Ramallah, le 12 mai 2025, WAFA– La présidente du Bureau central palestinien des statistiques, Ola Awad, a présenté ce lundi un aperçu de la situation du peuple palestinien à l'occasion de la 77e commémoration de la Nakba.
Elle a indiqué que 957 000 Palestiniens avaient été déplacés sur une population de 1,4 million vivant dans environ 1 300 villages et villes palestiniens en 1948. Ces personnes ont été forcées de se réfugier en Cisjordanie, dans la bande de Gaza ou dans des pays arabes voisins. Par ailleurs, des milliers ont été déplacés en interne dans les territoires tombés sous le contrôle de l’occupation israélienne depuis 1948. L’occupation s’est emparée de 774 localités palestiniennes, dont 531 ont été complètement détruites. Le reste a été soumis aux lois et à l’autorité du nouvel État occupant. Cette opération de nettoyage ethnique a été accompagnée de plus de 70 massacres commis par les milices sionistes, entraînant la mort de plus de 15 000 Palestiniens.
Elle a souligné que l’occupation israélienne continue de commettre des crimes atroces contre le peuple palestinien, avec une intensité accrue depuis le début de l’agression contre Gaza et la Cisjordanie le 7 octobre 2023.
Une population multipliée par 10 en 77 ans:
En 1914, la population de la Palestine historique s’élevait à environ 690 000 personnes, dont seulement 8 % de Juifs. En 1948, elle dépassait les deux millions, avec environ 31,5 % de Juifs, en raison de vagues d'immigration : 225 000 entre 1932 et 1939, puis 93 000 autres entre 1940 et 1947, soit un total de près de 318 000 Juifs immigrés avant la création d'Israël. De 1948 à 2023, plus de 3,3 millions de Juifs ont immigré en Palestine.
Malgré le déplacement de 957 000 Palestiniens en 1948 et de plus de 200 000 autres après la guerre de juin 1967, la population de l’État de Palestine était estimée à 5,5 millions à la mi-2025 (3,4 millions en Cisjordanie, 2,1 millions à Gaza – en baisse de 10 % en raison de l’agression en cours). Selon les estimations, la population palestinienne mondiale atteint 15,2 millions en 2025, dont plus de la moitié (7,8 millions) vivent en dehors de la Palestine historique, tandis qu’environ 7,4 millions vivent sur le territoire historique, à égalité avec les 7,4 millions de Juifs vivant également dans cette zone selon les données israéliennes.
Plus de 154 000 martyrs palestiniens depuis 1948:
Depuis la Nakba jusqu’à aujourd’hui, plus de 154 000 Palestiniens et Arabes ont été tués, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Palestine. Depuis le début de la seconde Intifada en 2000 jusqu’au 8 mai 2025, environ 64 500 Palestiniens ont été tués, dont plus de 52 600 lors de l’agression israélienne contre Gaza depuis octobre 2023. Parmi eux : plus de 18 000 enfants, plus de 12 000 femmes et 211 journalistes. En outre, plus de 11 000 personnes sont portées disparues, et plus de 125 000 ont été blessées. En Cisjordanie, 964 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’agression en octobre 2023.
Près de deux millions de déplacés internes à Gaza:
Les habitants de Gaza ont été contraints de fuir leurs maisons à plusieurs reprises sous la menace de la guerre. Environ 2 millions de personnes sur les 2,2 millions que comptait la bande de Gaza avant l'agression ont été déplacées. Nombre d’entre elles vivent désormais dans des tentes ou des écoles, sans échapper pour autant aux bombardements.
Famine et soif dans Gaza assiégée:
Depuis le 2 mars, l’occupation israélienne impose un siège strict sur Gaza, mettant plus de 2 millions de Palestiniens en danger de famine, dont plus d’un million d’enfants. 57 enfants sont morts de faim et 65 000 personnes souffrent de malnutrition aiguë. Environ 335 000 enfants de moins de cinq ans sont en situation critique, en raison de la malnutrition sévère de leurs mères. Près de 92 % des nourrissons entre 6 mois et 2 ans ne reçoivent pas les besoins nutritionnels minimums requis.
L’approvisionnement en eau est tombé à 3–5 litres par jour et par personne, bien en dessous du seuil d’urgence fixé à 15 litres par l’OMS. Cela est dû à la destruction des infrastructures, à l’absence d’électricité et à l’interdiction d’acheminer carburant et pièces nécessaires.
Plus de 70 % des logements de Gaza inhabitables:
Depuis octobre 2023, plus de 68 900 bâtiments ont été détruits à Gaza et environ 110 000 endommagés. Cela représente plus de 330 000 unités d’habitation – soit plus de 70 % du parc résidentiel. À cela s’ajoutent plus de 500 écoles et universités, 828 hôpitaux, mosquées et 3 églises, ainsi que 224 bâtiments publics, des milliers d'entreprises et toute l'infrastructure de base (eau, routes, électricité, agriculture...).
En Cisjordanie, 651 bâtiments ont été démolis au premier trimestre 2025. Des centaines d’ordres de démolition ont été émis, et les destructions se poursuivent dans les camps de réfugiés.
Expansion continue des colonies israéliennes:
Fin 2024, 551 sites coloniaux et bases militaires étaient répertoriés en Cisjordanie, dont 151 colonies et 256 avant-postes. En 2024, plus de 13 000 nouvelles unités ont été approuvées. 770 420 colons vivent aujourd’hui en Cisjordanie, dont 336 304 dans le gouvernorat de Jérusalem (43,7 %), particulièrement dans la zone J1 annexée par Israël.
En moyenne, on compte 23,4 colons pour 100 Palestiniens, un chiffre atteignant 67,6 pour 100 dans Jérusalem.
Accaparement des terres et violence:
En 2024, Israël a saisi plus de 46 000 dounams de terres palestiniennes, sous diverses justifications (ordres militaires, expropriations, déclarations de « terres d’État », etc.).
Enfin, les forces israéliennes et les colons ont perpétré 16 612 agressions contre les Palestiniens en 2024, dont 4 538 contre des biens ou des lieux religieux, 11 330 contre des personnes. Plus de 14 200 arbres, dont 10 459 oliviers, ont été détruits. Les check-points et barrages (près de 900) restreignent sévèrement la liberté de circulation des Palestiniens.
H.A