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En journée internationale de la femme, 29 Palestiniennes se trouvent dans l’ombre des geôles israéliennes

En journée internationale de la femme, 29 Palestiniennes se trouvent dans l’ombre des geôles israéliennes
Faite par Marwan Hammad- WAFA.

Par Haneen Assi

Ramallah, le 8 mars 2023, WAFA-

Adoptée par les Nations Unies en 1975, la journée internationale de la femme, que de nombreux pays célèbrent le 8 mars de chaque année ; Le dossier des prisonnières, qui n'a jamais été clos, est ouvert, alors que 29 Palestiniennes croupissent dans les geôles d’occupation israéliennes et se voient refuser le droit le plus simple de célébrer ces occasions avec leurs familles et amies.

Cher lecteur, imaginez que vous habitez dans une cellule étroite, sombre, sale et ne correspond pas aux conditions de vie humaine ; c’est le moins, la description des conditions de détention vécues par les prisonniers palestiniens écroués dans les geôles d’occupation israéliennes, surtout les femmes prisonnières.

29 Palestiniennes détenues en Israël :

L'occupation israélienne n'a jamais exclu les femmes de sa brutalité et de ses arrestations arbitraires, mais elles les ciblent de manière flagrante et a pratiqué toutes les formes de torture pour les femmes palestiniennes, afin de les dissuader, et d'extraire des informations liées à d'autres, et parfois elles sont arrêtées pour faire pression sur les membres de leurs famille pour qu'ils avouent, ou pour forcer les personnes recherchées à se rendre à l’occupation.

Selon les récentes statistiques de l’Association du soutien des prisonniers « Addameer », Israël incarcère actuellement 29 femmes palestiniennes dans ses prisons, et la plupart d’entre elles sont incarcérées dans la geôle d’Ad-Damoun dans des conditions pitoyables et misérables.

Les prisonnières sont : Maysoon Mousa Al-Jabali, arrêtée le 29 juin 2015 et condamnée à 15 ans de prison ferme, Rawan Abu Ziada, arrêtée le 15 juillet 2015 et condamné à 9 ans et une amende de 4000 shekels, Shurooq Doyat, arrêtée le 7 octobre 2015 et condamnée à 16 ans et une amende de 80 000 shekels, Israa Jaabis, détenue depuis le 10 octobre 2015 et condamnée à 11 ans, Marah Bakeer, arrêtée le 12 octobre 2015 et condamnée à 8 ans et demi et une amende de 10 000 shekels, Noorhan Awad, arrêtée le 23 novembre 2015 et condamnée à 10 ans et demi et une amende de 30 000 shekels, Malak Sulaiman, détenue depuis le 9 février 2016 et condamnée à 10 ans, Chatila Abu Ayada, arrêtée le 3 avril 2016 et condamnée à 16 ans et 100 000 shekels, Amani Al-Hashim, détenue depuis le 13 décembre 2016 et condamnée à 10 ans et 5000 shekels, Aicha Al-Afghani, capturée le 25 décembre 2016 et condamnée 15 ans, Fadwa Hamada, appréhendée le 12 août 2017 et condamnée à 10 ans et une amende de 30 000 shekels, Nawal Fatahia, arrêtée le 21 février 2020 et condamné à 8 ans, Rania Thahir, arrêtée le 11 mai 2021, Fayrouz Al-Baw, capturée depuis le 9 août 2021, Nofoz Hammad, détenue depuis le 8 décembre 2021, Itaf Yousef Jaradat, détenue depuis le 27 décembre 2021, Nihaya Sawwan, détenue le 24 janvier 2021, Yasmine Shaaban, détenue depuis le 1 mars 2022, Lina Abu Ghelmi, détenue le 22 juin 2022, Walaa Tabanja, Tahreer Abu Saryeh, Mariam Arafat, Lara Abu Al-Soud, toutes détenues depuis le 20 août 2022, Filstin Najam, détenue depuis le 22 août 2022, , Azhar Assaf, détenue depuis le 11 septembre 2022, Aseel Al-Titi, détenue depuis le 2 octobre 2022, Raghad Al-Fanni, arrêtée le 28 octobre 2022 et placée en détention administrative, Zamazam Al-Qawasmeh, arrêtée le 31 octobre 2022 et condamnée à 6 mois de prison ferme et une amende de 2500 shekels et Rajaa Karsou’ qui a été arrêtée le 6 février de cette année.

Il faut mentionner que la prison d’Ad-Damoun a été construite pendant l'occupation britannique de Palestine en tant qu’« entrepôt de tabac ». En 1948, il a été pris par Israël et transformé en prison pour les résistants palestiniens.  Cette prison est pleine d'humidité et presque inhabitable et manque des bases de la vie les plus minimums.

