Accueil Rapports et Enquêtes 10/January/2024 11:54 AM

Dans un événement historique... Israël comparaît devant la Cour de Justice internationale

Dans un événement historique... Israël comparaît devant la Cour de Justice internationale

Ramallah, le 10 janvier 2024, WAFA-

Par Asil Alakhras

Dans un événement historique, demain, jeudi 11 janvier, Israël, puissance occupante, comparaîtra pour la première fois devant la Cour internationale de Justice dans la ville néerlandaise « La Haye », dans le cadre du procès intenté contre lui par le État d’Afrique du Sud, qui l’accuse d’avoir commis le crime de « génocide » contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza.

Selon la plainte intentée par l’Afrique du Sud le 29 décembre dernier, sur fond d’implication d’Israël dans des « actes de génocide » contre la population de la bande de Gaza, la Cour a fixé aux 11 et 12 janvier la tenue des audiences.

L'Afrique du Sud soumet un plaidoyer de 84 pages en anglais, dans lequel elle présente la preuve qu'Israël, la puissance occupante, a violé ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et d’être impliqué de commettre de génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza.

L’Afrique du Sud a demandé à la CIJ d'indiquer des mesures provisoires pour protéger contre tout préjudice grave et irréparable aux droits du peuple palestinien en vertu de la Convention sur le génocide. L'objectif est de garantir le respect par Israël de ses obligations au titre de la Convention sur le génocide, qui interdit de se livrer, de prévenir et de punir le génocide.

Awadallah : Les résolutions de la CIJ sont contraignantes pour tous les États :

Le secrétaire d'État adjoint aux Nations Unies et à ses organisations spécialisées, Omar Awadallah, a déclaré que l’étape courageuse de l'Afrique du Sud est conforme à la voie juridique adoptée par l’État de Palestine pour tenir Israël responsable de ses crimes continus contre notre peuple au cours de 75 ans.

« Cette étape de l’Afrique du Sud amie, qui a une riche histoire de lutte, n’est pas bizarre, car c’est celle dont le défunt président, le dirigeant de l’ONU Nelson Mandela, a déclaré : « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».

Awadallah a souligné que ce procès contribuerait à instaurer la justice internationale, à rejeter l'apartheid et à mettre fin aux graves violations et crimes commis par Israël contre notre peuple.

Le secrétaire d'État adjoint aux Nations Unies et à ses organisations spécialisées a souligné que les décisions de la Cour internationale de Justice sont contraignantes pour tous les pays non seulement pour ne pas commettre le crime de génocide, mais aussi pour le prévenir et le punir.

Il a déclaré que le fond de l'affaire discutait également de l'intention des responsables israéliens de commettre et de continuer à commettre des actes de génocide à travers leurs déclarations, qui tentaient de diaboliser les Palestiniens et de les déshumaniser pour mettre en œuvre des plans de génocide contre eux.

Concernant l'audience de la Cour des 11 et 12 de ce mois, Awadallah a déclaré : « La CIJ de 15 juges écoutera le premier jour l'État d'Afrique du Sud et son équipe juridique pendant deux heures, et la séance sera ajournée pour délibération, et le deuxième jour, il écoutera l'État occupant, puis la séance sera ajournée pour examiner les procédures et mesures urgentes ».

Il a souligné l'importance de lier le génocide commis par Israël dans la bande de Gaza, considéré comme le pire et le plus odieux des crimes, avec les crimes commis en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, car ils sont systématiques et s'inscrivent dans la continuité de son projet de génocide ou de déplacement du peuple palestinien.

Awadallah a espéré que la Cour de Justice publiera une décision rapide de mettre fin à l'agression israélienne contre notre peuple car le temps à Gaza est plein de sang et de douleur, et que les mesures urgentes de la Cour contribuera à protéger notre peuple.

