Genève, le 22 octobre 2021, WAFA - Exprimant une grave crainte pour la vie de cinq Palestiniens actuellement en grève de la faim dans les prisons israéliennes, les experts de l'ONU ont appelé Israël à libérer ou inculper les prisonniers, et à mettre fin complètement à sa pratique illégale de détention administrative.
Michael Lynk, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, Nils Melzer , Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Elina Steinerte (Présidente-Rapporteuse), Miriam Estrada-Castillo (Vice-présidente), Leigh Toomey, Mumba Malila, Priya Gopalan, Groupe de travail sur la détention arbitraire, ont dit hier dans un communiqué de presse : « En violation du droit international, Israël continue de recourir à la détention administrative pour emprisonner plus de 500 Palestiniens – dont six enfants – sans inculpation, sans procès, sans condamnation, le tout sur la base d’informations secrètes classifiées auxquelles les détenus n’ont pas accès. Ces 500 Palestiniens n'ont aucun recours pour contester ces allégations non divulguées, et ils ne savent pas quand, ou s'ils vont être libérés.
« Empruntant aux pratiques d'incarcération employées pour la première fois par l'administration du mandat britannique en Palestine dans les années 1930, le gouvernement israélien a utilisé la détention administrative comme méthode fréquente de contrôle politique depuis le début de son occupation du territoire palestinien en 1967. L'armée israélienne peut détenir des détenus palestiniens pendant périodes de six mois, qui peuvent être renouvelées et prolongées indéfiniment. »
«Ces pratiques semblent être des détentions arbitraires, qui sont strictement interdites par le droit international, y compris le droit international humanitaire », ont déclaré les experts. « Et la détention arbitraire d'enfants est particulièrement odieuse, violant les normes minimales établies par la Convention relative aux droits des l'enfant. »
Les experts ont déclaré que la pratique israélienne de la détention administrative pousse les prisonniers à prendre des mesures désespérées, voire au péril de leur vie, pour attirer l'attention sur leur sort.
Les cinq grévistes de la faim, tous des hommes dans la vingtaine et la trentaine, refusent de se nourrir depuis 58 à 99 jours pour protester contre leur détention administrative pendant des mois, voire des années.
Deux des hommes, Kayed Al-Fasous et Miqdad Al-Qawasameh, seraient en danger de mort imminent. M. Al-Fasous, qui aurait été auparavant détenu dans des conditions difficiles à l'isolement, se trouve désormais à l'hôpital de Barzelai. Al Qawasameh a été transféré à l'hôpital de Kaplan après que sa santé se soit détériorée ; il y est en soins intensifs depuis le 19 octobre. Les 7 et 14 octobre, la Haute Cour de justice israélienne a suspendu les ordres de détention administrative de Miqdad Al-Qawasameh et Kayed Al-Fasous, mais comme la suspension ne signifie pas leur libération, ils ont décidé de poursuivre leur grève malgré leur très état de fragilité.
Deux autres hommes, Alaa Al-Araj et Hisham Ismail Abu Hawash ont été transférés le 19 octobre dans des hôpitaux israéliens après que leur santé se soit détériorée. Le cinquième, M. Shadi Abu Aker est actuellement à la clinique de la prison de Ramleh.
Les experts ont noté qu'en vertu de la quatrième Convention de Genève de 1949, une puissance occupante n'est pas autorisée à transférer des prisonniers du territoire occupé vers des centres de détention sur son territoire. « Les Nations Unies ont régulièrement observé qu’Israël violait cette obligation légale et l’ont appelé à se conformer à son obligation, mais en vain. »
« Comme nous l'avons fait à plusieurs reprises auparavant, nous appelons à nouveau Israël soit à inculper et à juger, soit à libérer tous les détenus administratifs", ont déclaré les experts. « En droit international, la détention administrative n'est autorisée que dans des circonstances exceptionnelles et uniquement pour de courtes périodes. Les pratiques d'Israël dépassent toutes les frontières juridiques internationales. »
Les experts ont également appelé Israël à mettre fin aux dures conditions de détention des prisonniers palestiniens. « En particulier, nous insistons sur le fait que l'imposition de l'isolement cellulaire aux détenus déjà affaiblis par des mois de grève de la faim doit cesser immédiatement. »
H.A