Londres, le 26 mars 2025, WAFA- Pour honorer la mémoire des victimes de l’agression israélienne contre Gaza, la médecin irlandaise Mary Evers a lancé un projet unique consistant à broder les noms et âges des martyrs sur du tissu, en utilisant des fils aux couleurs du drapeau palestinien. À travers ce travail, elle veut rappeler au monde que chaque victime est bien plus qu’un simple chiffre, mais un être humain avec une vie et une histoire.
De la médecine à l’engagement humanitaire :
Mary Evers a grandi au Moyen-Orient, ayant vécu en Syrie, au Liban et en Égypte en raison du travail de son père au sein des forces de maintien de la paix de l’ONU. Pendant cette période, elle a été témoin d’événements marquants, notamment le massacre de Sabra et Chatila en 1982, qui l’a profondément marquée.
Elle s’est ensuite installée à Londres, où elle a étudié et pratiqué l’ostéopathie pendant plus de 33 ans. Cependant, un accident de vélo l’a contrainte à abandonner sa carrière médicale, l’amenant à s’investir dans des actions humanitaires, notamment en faveur de la cause palestinienne, qui l’a toujours touchée.
Le projet « Martyrs de Gaza » : des fils qui racontent des vies :
Suite au lancement de l’offensive israélienne contre Gaza depuis le 7 octobre 2023, Mary Evers a lancé en 2024 le projet « Martyrs de Gaza », dans lequel elle brode les noms et âges des victimes palestiniennes, transformant chaque fil en un acte de résistance contre l’oubli.
Elle utilise du fil noir pour les hommes, rouge pour les femmes et vert pour les enfants, en référence aux couleurs du drapeau palestinien. Chaque nom nécessite environ une heure de broderie. Ce projet, qu’elle avait commencé seule, s’est peu à peu transformé en un mouvement mondial rassemblant plus de 200 participants, certains contribuant à la broderie, d’autres soutenant le projet par divers moyens.
Dans un bilan provisoire, le nombre de martyrs et de blessés depuis le début de l’agression contre la bande de Gaza, le 7 octobre dernier, s’est élevé à 50 144 martyrs et 113 704 blessés.
Depuis la reprise de la guerre d'extermination par l’occupation le 18 mars, plus de 750 Palestiniens ont été tués et environ 1 400 autres blessés, en majorité des femmes et des enfants, sous les bombardements incessants de l’aviation, des drones et de l’artillerie israélienne ciblant les habitations, les infrastructures, les hôpitaux, les camps de déplacés, les véhicules et les rassemblements de civils.
Transformer des chiffres en noms : un impact émotionnel puissant :
Evers explique que l’idée du projet lui est venue après avoir été inspirée par l’artiste bangladaise Yasmin Jahan Nupur, qui utilisait la broderie pour documenter l’ère coloniale. Elle a ainsi décidé d’employer cette technique pour immortaliser la tragédie palestinienne.
« Donner un nom à un chiffre change tout. Cela permet aux gens de ressentir un lien émotionnel avec ce qui se passe. Chaque point représente une vie, chaque fil ancre une mémoire qui refuse d’être effacée », explique-t-elle.
Elle critique également l’image erronée véhiculée par les médias sur le peuple palestinien, affirmant que tous ceux qu’elle a rencontrés étaient des personnes pacifiques, éduquées et profondément solidaires. Ce qui l’a le plus marquée, c’est la coopération entre les habitants de Gaza, leur entraide inébranlable malgré la destruction et la souffrance.
Un message universel : chaque être humain a une valeur :
Evers envisage aujourd’hui d’exposer ses œuvres dans une galerie, afin de transmettre un message fort : « Chaque être humain a une valeur, une place dans ce monde. Nous devons raviver notre empathie collective, car la seule façon d’avancer est de nous soutenir les uns les autres et de reconstruire une société fondée sur l’humanité. »
H.A