Accueil Rapports et Enquêtes 05/April/2024 05:33 PM

À Gaza, les rêves d’enfants palestiniens enterrés parmi les décombres des écoles détruites

À Gaza, les rêves d’enfants palestiniens enterrés parmi les décombres des écoles détruites

Gaza, le 5 avril 2024, WAFA- Sous une tente dans le sud de la bande de Gaza, des enfants jouent au jeu de « l'école », après avoir arrêté d'étudier dans la bande assiégée, où huit écoles sur dix ont été détruites, selon l'UNICEF, depuis le début de l'agression israélienne il y a six mois.

Jonathan Krekes, porte-parole de l'UNICEF dans en territoire palestinien occupé, a déclaré que l'initiative de créer cette école, prise par le directeur d'un établissement d'enseignement, « permet particulièrement aux enfants de faire face aux traumatismes », qualifiant la situation d'absolument tragique.

Il a ajouté : « Il y a 325 000 enfants en âge scolaire qui n'ont pas assisté à une seule heure de cours depuis six mois ».

Majd Halawa, 16 ans, raconte que les bombardements israéliens ont visé son école dans la ville de Gaza, d'où il a été déplacé avec sa famille, ajoutant que l'armée d'occupation israélienne a donné trois minutes à la famille et à plusieurs proches pour évacuer l'immeuble de six étages dans lequel ils vivent à Gaza.

Il a poursuivi lors d'un appel avec l'Agence France-Presse depuis Edmonton, au Canada, où il s'est réfugié à la mi-janvier : « J'ai laissé tous mes livres et fournitures scolaires chez moi. Je pensais que je retournerais bientôt au pays, mais cela ne s’est pas produit. »

Les écoles de la bande de Gaza ont été suspendues depuis le début de l'agression israélienne le 7 octobre. Les écoles de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés (UNRWA) dans la bande de Gaza ont été transformées en centres d'hébergement pour des centaines de milliers de personnes déplacées.

« 67% des écoles ont été soumises à des frappes directes, selon un rapport publié par des organisations non gouvernementales basé sur des images satellite et des rapports de terrain. 82% des écoles ont été endommagées ».

La reconstruction des écoles constituera une première étape ardue vers le retour des enfants à l’école. Mais le véritable défi sera de guérir les enfants déplacés de Gaza et de faire face aux traumatismes psychologiques résultant de la mort, de la destruction et de la faim, afin qu'ils puissent retourner à l'apprentissage, affirment les agents de santé.

À Rafah, à l'extrême sud de la bande de Gaza, plus d'un million et demi de personnes sont rassemblées, dont la majorité sont déplacées, selon les Nations Unies, et la situation humanitaire dans la ville est devenue tragique.

Environ la moitié de la population de la bande de Gaza a moins de 18 ans. Le système éducatif de la bande de Gaza souffrait déjà de diverses difficultés, après cinq guerres lancées par Israël au cours des vingt dernières années, ainsi qu'en raison de la pauvreté et du chômage.

« La reconstruction des écoles est très complexe, mais c'est beaucoup plus simple que la réhabilitation de l'éducation », déclare David Skinner de l’organisation « Save the Children ».

Des écoles temporaires ont été installées sous des tentes dans la ville de Rafah.

Dans une petite tente, une enseignante se tient à côté d'une planche de bois et enseigne aux élèves de première et deuxième années de l'école primaire. Elle dit : « Nous sommes heureux parce que nous essayons d’enseigner des centaines de milliers d'élèves. »

Devant 30 enfants qui tentent d’apprendre à lire leurs premiers mots, l’enseignante Heba Halawa ajoute que l’éducation manque aussi « de manuels et de stylos ». Malgré cela, « les enfants sont heureux à l’école ».

Même si le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur envisage initialement de reprendre l'enseignement primaire et secondaire après la fin de l'agression, Majd Halawa, qui rêvait de devenir avocat, estime qu'il ne s'agit pas seulement de retrouver une école où aller. « Personne ne peut surmonter tous les souvenirs de ce qui s'est passé, même en cent ans », selon lui.

Il souligne que reprendre ses études est « très difficile pour lui, et terminer une année scolaire en deux ou trois mois », surtout à l’heure où il ne parvient pas à contacter ses amis restés à Gaza, dont certains ont été tués.

« L’apprentissage nécessite d'être dans un endroit sûr », explique Audrey McMahon, pédopsychiatre de Médecins sans frontières. « La plupart des enfants de Gaza ont actuellement leur cerveau qui travaille sous l'effet d'un traumatisme. »

« Les défis auxquels ils devront faire face sont énormes et il faudra beaucoup de temps pour s'en remettre », explique-t-elle à l'AFP. « Les jeunes enfants peuvent développer des troubles cognitifs permanents dus à la malnutrition, tandis que les adolescents sont plus susceptibles d'être en colère contre l'injustice ».

« Quand nous pensons à Gaza, nous oublions souvent la catastrophe qui touche les enfants », dit Skinner. « Ce sont des enfants qui ont perdu des proches et souffrent de graves problèmes physiques et de malnutrition. »

Le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS) a révélé que l’occupation israélienne tue environ 4 enfants par heure dans la bande de Gaza et 43 349 enfants vivent dans la bande de Gaza sans l'un ou les deux parents en raison de l’offensive israélienne incessante.

A l’occasion de la Journée de l'enfant palestinien, le bureau a publié que depuis le début de l'agression israélienne contre la bande de Gaza le 7 octobre 2023, il y a plus de 14 350 enfants martyrs, soit 44 % du nombre total de martyrs dans la bande de Gaza. De plus, les femmes et les enfants représentaient 70 % des personnes disparues dans la bande de Gaza à la suite de l'agression israélienne, soit un total de 7 000 personnes.

En raison des bombardements continus avec d'intenses frappes aériennes sur la bande de Gaza et du nombre de martyrs parmi les étudiants et les enseignants, ainsi que de la destruction des infrastructures d'un nombre important d'écoles, le processus éducatif a été perturbé dans la bande de Gaza depuis le début de l'agression, privant environ 620 000 élèves de leur droit à l'éducation scolaire pour l'année scolaire 2023/2024. Le nombre de martyrs parmi les élèves inscrits dans les écoles de Palestine a atteint 6 050 martyrs ; 5 994 martyrs dans la bande de Gaza et 56 martyrs en Cisjordanie. En outre, le nombre d'élèves blessés inscrits dans les écoles de Palestine a atteint 10 219 élèves blessés (9 890 dans la bande de Gaza et 329 en Cisjordanie). Quant au nombre d’élèves détenus inscrits dans les écoles, il atteint 105 élèves, tous originaires de Cisjordanie.

H.A

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