Ramallah, le 28 septembre 2025, WAFA- Il y a un quart de siècle, le 28 septembre 2000, une visite hautement controversée d’Ariel Sharon, alors chef du Likoud et leader de l’opposition israélienne, dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupée, allait rallumer l’une des pages les plus sanglantes du conflit israélo-palestinien : la Seconde Intifada, également appelée Intifada d’Al-Aqsa.
L’étincelle d’un soulèvement :
Entouré d’un imposant dispositif de sécurité composé de policiers et soldats israéliens, Sharon avait pénétré dans le troisième lieu saint de l’islam, quelques jours seulement après la commémoration du massacre de Sabra et Chatila, dont il avait été jugé indirectement responsable. Pour les Palestiniens, cette présence n’était pas seulement une provocation : elle symbolisait l’impasse politique et l’arrogance d’une occupation sans issue.
Le lendemain, un vendredi de prière, la tension éclata en affrontements violents sur l’esplanade des Mosquées et dans la vieille ville de Jérusalem. Les forces israéliennes ouvrirent le feu, tuant plusieurs Palestiniens et en blessant des centaines d’autres. Très vite, la contestation se propagea à l’ensemble de la Cisjordanie, de Gaza, et jusque dans les communautés palestiniennes en Israël. La répression fut brutale : le seul mois d’octobre 2000 fit des centaines de victimes, en grande majorité des civils non armés selon Amnesty International.
Parmi les images marquantes de ces premiers jours figure celle de Mohammed al-Durrah, 12 ans, abattu dans les bras de son père à Gaza. Diffusées dans le monde entier, ces séquences devinrent le symbole de la vulnérabilité palestinienne face à la puissance militaire israélienne.
Une insurrection marquée par la violence et la répression :
La Seconde Intifada survint dans un climat déjà chargé de désillusion : l’échec du sommet de Camp David, quelques mois plus tôt, avait enterré les espoirs d’un règlement sur Jérusalem et sur le droit au retour des réfugiés. Alors que les Palestiniens aspiraient à une indépendance imminente, leurs attentes s’étaient transformées en colère.
Avec le grand nombre de meurtres, l'Intifada a pris un cours plus violent car les armes ont été utilisées pour la première fois depuis le début du processus de paix au début des années 1990 et Israël, dirigé par Ariel Sharon, a utilisé des avions de combat pour assassiner les combattants et les dirigeants palestiniens et détruire les bâtiments palestiniens, tandis que les Palestiniens ont eu recours à des attentats suicides à l'intérieur d'Israël.
En conséquence, Israël a réoccupé les villes palestiniennes de Cisjordanie à partir de 2002, notamment Ramallah, la base de l'Autorité palestinienne et son chef Yasser Arafat, qui a été assiégé dans son quartier général jusqu'à sa mort en novembre 2004.
C’est aussi durant cette période que fut érigé le mur de séparation, amputant des milliers de dunums de terres agricoles palestiniennes et fragmentant davantage le territoire.
Un héritage douloureux, un avenir en suspens :
Entre 2000 et 2005, la Seconde Intifada coûta la vie à plus de 3 000 Palestiniens et provoqua des destructions massives dans les villes, villages et institutions palestiniennes. Elle laissa également une empreinte profonde dans la mémoire collective, marquée à la fois par la résistance et par le lourd tribut payé par la population civile.
En mars 2002, alors que la violence atteignait son paroxysme, l’Arabie saoudite porta une initiative de paix arabe promettant la normalisation avec Israël en échange d’un retrait total des territoires occupés et de la création d’un État palestinien. Israël l’ignora alors, et un quart de siècle plus tard, cette proposition demeure lettre morte.
Une mémoire vive :
Aujourd’hui, en ce 25ème commémoration, le souvenir de la visite de Sharon à Al-Aqsa reste vif dans la conscience palestinienne. Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement d’une date historique, mais d’un rappel douloureux de la fragilité des accords politiques et du prix humain de l’occupation. L’Intifada d’Al-Aqsa continue de résonner comme un cri de dignité étouffé dans le fracas des armes, et comme un tournant qui a façonné l’histoire contemporaine de la Palestine.
H.A