Selon HaMoked qui est une organisation indépendante financée exclusivement par des particuliers et des institutions en Israël, les femmes incarcérées à Ad-Damoun, gardées par de nombreux hommes, se voyaient refuser un sentiment fondamental d'intimité et d'espace personnel. Par conséquent, les femmes ne peuvent pas mener une routine quotidienne normale telle qui existe pour les détenus de sexe masculin.

HaMoked a expliqué que les détenues sont particulièrement vulnérables en raison des besoins de santé spécifiques aux femmes à qui les prisons sont généralement mal adaptées à leurs fournir mais s'étant développées principalement pour incarcérer les hommes. Cela se manifeste par des installations et des fournitures sanitaires inadéquates, une alimentation inadaptée et des soins médicaux inappropriés. Dans de telles circonstances, il est particulièrement important de respecter les normes internationales des Nations Unies établies concernant les besoins uniques des femmes incarcérées.

HaMoked décrit les conditions à Damoun : « Dans le quartier des femmes, la vidéosurveillance fonctionne 24 heures sur 24 et la direction de la prison refuse de couvrir les caméras. Ceci, contrairement à la situation dans la prison de Sharon, où auparavant l'IPS détenait toutes les prisonnières « de sécurité » et où la direction de la prison a donc éteint les caméras de vidéosurveillance et les a même couvertes ».

HaMoked se plaignait du refus persistant de la direction de la prison de Damon de répondre aux besoins des détenues musulmanes palestiniennes et persistait à doter le quartier de gardiens masculins, ce qui contredit également l'ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenues.

Le fait que des gardiens masculins soient présents dans le bloc cellulaire et puissent surveiller les activités des détenues à tout moment sur les moniteurs CCTV, sape considérablement le sentiment de sécurité et d'intimité des femmes et limite bon nombre de leurs activités quotidiennes. Lorsqu'elles sont autorisées à sortir dans la cour, beaucoup se couvrent complètement, « couvre-chef », pendant le seul moment où elles peuvent être exposées au soleil. Beaucoup ont également évité de faire des activités physiques à l'extérieur - parce qu'elles craignent que les hommes ne les regardent. Cela comporte inévitablement des risques pour la santé. En effet, d'après les affidavits recueillis par HaMoked auprès des femmes détenues à Damon, il s'avère que beaucoup souffrent de problèmes de santé liés au manque d'exposition au soleil, tels que des problèmes de peau, la perte de cheveux et des douleurs musculaires et osseuses. HaMoked a également noté que des gardiens masculins étaient également présents dans d'autres espaces publics utilisés par les détenues et les passages les reliant, y compris les zones de loisirs et de sommeil ainsi que les salles de bains - y compris les douches, qui, d'ailleurs, ne sont accessibles que pour de courtes périodes tout au long de la journée.

Torture Physique et psychologique :

Aucune distinction à l’égard du mauvais traitement entre homme et femme dans les prisons d’occupation israéliennes. Les prisonnières palestiniennes souffrent souvent de conditions d'emprisonnement très tragiques, telles que la négligence médicale, le refus d'éducation, le refus de visites familiales, y compris pour les mères de jeunes enfants, l'isolement cellulaire, les cellules surpeuplées souvent remplies d'insectes et de saleté, et qui manquent de lumière naturelle. Les autorités pénitentiaires répondent rarement aux besoins personnels en matière de santé et d'hygiène, même dans les cas de détention de femmes enceintes.

Une bonne partie des prisonnières palestiniennes sont soumises à une forme de torture psychologique et de mauvais traitements tout au long du processus d'arrestation et de détention, y compris diverses formes de violence corporelles qui se produisent telles que passages à tabac, insultes, menaces, fouilles corporelles et harcèlement explicite.

Comme le cas de la prisonnière libérée, Mays Abu Ghosh, qui a révélé, dans son témoignage, des détails douloureux auxquels elle a été exposée lors de son arrestation et de son interrogatoire dans les cellules de l‘occupation israélienne.

Arrêtée en 2019 et libérée en 2020, Mays est étudiante à la faculté des médias à l’université de Birzeit, du camp de réfugiés de Kalandiya au nord de Jérusalem occupée, a été arrêtée après la perquisition et la dévastation de la maison de sa famille par les soldats d’occupation israéliens. Elle a été conduite au camp militaire à la proximité du barrage militaire de Kalandiya et les soldats de l’occupation l’ont délibérément traînée par terre, ses mains menottées et ses yeux bandés et l’ont insultée.

« Cela étant, elle a été transportée au centre de détention d’Al-Maskubiya et fouillée nue et pendant les séances d’interrogatoire qui ont duré de longues heures, elle a été attachée à une chaise dans une petite cellule froide », a clarifié la prisonnière Abu Ghosh. Après six jours, l’interrogatoire militaire avec Mays a commencé et a continué trois jours, pendant lesquels, elle a été frappée violemment et privée de sommeil.

