Par Rami Samara
Ramallah, le 24 janvier 2024, WAFA-
Quotidiennement, les captifs palestiniens sont victimes des passages à tabac, des coups, des tortures, privés des couvertures et des vêtements et de sortir dans les cours de la prison, outre ils obtiennent une mauvaise nourriture en qualité et en quantité, privés également des appareils électriques, des ustensiles de cuisine et du chauffage. Aussi, ils sont victimes du transfert arbitraire et d’isolement cellulaire, se sont vu refuser du traitement et de médicaments, et de visites et de réunions avec des avocats et des institutions internationales.
Il s’agit d’une brève description des conditions de détention dans les prisons d'occupation après le 7 octobre 2023, dont le nombre a atteint 6 220, dont 7 ont été tués à la suite de torture et mauvaises conditions dans les centres de détention, fournie par le chef de la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers, Qaddoura Fares, au consul français Nicolas Kassipanidis, lors de leur rencontre à Ramallah il y a quelques jours.
Le terme « conditions » n’est peut-être pas adéquat pour décrire les conditions de détention imposées par les autorités d’occupation israéliennes à un nombre indéterminé de citoyens qu’elles ont arrêtés dans la bande de Gaza depuis le début de l’agression, et dont un nombre non déclaré sont devenus des martyrs.
Les témoignages que certains d'entre eux donnent après leur libération révèlent que la détention est entourée d'« horreurs » difficiles à décrire pour certains en raison de leur cruauté, lorsqu'ils parlent de leurs expériences et de ce qu'ils ont enduré pendant celles-ci.
Au cours des dernières semaines, l'armée israélienne a publié des vidéos de dizaines de détenus dans la bande de Gaza, les yeux bandés et menottés, leurs parties intimes n'étant couvertes que de sous-vêtements. Des dizaines d'entre eux ont été photographiés dans de grands trous, d'autres sur les routes, d'autres encore en train d'être transportés dans des véhicules militaires vers des destinations inconnues.
Traces de la torture sur les corps des détenus montrent les atrocités dont ils ont subi:
Des témoignages révèlent que le « dépouillement » des détenus de la bande de Gaza n’est qu’un prélude aux formes de torture qui infligent leur corps et leur psyché, notamment aux hommes, aux femmes, aux enfants, au personnel médical, aux malades, aux blessés et aux handicapés, et en les cachant de force dans des camps de l'armée d'occupation ou dans des centres de détention récemment créés.
Les marques visibles sur les mains et les genoux, c’est le point commun entre la majorité de ceux qui ont eu la chance de survivre à leur libération présentent des signes visibles sur leurs mains et leurs genoux, résultant d'une longue période d'enchaînement avec des menottes en plastique, et d'une longue période pendant laquelle ils ont été forcés de s'agenouiller sans bouger dans les centres de détention.
Saleh Rajab Mahmoud, de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, parmi un groupe de 200 citoyens arrêtés par l’armee israélienne, déclare : « Ils ont été forcés de se déshabiller, avant d'avoir les mains attachées dans le dos pendant environ 24 heures, au cours desquels, ils se sont vu refuser de la nourriture et de l'eau et ont été sévèrement battus, puis ils ont été transférés en camions vers un autre endroit à deux heures du centre de détention où ils étaient rassemblés pour la première fois ».
« Là-bas, il a été montré nu comme les autres aux services de renseignement et à la clinique, dit Saleh, et après, les soldats israéliens l'ont frappé à tour de rôle à la tête, au visage et à la poitrine avec leurs poings, puis quatre soldats l'ont traîné jusqu'à une petite salle de bain et lui ont mis la tête dans les toilettes.»
Après sa libération et son arrivée dans un refuge de la ville de Rafah, Saleh décrit la prochaine étape de sa détention, au cours de laquelle, les soldats ont attaché à nouveau les mains des détenus, leur ont bandé les yeux et les ont forcés à s'agenouiller. Quiconque bougeait les pieds s'il ressentait de la douleur, ses mains ont été attachés à la clôture entourant le lieu de détention, battu avec des bâtons et brûlé au feu, et cela a duré trente-cinq jours.
