Ramallah, le 5 janvier 2023, WAFA- Les autorités d'occupation israéliennes ont libéré tôt ce matin le doyen des prisonniers palestiniens et arabes, membre du Comité central du mouvement Fatah, le combattant Karim Younis, après quatre décennies dans les geôles d’occupation israéliennes.
Les autorités d'occupation ont délibérément relâché le combattant Younis à l'aube de ce matin, et l'ont laissé seul dans la ville de Raanana près de Tel-Aviv, sans en informer sa famille dans le but de troubler leur joie et de gâcher sa réception.
Hier soir, la police d'occupation a pris d'assaut la maison de la famille du prisonnier Karim Younis à Ara dans les territoires de 1948, et saisi les drapeaux palestiniens et les banderoles du mouvement du Fatah.
Karim Younis est l'un des révolutionnaires palestiniens les plus éminents qui ont rejoint la lutte avant la première Intifada en 1987.
Younis, le fils aîné de sa famille, est né en 1958 dans la ville palestinienne d'Ara dans les territoires palestiniens occupés de 1948.
Younis a été arrêté le 6 janvier 1983 pour avoir prétendument mené une attaque contre un soldat israélien dans les hauteurs du Golan occupé, et a été condamné à la réclusion à perpétuité (plus tard réduite à 40 ans). Il devait être inclus dans un quatrième groupe de prisonniers palestiniens à libérer dans le cadre des négociations de paix de médiation de 2013 ; cependant, Israël a finalement refusé de les libérer, ce qui a conduit à l'échec des négociations.
Maher Younis a été arrêté après 13 jours de l’arrestation de son cousin Karim. Il a été arrêté avant de se marier, donc, il a passé les années de sa jeunesse dans les prisons israéliennes, sachant qu’il est privé des visites de sa famille de deuxième degré et le tribunal a rejeté une pétition présentée par le prisonnier en 2008 pour voir son père sur son lit de mort.
Karim Younis a subi un sévère et long interrogatoire et a été condamné à la peine capitale dès le début de son arrestation et après le tribunal de l’occupation a réduit sa condamnation à la perpétuité.
En 2013, à l'occasion du 30e anniversaire de son arrestation, son père, Hajj Younis Younis, est décédé et sa mère, Hajja (Sobhiya) s’est éteinte en mai 2022 après 39 ans d’attente sans pouvoir célébrer la liberté de son fils.
Dans sa première lettre après la mort de sa mère, Karim a déclaré : « Ma mère m'a rendu visite en prison près de 700 fois. Elle se battait pour m’atteindre. Elle ne s'est pas fatiguée malgré les épines que l'occupant avait semées sur son chemin. »
Il a ajouté : « Malgré la douleur de la perte, je me suis senti heureux et fièr quand j'ai appris que le drapeau palestinien a enveloppé ma maman ».
Durant 40 ans, le révolutionnaire Karim Younis reste le combattant fidèle de son peuple et de ses compagnons prisonniers, il a été le maître de l'unité nationale et a participé pendant quatre décennies à tous les combats menés par le mouvement des captifs, y compris la grève de la faim, qui est considérée comme la plus dure de ces batailles, et dont la dernière fut la grève de 2017 qui a duré 42 jours.
A travers sa pensée de lutte, Karim Younis a constitué une école pour les générations qui sont entrées et sorties de la captivité. Il était ferme, fort et inébranlable dans ses premiers principes. Il reste un révolutionnaire efficace, dans tous les aspects de la vie de détention. Il a terminé ses études en captivité et a obtenu un diplôme et une maîtrise.
Les cousins Karim et Maher Younis étaient censés avoir été libérés en 2014 dans le cadre d'un accord négocié par le secrétaire d'État américain de l'époque, John Kerry, pour lequel Israël était censé libérer en quatre lots différents tous les prisonniers palestiniens détenus avant la signature des accords d'Oslo de 1993 qui ont lancé le processus de paix entre les Palestiniens et Israël.
Israël a mis en œuvre la libération des trois premiers lots, principalement des combattants de la liberté de Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza, mais lorsqu'il s'est agi du quatrième lot, qui comprenait principalement des Palestiniens d'Israël et de Jérusalem-Est occupée, Israël a renié sa promesse et a refusé de les libérer et, par conséquent, faire dérailler et saboter des années d'intense processus de paix.
Les cousins Younis et plusieurs autres Palestiniens d'Israël faisaient partie du quatrième groupe et faisaient partie des 25 Palestiniens toujours incarcérés depuis avant la signature des accords d'Oslo, dont 11 de l'intérieur d'Israël.
Le combattant de la liberté palestinien Karim Younis a divulgué il y a quelques jours un message à ses compagnons de prisonniers :
« Je vais quitter ma cellule, sachant que notre navire est battu par des vagues internationales de tous les côtés, des tempêtes régionales d'est et d'ouest, des tremblements de terre locaux et des volcans agressifs qui sont sur le point de l'avaler, alors que le navire s'éloigne du rivage, son capitaine tenté de s'ancrer il y a plus d'un quart de siècle.
J'ai toujours souhaité la quitter, arrachant ma liberté, accompagné des frères du chemin et des camarades de lutte, imaginant un accueil qui exprime la victoire et un grand accomplissement. Je me sens déçu et impuissant, surtout quand je regarde dans les yeux de l'un d'entre eux, dont certains sont en captivité depuis plus de trois décennies
Combien de temps un prisonnier peut-il porter son cadavre sur son dos et continuer sa vie tandis que la mort marche avec lui ? Comment cette souffrance et cette mort lente peuvent-elles garder son destin ? Pour une période interminable à la lumière d'un avenir inconnu et d'une impasse… ?
Je reviens chanter partout avec mon peuple l'hymne de mon pays, l'hymne des fedayin... l'hymne du retour et de la libération. »
H.A/F.N