« J’ai tenté à un moment d’échapper aux mains des enquêteurs, assise dans l’un des coins de la cellule, l’enquêtrice l’a frappée la tête contre le mur et l’a rouée de coups et insultée. Les conditions des cellules où Abu Ghosh a été détenue, sont déplorables et manquent d’éléments les plus bas de la vie humaine ».

« À une occasion, les enquêteurs ont délibérément entré un gros rat dans la cellule pour lui faire peur, ne répondant pas à ses demandes les plus simples, telles que la privation d’aller aux toilettes, en la ridiculisant ».

Abu Ghosh a été soumise à un interrogatoire pendant 30 jours, puis elle a été transférée au centre de détention de Damon, où elle se trouve toujours.

En revenant au processus d’arrestation, les femmes détenues ne sont pas informées de l'endroit où elles sont emmenées et se voient rarement expliquer leurs droits pendant les interrogatoires. Ces techniques de torture et de mauvais traitements sont utilisées non seulement pour intimider les femmes palestiniennes détenues, mais aussi comme outils pour humilier les Palestiniennes et les contraindre à faire des aveux. Alors que les autorités pénitentiaires et les forces militaires israéliennes recrutent des femmes soldats pour détenir et accompagner les femmes détenues pendant les transferts, les femmes soldats responsables de ces procédures ne sont pas moins violentes envers les détenues palestiniennes que leurs homologues masculins.

Prisonnière mineure :

La prisonnière mineure, Nofoth Hammad du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem occupée, la fille qui n'a pas accompli 15 ans, a été arrêtée par l'armée d'occupation à la fin de l'année dernière, alors qu'elle se trouvait à l'école.

Bien qu’elle soit petite, Hammad n'a pas été épargnée par les passages à tabac, les agressions, les abus et les violences verbales pendant son arrestation et de son interrogatoire. Hammad est toujours détenue et aucun verdict n'a été rendu contre elle.

Israa Jaabees :

Imaginez quand votre doigt a été brûlé ou légèrement blessé, à quel point cette sensation vous fait-elle mal ? Maintenant, on va exposer le cas d’Israa Jaabees qui vit dans de mauvaises conditions carcérales avec 80% de brûlures sur le corps.

Israa Jaabees, incarcérée dans la geôle israélienne « Ad-Damoun », souffre toujours des brûlures sur son corps et ne peut pas porter toutes sortes de tissus sur son corps. Donc, elle a besoin de changer toujours le costume pour les brûlures. Elle a besoin de subir plus de 8 opérations chirurgicales, mais l’administration pénitentiaire israélienne ne se soucie pas de ce qu‘elle souffre, selon la Commission des Affaires des prisonniers et ex-prisonniers.

Israa Jaabees (36 ans), de la localité de Jabl Al-Mukaber au sud de Jérusalem occupée, a été arrêtée le 11 octobre 2015, après que les soldats de l’occupation eurent ouvert le feu sur son véhicule, ce qui a conduit à l‘explosion du cylindre de gaz dans sa voiture, en conséquence, le feu a enflammé tout son corps et a subi de graves brûlures 60% de son corps. Elle a perdu 8 doigts et a souffert de distorsions au visage et au dos.

La prisonnière Fayrouz Al-Bou (23 ans) de la ville d’El-Izzariya à Jérusalem occupée, souffre d’une blessure au pied à la suite de l'agression dont elle a été victime par les soldats de l'occupation, et à la balle qu'elle a reçue lors de son arrestation il y a environ 4 mois, après quoi elle a subi deux interventions chirurgicales et du platine a été implanté dans son pied.

« Pendant qu'elle était à l'hôpital, les services de renseignement de l'occupation l'ont interrogée, sans tenir compte de son état de santé difficile, après quoi elle a été transférée à la clinique de la prison de Ramle via un véhicule dit « Bosta », elle est isolée dans un cellule d'isolement très sale, où elle est restée une journée entière, puis elle a été transférée à M’ibar Sharon « qui est une cellule où le prisonnier passe plusieurs jours avant d‘être transféré aux autres prisons », puis elle a été transférée à la prison d’Ad-Damon.

Depuis le début du conflit palestino- israélien, plus de 16 000 Palestiniennes (entre dames âgées et mineures) ont subi la détention dans les geôles d’occupation israéliennes. La première intifada en 1987 a témoigné le niveau le plus élevé des arrestations contre les Palestiniennes car environ 3000 d’entre elles ont été capturées.

On n’oublie pas la prisonnière Saadia Farajallah, 68 ans, une mère de huit enfants de la ville d'Idna dans le sud de la Cisjordanie, qui est décédée le 1 juillet 2022 dans les geôles d’occupation en raison de la négligence médicale délibérée.

Les femmes palestiniennes luttent au même titre que les hommes contre l’occupation coloniale d’Israël.

H.A/ F.N

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