Ali Mahmoud Labad, arrêté du camp de Jabaliya et récemment libéré, a raconté : « L’armée israélienne ne s'est pas souciée que les prisonniers dorment dans la « salle » des centres de détention, mais sans retirer les menottes en plastique de leurs mains ni les bandeaux de leurs yeux.. »
Il a parlé de sa période de détention, qui a duré 42 jours : « Les soldats avaient l'habitude de lâcher des chiens vers les détenus et de les asperger d'eau à cause du froid ».
À l'hôpital « Martyr Abu Youssef Al-Najjar » de Rafah, au sud de la bande de Gaza, plusieurs autres personnes libérées ont témoigné devant les médias sur une période de détention dont la gravité est difficile à décrire, alors que les effets que l'expérience a laissés sur leurs corps en disent plus que ce que disent leurs langues.
L’un d’eux en fauteuil roulant, a déclaré que l’armée d’occupation n’avait pas tenu compte, lors de son arrestation, du fait qu’il poursuivait son traitement pour un problème sur le crâne et trois fractures à la clavicule.
« Les soldats m'avaient délibérément frappé à la tête et à l'épaule avec leurs chaussures et qu'après avoir perdu connaissance, ils m'avaient réveillé et avaient recommencé à me frapper, jusqu'à ce que je sente que la puce en platine que j’avais implantée dans sa clavicule s'est déplacée ».
Un autre détenu libéré a raconté que l’armée d’occupation l’avait mis, ainsi que d’autres détenus, dans un trou et les avait recouverts de terre, puis avait laissé leurs chiens les attaquer, puis avait piétiné la tête et le visage des détenus avec des chaussures.
Après plusieurs heures, selon son témoignage, les soldats les ont sortis du trou, les ont jetés à terre, puis ont pointé des armes sur eux et leur ont dit de « J'atteste qu'il n'y a de divinité qu'Allah» de l'intention de les exécuter. Ils les ont frappés avec des crosses de fusil et des bâtons, puis les ont transférés dans un autre endroit, où ils les ont menacés de nouveau d'exécution, après les avoir forcés à porter des vêtements en plastique blanc.
Un garçon raconte que là où il a été arrêté, menotté dans le dos et les yeux bandés, les forces d'occupation ont recouvert le sol de riz pour empêcher les détenus de dormir.
Il a ajouté que pendant la période de détention de cinq jours, il n'avait goûté qu'une seule fois de la nourriture, qui était un morceau de pain sec, et qu'il avait été autorisé à boire de l'eau une fois, et lorsqu'il a demandé d’aller aux toilettes, les geôliers lui ont dit : « Urinez sur vous-même »
Un autre détenu libéré raconte que les soldats d'occupation l'ont jeté à terre depuis l'arrière d'un camion qui transportait des dizaines de détenus, alors qu'il souffrait de paralysie et était incapable de bouger, et lorsqu’il leur a dit qu’il utilise un fauteuil roulant pour se déplacer, il a reçu une réponse qui comprenait : « Vous êtes ici en état d’arrestation et non en voyage. »
Il raconte : « Les militaires donnaient des coups de pied aux détenus pour les faire sortir du camion. Quand ce fut mon tour, je leur ai informé que j’ai des besoins spéciaux, le soldat a montré qu'il comprenait mon état. Il m'a rapproché du bord du camion et mes pieds pendaient vers le sol. Puis, il m'a donné un coup de pied dans le dos, alors je suis tombé au sol et j'ai cassé la plaque de platine dans mon dos ainsi que mon pied ».
« Des formes de torture cruelles et brutales : Forcer les détenus à se déshabiller au moment de leur arrestation, suivies de passages à tabac, de détention en plein air, de décharges électriques, d'humiliation, et de privation de nourriture, d'eau, de sommeil et de l'utilisation des toilettes pour plusieurs jours, en plus d'insultes et d'injures en utilisant un langage obscène et indécent, et de harcèlement sexuel verbal, de menaces et de chantage », selon des témoignages horribles des détenus libérés à Gaza.
Des lois racistes pour dissimuler les crimes contre les détenus :
Le Club des prisonniers palestiniens a confirmé qu’Israël en tant que puissance occupante refuse de divulguer des données claires sur les détenus de Gaza dans ses prisons et camps, et commet un crime supplémentaire contre eux, à savoir la disparition forcée, sous « couverture légale ».