Israël attaque l'Afrique du Sud :

Israël craint que la Cour internationale de Justice ne l'accuse de génocide en raison de son agression continue en cours contre le peuple palestinien, qui est entrée dans son quatrième mois, c’est pourquoi, il a lancé une attaque contre la République d'Afrique du Sud après avoir déposé une plainte devant la CIJ l’accusant d’avoir commis des « crimes de génocide ».

Le chef de l’État occupant, Isaac Herzog, lorsqu’il a reçu hier mardi le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, a attaqué l’Afrique du Sud et affirmé qu’« il n’y a rien de plus brutal » que le procès intenté par l’Afrique du Sud accusant Israël d'avoir commis un génocide dans sa guerre contre la bande de Gaza.

Tzachi Hanegbi, chef du Conseil de sécurité nationale israélien, a qualifié de « calomnie » l’accusation de l’Afrique du Sud selon laquelle Israël aurait commis le génocide à Gaza, et a déclaré : « Nous nous joindrons à (l’affaire) et réfuterons l’accusation ridicule qui équivaut à une diffamation de sang. »

Le ministère israélien des Affaires étrangères, à son tour, a annoncé son rejet de la plainte déposée par l'Afrique du Sud, affirmant qu'il s'agissait d'une « conspiration et que l'argument de l'Afrique du Sud manque de fondement factuel et juridique et constitue une exploitation à bas prix de la Cour internationale de Justice. »

Elle a ensuite annoncé qu'elle assisterait aux audiences qui se tiendront au tribunal les 11 et 12 janvier.

Au même niveau, la société de radiodiffusion officielle israélienne a cité l'ambassadeur de l'État occupant auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, affirmant que le dépôt d'une plainte par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice était une « conspiration sanglante et une coopération avec une organisation terroriste ».

Israël a choisi le juge à la retraite Aharon Barak, ancien président de la Cour suprême israélienne, pour le représenter au sein de l'équipe de juges de la Cour internationale de Justice, dans le cadre du procès intenté par l'Afrique du Sud.

Il convient de mentionner qu'il a fait l'objet d'attaques de la part de ministres et de membres de la Knesset de la coalition gouvernementale, en raison de ses critiques du projet d'amendements judiciaires récemment proposé par Netanyahu.

Relations historiques entre la Palestine et l’Afrique du Sud :

Les relations entre l’Afrique du Sud et la Palestine ont connu un développement remarquable depuis 1994, sous le règne du feu dirigeant de l’ONU Nelson Mandela, après la fin du régime de l’apartheid, car la position en faveur de la question palestinienne est devenue plus claire.

Les relations entre les deux pays se sont renforcées avec l'intérêt croissant des dirigeants sud-africains pour la question palestinienne, et les dirigeants politiques de la République d'Afrique du Sud ont échangé des visites et des réunions avec les dirigeants politiques palestiniens depuis la visite du défunt président Yasser Arafat en République d'Afrique du Sud en 1994, jusqu'à sa deuxième visite officielle en 1998, suivies de visites à intervalles séparés, dont la plus marquante fut celle du défunt président Arafat en avril 1999 et août 2000, puis sa célèbre visite en mai 2001, dans le cadre de la réunion ministérielle des pays non alignés concernant la question palestinienne.

L'Afrique du Sud adhère à ses positions concernant la question palestinienne et appelle à parvenir à la justice et à l'autodétermination pour le peuple palestinien, ce qui a été confirmé par les dirigeants sud-africains, à commencer par Nelson Mandela et les présidents et ministres ultérieurs qui ont soutenu la question palestinienne dans les forums internationaux jusqu'à maintenant.

L'Afrique du Sud a décrit la décision du président Mahmoud Abbas de demander l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations Unies comme un événement historique et que la création d'un État palestinien représente une importance pour tous les pays du monde.

L'Afrique du Sud a été l'un des premiers pays à annoncer la convocation de tous ses diplomates en Israël pour consultations, sur fond d'agression dévastatrice contre la bande de Gaza, selon ce qu'a annoncé la ministre chargée des Affaires présidentielles, Khumbudzo Ntshavheni.

