi sur le « désengagement » à ceux qui entrent ou résident dans ces quatre colonies, qui sont situées sur des terres palestiniennes privées.

Elayyan Hindi, chercheur des Affaires israéliennes, a clarifié que les tentatives des colons se sont intensifiées pendant les derniers dix ans pour retourner « illégalement » à ces quatre colonies ou certaines d'entre elles. Maintenant que la nouvelle loi a été promulguée, il sera possible de prendre de nouvelles décisions de la part de l'Administration civile pour reconstruire les colonies évacuées dans la zone entre Jénine et Naplouse.

« Cette loi n'est que le début du processus de colonisation et plus tard, il sera nécessaire de préparer des plans structurels pour renvoyer les colons dans leurs lieux de résidence avant le désengagement, et cela est facilité par le fait que les terres sur lesquelles les colonies ont été établies après leur démantèlement, les Palestiniens n'ont pas été autorisés à les réutiliser, même à des fins agricoles, et sont donc restés sous le contrôle du gouvernement militaire israélien», a ajouté M. Hindi.

Il a mentionné que la construction dans les colonies évacuées qui était minimum, dépendra du nombre de ceux qui souhaitent y revenir, mais vu la convoitise israélienne de s'emparer de plus de terres palestiniennes, les colons vont réussir à attirer plus de personnes dans ces colonies, en particulier parmi les religieux et les adeptes du sionisme qui ont voté pour Smotrich et Ben-Gvir lors des récentes élections à la Knesset.

Il a souligné que la colonisation, depuis le début du conflit avec le mouvement sioniste jusqu'à aujourd'hui, n'était pas soumise à des critères de satisfaction des électeurs, mais était plutôt basée sur une « doctrine » dont le but principal est de remplacer les Palestiniens par des colons juifs, et ce qui signifie que cette loi ne peut se limiter au seul cadre des accords de coalition ou à la réalisation des désirs d'un parti en particulier, mais dans la réalisation d'une stratégie plus globale.

Le coordinateur du Comité populaire de la résistance contre le mur et les colonies, Jamal Jomaa, a déclaré que l'objectif principal de cette loi est avant tout politique d’autant plus que l'idée d'évacuer les colonies est catégoriquement rejetée, et même ce qui a été évacué dans le cadre du projet de transformer la Cisjordanie en cantons et ghettos a été rétractée.

Jomaa a expliqué que le retour aux quatre colonies évacuées à Jénine reflète le désir de s'approprier complètement les terres palestiniennes, d'autant plus que Jénine avait la moindre part en termes de colonies, mais que la réalité pourrait changer.

Il a déclaré que le retour des colonies à Jénine de cette manière est une violation de tous les territoires palestiniens occupés en 1967. Par conséquent, il n'y a pas de limites à l'expansion des colonies. « Je pense que cela s'inscrit dans le cadre du projet sioniste basé sur la considération que toute la terre est israélienne, et cela nourrit surtout après l’adoption de la loi nationale en 2018 ».

M. Jomaa a indiqué que tous les développements actuels et après que les pouvoirs de la soi-disant « administration civile » en Cisjordanie donnés au ministre extrémiste Bezalel Smotrich, est une incarnation de l'application du « droit civil israélien » sur la Cisjordanie.

Dans ce contexte, il a clarifié que l’armée d’occupation n’est plus responsable de la direction de la Cisjordanie, ce qui entraîne la reconnaissance de l'abolition de l'occupation israélienne, et lorsque les pouvoirs de l'administration civile sont transférés d'un organe dirigé par l'armée à l'administration civile israélienne, cela est pratiquement considéré comme une annexion de la Cisjordanie, et fait partie du processus de donner feu-vert à la colonisation dans tous les territoires palestiniens.

Jomaa a mis en garde que les quatre colonies, dans lesquelles les colons retourneront, ne seront pas à la taille où elles ont été évacuées, car des projets d'élaboration de plans de reconstruction seront lancés, et cela sera accompagné d'une annonce du soi-disant « zones de sécurité » pour assurer l'expansion continue des colonies.

En sus de cela, la construction des infrastructures, des routes, des tours militaires et des casernes afin de protéger et de faciliter l’entrée des colons à ces régions, ce qui signifie la saisie davantage terres agricoles palestiniennes.

« Jénine entrera avec force dans le plan de « cantonisation », tentant d'imposer un blocus et une fragmentation en Cisjordanie, séparant les régions du nord, du centre et du sud, séparant les villages et les villes.

Lorsque la nouvelle loi sera liée à légalisation des avant-postes, cela signifiera qu'un grand nombre d'avant-postes se transformeront en colonies qui ont de grands plans d'expansion, ce qui fragmentera davantage la réalité palestinienne et assiégera le peuple.

Répondre à la question : « Pourquoi les autorités d’occupation ont démantelé et évacué ces colonies conçues dans le plan sioniste ? L’analyste politique et expert juridique, Mohammed Dahla a dit que la décision du désengagement a été prise à l’étape suivie de la deuxième intifada dans le cadre d’efforts régionaux et internationaux pratiqués sur le gouvernement de Tel Aviv afin d’atteindre un règlement de la cause palestinienne et d’accorder le droit à l’autodétermination au peuple palestinien et par la suite, Ariel Sharon a pris la décision « désengagement » au milieu d’une grande opposition parmi les israéliens d’extrême droite.

Il a dit : « A l’époque, il y avait une opinion disant qu'il devait y avoir une solution avec les Palestiniens, même si elle était unilatérale et sans accords signés avec l'Organisation de libération ou l'Autorité palestinienne, et incluait le retrait de la bande de Gaza et certains colonies dans le nord de la Cisjordanie : cela donnerait le signal qu'Israël s'achemine vers la mise en œuvre de la solution à deux États, bien que progressivement, afin de regagner la confiance de la Maison Blanche et d'ouvrir des horizons pour normaliser de nouvelles relations avec pays du monde arabe.

Maintenant, ce qui a changé, selon Dahla, c'est la mentalité, parce que le nouveau gouvernement israélien formé qui reflète une société plus extrémiste, voit le retrait des colonies comme une concession aux Palestiniens qui n'aurait pas eu lieu parce qu'elle contredit la vision sioniste, qui considère que le prétendu État d'Israël devrait être établi sur tout le territoire de la Palestine historique.

H.A/F.N

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