Le 15 janvier, la Knesset israélienne a approuvé une proposition visant à prolonger de quatre mois supplémentaires la mise en œuvre des réglementations qui privent les détenus de Gaza de rencontrer un avocat, jusqu'au 3 avril prochain.
Le règlement stipule que « les personnes détenues à la suite des hostilités ayant eu lieu entre le 7 octobre 2023 et le 10 octobre 2023, ou toute personne arrêtée dans le cadre des combats à Gaza ayant eu lieu entre le 7 octobre et la fin des opérations militaires ne sera pas autorisée à rencontrer ses avocats, jusqu'à l'expiration d'un délai de 180 jours à compter de la première date à laquelle le processus d'interdiction des réunions aux détenus est entré en vigueur.
Le club des prisonniers a indiqué que l'administration pénitentiaire d'occupation avait reconnu au début de ce mois que 661 citoyens de Gaza classés comme « combattants illégaux » sont détenus en Israël et les avait abandonnés et déchus du statut de prisonniers de guerre, selon une décision prise par le ministre de l'Armée d'occupation, Yoav Galant, le 10 octobre 2023, sur la base de la « Loi sur les combattants illégaux » publiée en 2002.
Cette loi prive le détenu de son droit de se défendre devant le tribunal, aucun acte d'accusation n'est émis contre lui ni aucune accusation spécifique n'est portée contre lui, et sa détention peut se poursuivre pour une durée illimitée, en violation grave des principes d'un procès équitable.
Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme en territoire palestinien occupé a confirmé qu'il n'existe pas de chiffre précis sur le nombre d'hommes détenus dans la bande de Gaza, mais ses estimations indiquent que ce nombre se chiffre en milliers.
Selon un rapport de la Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers publié lundi dernier, les forces d'occupation arrêtent 54 prisonnières de la bande de Gaza dans la prison de Damoun, dont des femmes âgées et des mineures, en plus de 19 détenues de Cisjordanie, 11 des territoires de 1948 et 3 de Jérusalem occupée.
Sunghay : Les détenus libérés ont clairement été visiblement choqués :
Un responsable des droits de l'homme de l'ONU a accusé Israël de maltraiter les détenus palestiniens à Gaza, affirmant qu'il avait rencontré des hommes qui décrivaient avoir été détenus pendant des semaines, battus et les yeux bandés, certains étant relâchés avec des couches.
Ajith Sunghay, responsable des droits de l'homme de l'ONU à Gaza, a déclaré : « J’ai pu rencontrer un certain nombre de détenus libérés. Il s'agit d'hommes qui ont été détenus par les forces israéliennes dans des lieux inconnus pendant 30 à 55 jours. Ils ont décrit avoir été battus, humiliés, soumis à des mauvais traitements et à ce qui pourrait s'apparenter à de la torture. Ils ont déclaré avoir eu les yeux bandés pendant de longues périodes – certains pendant plusieurs jours consécutifs. Un homme a déclaré n’avoir eu accès à une douche qu’une seule fois au cours de ses 55 jours de détention. Certains rapports font état d'hommes qui ont ensuite été relâchés – mais uniquement avec des couches et sans vêtements adéquats par ce temps froid ».
Sunghay a dit aux journalistes à Genève par liaison vidéo depuis Gaza : « Ce qu'ils m'ont dit concordait avec les informations recueillies par notre Bureau sur la détention de Palestiniens à grande échelle, y compris de nombreux civils, détenus au secret, souvent soumis à de mauvais traitements, sans accès à leurs familles, à leurs avocats ou à une protection judiciaire efficace. Les familles des détenus – qui se comptent par milliers – n’ont reçu aucune information sur le sort ou le lieu où se trouvent leurs proches ».
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi certains des détenus libérés portaient des couches, Sunghay a déclaré : « Nous ne savons donc pas exactement pourquoi ils ont été mis en couches et renvoyés, mais ils ont clairement été visiblement choqués et même secoués lorsque je les ai rencontrés ».
Le responsable onusien a demandé que tous les cas de mauvais traitements ou de torture de personnes arrêtées ou détenues doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et transparente.
H.A