Le 6 novembre 2023, l'Afrique du Sud a convoqué l’ambassadeur d’Israël auprès d’elle pour le consulter sur les attaques contre la bande de Gaza, et le 21 du même mois, les députés sud-africains ont voté en faveur de la fermeture de l'ambassade israélienne à Pretoria et de la suspension de toutes les relations diplomatiques jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu soit conclu dans la bande de Gaza.

Dans des déclarations, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et de hauts responsables du ministère des Affaires étrangères ont critiqué les responsables israéliens pour la guerre sanglante menée contre la bande de Gaza densément peuplée et ont appelé la Cour pénale internationale à enquêter sur d'éventuels crimes de guerre.

La République d'Afrique du Sud a pris un certain nombre de décisions qui ont contribué au renforcement des relations bilatérales avec la Palestine, notamment l’exemption en septembre dernier les citoyens palestiniens titulaires d'un passeport palestinien du visa d'entrée dans tous les aéroports, ports et postes frontaliers d'Afrique du Sud pour une période de 90 jours, sans avoir besoin de délivrer des visas auprès de ses ambassades.

Des pays annoncent leur soutien à la demande présentée par l'Afrique du Sud devant la CIJ :

La Jordanie a été le premier pays à annoncer son soutien la demande déposée par l'Afrique du Sud à la Cour internationale de Justice. Le Premier ministre jordanien, Bisher Al-Khasawneh, a confirmé aujourd'hui, mercredi, que la Jordanie présentera les plaidoiries nécessaires à la CIJ une fois que l'affaire du génocide à Gaza déposée par l'Afrique du Sud sera examinée.

La Bolivie, en tant que premier pays d'Amérique latine, a annoncé son soutien au procès, appréciant l'action historique entreprise par la République d'Afrique du Sud, et la considérant comme une étape historique dans la défense des droits du peuple palestinien et de la cause palestinienne, soulignant la nécessité de soutenir cette initiative de la part de la communauté internationale.

L'ambassadeur de Libye aux Pays-Bas, Ziad Daghim, a également annoncé que son pays se joindrait à la procédure judiciaire qui se déroulera devant la Cour internationale de Justice, pour examiner le dossier contre Israël pour violation de la convention sur le génocide pendant sa guerre contre la bande de Gaza.

Daghim a déclaré, à travers la page officielle de l'ambassade sur la plateforme « X », que l'ambassade de Libye continue de consulter et de soutenir l'Afrique du Sud concernant l'affaire déposée, qui sera entendue cette semaine contre l'occupation israélienne, devant la Cour internationale de Justice, en coordination avec le Groupe arabe à La Haye.

La Cour de Justice internationale (CIJ) :

La Cour internationale de Justice constitue l'organe judiciaire principal des Nations unies. Elle fonctionne conformément à un Statut établi sur la base du Statut de la Cour permanente de Justice internationale et annexé à la présente Charte dont il fait partie intégrante. » Elle a pour principales fonctions de régler des conflits juridiques soumis par les États et de donner un avis sur des questions juridiques présentées par des organes et agences internationaux agréés par l'Assemblée générale des Nations unies.

Le 9 juillet 2004, la Cour internationale de Justice a rendu une décision affirmant que le mur de l’apartheid était « contraire au droit international ».

Dans sa décision, connue plus tard sous le nom de « Avis consultatif de La Haye », et soutenue par quatorze voix contre une, la Cour a appelé Israël à arrêter la construction du mur, à démolir ce qui avait été construit et à verser des compensations à toutes les personnes touchées, y compris ceux résidant à Jérusalem-Est et aux alentours.

Depuis le 7 octobre dernier, Israël a lancé une agression dévastatrice contre la bande de Gaza, laissant un bilan infini de 23 084 martyrs et en blessant 58 926 autres, dont plus de 70 % sont des femmes et des enfants, et plus de 7 000 personnes sont portées disparues sous les décombres. À cela s’ajoutent des destructions massives d’infrastructures et une catastrophe sanitaire et humanitaire sans précédent.

H.A

 

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